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Ноябрь
2024

Vendée Globe 2024 : Sébastien Simon, un marin revenu de loin

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Auteur d'une très belle entame de Vendée Globe, Sebastien Simon a pourtant bien failli ne pas en être, de cette incroyable aventure humaine et technologique. Gravement blessé sur le Retour à la Base, la course qualificative post Jacques Vabre 2023, sa préparation pour le prochain tour du monde en solitaire est alors fortement compromise. Retour sur l'histoire d'un marin revenu de loin... Conviés en juin dernier à participer à la parade de la Transat CIC à bord de Groupe Dubreuil, l’IMOCA de Sébastien Simon, nous en avions profité pour en savoir un peu plus sur son projet Vendée Globe 2024, objectif majeur dans la carrière de cet ancien vainqueur de la Solitaire du Figaro. L’occasion aussi de faire le tour de cet IMOCA (l’ex-11h Hour Racing Team de l’Américain Charlie Enright, vainqueur de The Ocean Race) à quelques mois du grand départ des Sables d’Olonne et de revenir sur cet enchaînement d’accidents survenus lors du Retour à la Base de novembre 2023. Pour sa première transat en solitaire depuis le rachat de cet IMOCA en 2023 et alors qu’il naviguait en 4e position dans des conditions musclées, un arrêt-buffet le projette violemment à l’intérieur du bateau. [caption id="attachment_191376" align="aligncenter" width="500"] Bien protégé, le skipper de Groupe Dubreuil a mis le paquet pour « foiler » en toute sécurité. © Team Groupe Dubreuil[/caption]

Sébastien perd connaissance

Résultat : une grosse blessure à la tête accompagnée d’une commotion cérébrale qui va entraîner une perte de connaissance, à l’image de ce qui était arrivé à Charlie Dalin quelques mois plus tôt sur The Ocean Race. Pendant quelques heures, Sébastien Simon gît, inconscient, dans sa bannette, puis se réveille sans souvenir précis de ce qui vient de se passer. Il se recoud lui-même la tête avec l’agrafeuse trouvée dans la boîte à pharmacie du bord. Puis le médecin de la course décide de dérouter Groupe Dubreuil vers l’île de Flores, aux Açores. Au moment de démarrer son moteur pour charger les batteries, il se rend compte que celui-ci ne répond plus. Puis c’est au tour de l’hydrogénérateur de s’arracher de son support… Privé de ses batteries, Sébastien Simon doit finir sa navigation jusqu’aux Açores en aveugle, sans GPS, sans communication (à l’exception de son téléphone Iridium de secours) ni instruments, ni de quoi produire de l’eau douce. Après avoir réparé son démarreur au mouillage, le skipper de Groupe Dubreuil reprend la mer, décidé à couper la ligne d’arrivée à Lorient avant sa fermeture. Mais à 5 milles de l’arrivée, lors du dernier empannage, le mât s’écroule sur le pont. Encore une fois, le Sablais ne demande pas assistance, sécurise son bateau alors que le mât tape contre la coque puis réalise un gréement de fortune et, exténué, termine enfin cette course décidément maudite… Quelques jours plus tard suite à un examen médical, il apprend que son choc à la tête a, en fait, engendré une fracture des cervicales qui aurait pu avoir de graves conséquences. Arrêté pendant trois mois, il reprend la compétition sur la Transat CIC où il se classe 10e puis enchaîne sur une prometteuse 4e place lors de la New-York- Vendée. Cette longue pause hivernale a, en effet, été mise à profit par l’équipe technique pour améliorer l’IMOCA et surtout éviter à son skipper de revivre pareille expérience sur le Vendée Globe. Sans surprise, l’ergonomie et la sécurité du marin ont été au coeur de la « job list ». On retrouve désormais des sièges moulés sur mesure montés sur amortisseurs dans le cockpit et à la table à cartes, l’idée étant de limiter la violence des chocs verticaux et autoriser un relâchement du corps. Une vraie bannette de sommeil sur cardan a aussi été installée à l’intérieur de la cellule de vie recouverte d’un matelas façon pouf à billes et une barre à l’extrémité pour caler les pieds en cas de décélération brutale. Enfin, des filets de pêche en Dyneema divisent désormais la cellule de vie pour réduire la « distance d’envol » lors des arrêts-buffets. Ils sont quand même un peu fous ces marins !

La fiche Skipper

Sébastien Simon, l'excellence du Figaro en Imoca

[caption id="attachment_191378" align="aligncenter" width="500"] Sebastien SImon © Jean-Louis Carli[/caption] Cet ingénieur en composite s’est très vite tourné vers le 470 à bord duquel il a fi ni 3e du championnat du Monde en 2013. La même année, il remporte le Challenge Espoir Bretagne-CMB, ce qui lui permet de faire son entrée sur le circuit Figaro. En cinq saisons, il s’y affirme comme l’un des meilleurs de cette classe très compétitive avant de remporter la Solitaire en 2018. Avec le soutien de ses partenaires, Arkéa et Paprec, Sébastien Simon décide de participer au Vendée Globe 2020 et se fait construire un nouveau bateau dessiné par Juan Kouyoumdjian. Mais alors qu’il naviguait en 4e position, il est contraint d’abandonner la course après avoir heurté un OFNI au large du cap de Bonne-Espérance. Après un passage sur The Ocean Race à bord de Guyot Environnement, il achète, avec l’aide de son nouveau partenaire Groupe Dubreuil, 11h Hour racing Team, le vainqueur de l’épreuve.

POINTS FORTS

  • Maîtrise du solitaire par le skipper
  • IMOCA vainqueur de The Ocean Race

POINTS FAIBLES

  • Souvenirs douloureux du Retour à la Base
  • IMOCA exigeant physiquement

GROUPE DUBREUIL - Guillaume Verdier – 2021

[caption id="attachment_191377" align="aligncenter" width="500"] Groupe Dubreuil : Ce plan Verdier de 2021 a déjà un tour du monde victorieux dans le sillage © Team Groupe Dubreuil[/caption] Cet IMOCA américain mis à l’eau l’été 2021 est le premier bateau véritablement conçu pour disputer The Ocean Race en 2023. L’un des objectifs de Guillaume Verdier a été de concevoir un bateau polyvalent et homogène pouvant à la fois régater en équipage, en double et en solitaire, « sans trous dans les polaires », et avec un rouf aérodynamique et fermé. Très performant et fiable sur le tour du monde en équipage – il remporte la compétition – il passe ensuite aux mains de Sébastien Simon qui l’étrenne sur la Transat Jacques Vabre. Après son accident sur la transat retour, le Sablais lui apporte de réelles améliorations en termes d’ergonomie.

Notre Interview en vidéo :

Vendée Globe 2024 : La cartographie et le classement de la course en live