Syrie: les jihadistes avancent vers Alep, bombardée, plus de 240 morts
L'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) a fait état d'une cinquantaine de localités conquises par les jihadistes lors de leur avancée fulgurante, ajoutant que les combats avaient fait au moins 242 morts depuis mercredi.
Un responsable de la sécurité a indiqué que l'armée syrienne avait "envoyé des renforts" à Alep mais assuré que les assaillants "ne sont pas parvenus aux limites de la cité".
Le groupe Hayat Tahrir al-Sham (HTS) et des formations alliées, certaines proches de la Turquie, ont lancé cette offensive mercredi contre les forces gouvernementales.
L'OSDH, une ONG basée au Royaume-Uni qui dispose d'un vaste réseau de sources en Syrie, a fait état vendredi de 24 civils tués, dont 19 dans des frappes de l'aviation russe, alliée du régime, sur les zones rebelles.
Il s'agit des plus violents affrontements depuis 2020 dans le nord-ouest de la Syrie, où la province d'Alep, en grande partie aux mains du régime de Bachar al-Assad, jouxte le dernier grand bastion rebelle et jihadiste d'Idleb.
Les combattants de HTS et ses alliés sont parvenus vendredi matin aux abords d'Alep, la deuxième ville de Syrie.
Un correspondant de l'AFP se trouvant du côté des rebelles a fait état d'intenses combats aux environs de la grande ville du nord de la Syrie.
"Panique"
"Ils se trouvent à près de deux kilomètres de la ville d'Alep", a affirmé à l'AFP Rami Abdel Rahmane, le directeur de l'OSDH.
Ils ont bombardé pour la première fois depuis quatre ans la grande ville, visant la cité universitaire où quatre civils ont été tués, selon l'agence officielle Sana.
"Des obus d'artillerie ont visé une résidence universitaire" à Alep, "provoquant la panique", a indiqué l'OSDH.
"Il est étrange de voir les forces du régime recevoir de tels coups malgré la couverture aérienne russe (...) Les forces du régime étaient-elles dépendantes du Hezbollah, qui est actuellement occupé au Liban ?", s'est demandé Rami Abdel Rahmane, en référence à la récente guerre entre Israël et le mouvement libanais, allié de Damas.
Un général des Gardiens de la Révolution, l'armée idéologique de l'Iran, a été tué jeudi dans les combats, a rapporté une agence de presse iranienne.
L'Iran est un autre allié indéfectible de la Syrie, un pays dans lequel Téhéran s'est engagé militairement avec l'envoi de conseillers, à la demande des autorités locales, pour soutenir le président Assad durant la guerre civile syrienne.
A la faveur de cette guerre, débutée en 2011, HTS, dominé par l'ex-branche syrienne d'Al-Qaïda, a pris le contrôle de pans entiers de la province d'Idleb, mais aussi des territoires voisins dans les régions d'Alep, Hama et Lattaquié.
Les jihadistes et leurs alliés ont coupé jeudi la route vitale reliant la capitale Damas à Alep, selon l'OSDH. Ils ont également pris le contrôle de l'intersection de la route entre Alep et la ville côtière de Lattaquié, d'après la même source.
Exode
L'aviation russe a intensifié ses frappes aériennes, selon cette source.
Dans une conférence de presse, le chef du "gouvernement" autoproclamé à Idleb, Mohammad al-Bachir, a affirmé jeudi que l'offensive avait été lancée car le régime avait "commencé à bombarder les zones civiles, ce qui a provoqué l'exode de dizaines de milliers de civils".
Le Bureau des affaires humanitaires de l'ONU (Ocha) a indiqué que "plus de 14.000 personnes, dont près de la moitié sont des enfants, ont été déplacées" par les violences.
L'analyste Nick Heras, du New Lines Institute for Strategy and Policy, estime que les rebelles "ont tenté d'anticiper la possibilité d'une campagne militaire syrienne dans la région d'Alep, que préparaient les frappes aériennes des gouvernements russe et syrien".
Le nord de la Syrie bénéficiait ces dernières années d'un calme précaire rendu possible par un cessez-le-feu instauré après une offensive du régime en mars 2020.
La trêve a été parrainée par Moscou avec la Turquie, qui soutient certains groupes rebelles syriens à sa frontière.
Le régime syrien a repris le contrôle d'une grande partie du pays avec l'appui de ses alliés russes et iraniens depuis le déclenchement, en 2011, du conflit qui a fait plus d'un demi-million de morts et déplacé des millions de personnes.