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La France insoumise à l'assaut des municipales

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Malgré ses 71 députés, le mouvement de gauche radicale manque cruellement d'élus locaux: la plus grande ville qu'il dirige est celle de Faches-Thumesnil, dans la banlieue de Lille (18.000 habitants).

Cette semaine, Louis Boyard a annoncé sa candidature à la municipale partielle qui se tiendra à Villeneuve-Saint-Georges (35.000 habitants), dans le Val-de-Marne, fin janvier.

"Je veux montrer à la France ce qu'est une ville insoumise", a ainsi déclaré le député du Val-de-Marne à l'AFP.

Cette élection sera un véritable test pour LFI, à un an de l'échéance nationale. Sur le papier, la victoire n'est pas impossible à Villeneuve-Saint-Georges pour LFI, qui s'appuie dans les différentes élections sur ses bons scores dans les grandes villes et les quartiers populaires.

Dans cette commune, la plus pauvre du département, 61,2% des électeurs avaient voté pour Louis Boyard au second tour des dernières législatives. Un bon présage ?

De quoi en tous cas donner des idées aux Insoumis pour la suite.

"Il y a 31 villes avec plus de 10.000 électeurs où on fait plus de 40% des voix aux européennes (de juin 2024). Soixante-deux où on fait plus de 30% et 130 où on fait plus de 20%", énumère ainsi le coordinateur national du mouvement, Manuel Bompard.

Parmi les communes où les Insoumis font leurs meilleurs scores, l'Ile-de-France est sur-représentée: Argenteuil, Bondy, Sevran, Saint-Denis, Bobigny, Trappes...

La direction insoumise estime à une quinzaine le nombre de députés (sur 71) qui pourraient être candidats aux municipales.

A l'instar de Louis Boyard, d'autres parlementaires ont en effet fait part de leurs ambitions locales, comme David Guiraud à Roubaix, François Piquemal à Toulouse ou Nathalie Oziol à Montpellier.

A Marseille, Sébastien Delogu, député des quartiers Nord, ne fait pas non plus mystère de ses intentions.

Sur le terrain, l'ancien chauffeur de Jean-Luc Mélenchon "est le seul qui fait campagne aujourd'hui. Il est déterminé", note un influent élu local.
Pas de mandoline
Aux dernières municipales, les Insoumis n'avaient pas présenté de candidats, se contentant de soutenir des listes citoyennes, sans succès. Nourrissant au passage les critiques les dépeignant comme une force politique sans ancrage territorial, uniquement intéressée par l'élection présidentielle.

"Ces municipales on va les aborder différemment des dernières", promet le député Paul Vannier, responsable des élections du mouvement.

"Ça va être des élections importantes pour la pérennité de La France insoumise. C'est toujours utile de franchir la haie des élections locales", abonde Manuel Bompard.

Une implantation également importante dans la perspective des prochaines sénatoriales: les Insoumis ne comptent pour l'instant aucun représentant à la chambre haute, faute d'élus locaux.

Mais beaucoup de villes lorgnées par LFI sont déjà dirigées par la gauche, qui voit d'un mauvais oeil les velléités des troupes mélenchonistes.

Les socialistes, notamment, sont inquiets des alliances que les Insoumis pourraient envisager avec les Ecologistes.

Car le mouvement de gauche radicale, dont les relations nationales avec le partenaire socialiste sont très compliquées, ne se cache pas de viser les villes dirigées par les élus du parti à la rose hostiles à l'alliance avec LFI.

Ainsi à Marseille, "La France insoumise est très puissante et commence à agréger. La moitié des Verts du conseil municipal sont déjà avec Bompard et Delogu", note l'élu local.

"Vous croyez qu'on va attendre sous leur fenêtre en jouant de la mandoline ?", demandandait récemment Jean-Luc Mélenchon à propos des édiles parisien et marseillais Anne Hidalgo et Benoît Payan.

"Il y aura partout des listes insoumises. Prêtes ou pour l'union, ou pour être proposées au vote", prévenait-il. Comprendre: opposées aux listes de gauche sortantes si ces dernières ne font pas d'alliance avec LFI sur un programme de rupture.

"LFI et les Verts peuvent arriver à se mettre d'accord", reconnait un cadre socialiste.

"Mais nous sommes nous-mêmes dans des alliances avec les Verts dans les villes qu'ils dirigent. Et je ne suis pas certain que ces maires verts veuillent que leur direction attaque les municipalités PS", prévient-il.