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Un lecteur plein de panache

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Dans À rebrousse-pages, François Jonquères réunit une cinquantaine de chroniques qu’il qualifie, modeste, « d’inutiles ». Il n’empêche qu’elles sont d’une exquise pertinence.


De beaux hommages littéraires

Écrivain (on lui doit notamment le palpitant roman La Révolution vagabonde, éd. Glyphe, 2023, et le savoureux essai Je ne veux jamais l’oublier, consacré à l’inoubliable Michel Déon, éd. Nouvelles lectures, 2010), critique littéraire, François Jonquères est aussi un lecteur boulimique au goût sûr et adepte d’une liberté singulière. Il se moque des considérations politiques, religieuses, sociales et philosophiques pour ne s’attarder que sur la valeur intrinsèque du texte et de l’œuvre littéraire. En ces époques d’intolérance totale, où l’on fait des procès imbéciles, incultes et ignares à Sylvain Tesson, on est en droit de dire qu’il a totalement raison. Titulaire d’un nez digne des plus illustres parfumeurs, il a l’art de cueillir le meilleur dans le vaste jardin d’ornement de la littérature. Qu’on en juge : il rend ici notamment hommage (dans le désordre et sans chronologie) à Marcel Aymé, Roger Nimier, Kléber Haedens, Antoine Blondin, Alexandre Dumas, Jean Dutourd, Frédéric Vitoux, Jean Giono, Jacques Laurent, Félicien Marceau, François Bott, François Cérésa, Roland Laudenbach, Denis Tillinac, etc.

Un passeur

 « Ces chroniques ont été écrites pour donner envie de lire, pour signaler aux derniers lecteurs, curieux et gourmands, des pépites dont la lecture embellira leurs nuits et leurs jours », explique François Jonquères quand on lui demande pourquoi a-t-il eu envie de réunir ces textes. « On m’interroge souvent sur les bons livres à découvrir. Certaines devantures proposent, il faut bien vivre, des ouvrages qui mériteraient plutôt une place en pharmacie, aux rayons des vomitifs ou des insomnies chroniques. La vraie littérature existe encore. Il faut aller vers elle, comme on cherche le Graal. Je suis, comme d’autres, un passeur, le sage au coin du feu qui transmet les traditions orales, l’essence d’une civilisation. » Et lorsqu’on lui fait remarquer qu’il a accordé une place importante aux Hussards, il confirme : « J’aime leur panache, leur style, leur drôlerie, leur impertinence, leur fidélité à une certaine idée de la France. Ils nous apprennent la liberté, l’indépendance, le courage même. Les Hussards, ce sont les Trois mousquetaires faits écrivains. L’art est, avant tout, source de bonheur, de plaisir. C’est une aventure humaine sans cesse renouvelée. N’y mêlons pas la politique, le sectarisme, la bêtise humaine. La littérature engagée est comme la musique militaire, le qualificatif tue sa beauté. » Difficile de ne pas être d’accord avec tant de bon sens.

À Rebrousse-Pages, chroniques inutiles, François Jonquères ; La Thébaïde, coll. Au Marbre, 2024. 190 pages

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