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Vers un accord de "non-censure" ? Cette hypothèse qui refait surface après la chute de Michel Barnier

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Après l’expérience douloureuse du gouvernement Barnier, que le RN a décidé de renverser après l’avoir placé sous "surveillance", des responsables politiques du bloc central et de gauche réfléchissent à l’installation d’un gouvernement échappant à la tutelle de l’extrême droite grâce à un "accord de non-censure". Mais le périmètre et le contenu de cet accord divergent pour les uns et les autres, rendant très incertaine sa concrétisation.

L’hypothèse a été mise sur la table par l’ancien Premier ministre Gabriel Attal lors d’une rencontre avec des journalistes mardi. Le président du principal groupe macroniste à l’Assemblée a évoqué "une forme d’accord de non-censure" allant de LR au PS, qui permette au gouvernement de ne plus être "l’otage" du RN. Ce gouvernement dont la composition serait "négociée avec les différents groupes", et où chacun serait représenté, aurait vocation à mettre en œuvre "trois ou quatre points maximum programmatiques, qui ne sont pas des grands chambardements, qui permettent à un gouvernement de tenir sans être renversé peut-être jusqu’à l’été", a détaillé Gabriel Attal.

Dans l’hémicycle, lors de la séance d’examen des motions de censure contre Michel Barnier, Gabriel Attal a clairement tendu la main aux socialistes, les invitant à se "ressaisir". "Affranchissez-vous" de "l’extrême gauche", leur a-t-il lancé, en fustigeant "le camp du désordre des lepénistes et des mélenchonistes". Le député des Hauts-de-Seine, artisan déterminé du front républicain dans l’entre-deux-tours des législatives, croit déceler une évolution de la position des socialistes depuis cet été, les pensant plus enclins à se détacher des autres forces du Nouveau Front populaire, LFI en tête.

Un ancien ministre macroniste estime aussi que "la poutre travaille à gauche". Il imagine un "pacte de coalition de courte durée" incluant le PS, d’environ six mois avec "un nombre limité d’objets" jusqu’à une possible dissolution. Le député Pieyre-Alexandre Anglade (Renaissance) a lui espéré, après la censure de Michel Barnier, que le "front républicain" de juillet trouve "une suite, un écho à l’Assemblée".

"Gabriel Attal rêve debout"

Le chef des députés socialistes, Boris Vallaud, avait dit la semaine dernière vouloir proposer à tous les partis, à l’exception du RN, "de poser la question des conditions d’une non-censure" si le gouvernement Barnier venait à être renversé. Dans son discours à l’Assemblée, il a de nouveau évoqué un "accord de non-censure" entre les forces républicaines, qui permette aux macronistes de rompre avec un "gouvernement de connivence avec l’extrême droite".

Une source au sein du groupe socialiste souligne cependant les divergences entre la vision de Gabriel Attal et celle des socialistes. Ce que le PS propose, "c’est un gouvernement de gauche, avec un Premier ministre de gauche, qui mène une politique de gauche, et qui négocie texte par texte avec le bloc central dans un accord de non-censure […] Ce n’est pas du tout une grande coalition ou un gouvernement d’union nationale" tel que le suggère Gabriel Attal, détaille cette source. "Gabriel Attal rêve debout", balaye un cadre du PS.

Au cours d’une conférence de presse, les écologistes ont pour leur part proposé mercredi une "feuille de route" programmatique autour de onze priorités, s’engageant si un ministre de gauche était nommé à Matignon à ne pas utiliser l’arme constitutionnelle du 49.3. Sur une ligne un peu différente, le sénateur EELV Yannick Jadot a plaidé pour un gouvernement dirigé par la gauche mais incluant "des ministres issus du bloc central", au nom d’un "pacte républicain transitoire".

Mais rien n’assure que les députés LR s’associeraient à un projet de coalition élargie au PS. "Notre engagement en septembre ne valait que pour Michel Barnier", a dit le chef de file de LR, Laurent Wauquiez, devant les députés de son groupe mardi. Dans l’hémicycle, il a semblé tourné bien plus ses regards vers l’extrême droite que vers la gauche, invitant Marine Le Pen et les siens à se "ressaisir" alors qu’ils s’apprêtaient à voter avec "ceux qui traitent les policiers d’assassins" - visant les Insoumis.