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Trois bonnes raisons de changer le mode de fonctionnement des retraites du privé

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On dit souvent que les Français n’aiment pas le système de retraite par capitalisation. Ce système présente cependant trois avantages déterminants qui pourraient permettre de s’affranchir du terrible problème de l’augmentation du nombre des retraités. En réalité, ce sont les hommes de l’État qui trouvent des avantages dans le système par répartition et qui font tout pour le garder malgré ses inconvénients.

Ne trouvez-vous pas assez étrange que la France soit le seul pays du monde dont les habitants refusent avec une certaine obstination de décaler l’âge de départ à la retraite pour tenir compte de l’allongement régulier de la durée de la vie ?

Il serait probablement utile d’exposer clairement le problème démographique tel qu’il se pose aux Français, et de proposer des solutions qui s’adaptent aux besoins et aux moyens du plus grand nombre. C’est ce que je vais tenter de faire, en survolant, toutefois le problème démographique que des spécialistes bien plus qualifiés que moi pourront expliquer clairement, et en me concentrant plutôt sur trois raisons fondamentales de mon point de vue qui doivent pousser les Français à adopter un système de retraite différent de celui actuellement utilisé.

Le problème qui se pose

La France a repris, après la Libération, et sous la forme d’une ordonnance signée par le Général De Gaulle un système de retraite institué en 1941, dit « par répartition » qui consiste à distribuer aux salariés ayant atteint l’âge de la retraite une pension mensuelle calculée sur la base de leur parcours salarial, et provenant directement de prélèvements effectués sur le salaire des actifs.

Autrement dit, l’argent prélevé sur les salaires est immédiatement redistribué aux pensionnés. Ainsi, il n’y a pas, comme certains voudraient le croire, de relation directe entre la masse d’argent prélevée tout au long de leur carrière au titre de la retraite, et le montant de leur pension lorsqu’ils sont à la retraite.

Et c’est là l’origine du problème. Comme il n’y a pas de relation directe entre mes cotisations et ma retraite puisque ce n’est pas le même argent, mais qu’en même temps il y a une sujétion directe et mathématique entre le montant des cotisations, le montant des retraites versées, et le rapport entre le nombre de cotisants et le nombre des retraités qu’on peut appeler « R », la valeur de R devient primordiale. Et lorsque ce R devient trop petit, il faut nécessairement changer de système, sinon la charge des cotisations risque de devenir insupportable pour les cotisants, et le montant individuel de chaque retraite de devenir ridiculement bas. C’est la conséquence inéluctable du système par répartition.

 Premier avantage de changer

Idéalement, il faudrait, bien sûr, que le lien entre le total de mes cotisations et le niveau de ma retraite soit préservé. Or, il est facile de constater que la répartition ne respecte pas ce principe.

Il existe heureusement une solution simple à ce problème. Pour cela, il suffit d’individualiser le compte retraite de chacun : l’argent cotisé acquiert à partir de cet instant une qualité très intéressante : il m’appartient, mais je n’en ai pas besoin aujourd’hui, mais seulement dans (très) longtemps, au moment de ma retraite (disons, en moyenne, dans un peu plus d’une vingtaine d’années). Je peux donc entre temps le prêter à des personnes qui en ont un besoin immédiatement pour acheter leur maison ou pour construire une usine, ou encore à des gouvernements qui doivent boucler leur budget.

L’individualisation de la retraite a pour effet immédiat de supprimer le problème de l’évolution défavorable de la démographie, dont souffrent les pays occidentaux. En effet, L’argent cotisé comptabilisé dans le compte du cotisant se retrouve intégralement dans celui-ci au moment de sa retraite, majoré des intérêts, et ce, quelle qu’ait été l’évolution de la démographie pendant la durée de la cotisation. Cet avantage devrait, à lui seul, inciter à basculer au plus vite dans ce nouveau système de retraite, et c’est ce qu’ont bien compris l’ensemble des pays européens qui nous entourent.

Deuxième raison

Le principal problème à résoudre est d’ordre sémantique mais ce sont, parait-il les problèmes les plus difficiles à résoudre en France. En effet, le système décrit au paragraphe précédent s’appelle « système par capitalisation », mot qu’il ne faut jamais employer depuis la parution du célèbre ouvrage de Karl Marx décrivant l’horreur d’un système qui a pourtant fait la fortune au sens littéral du terme d’une bonne partie des peuples de la planète.

Au lieu de redistribuer immédiatement le montant des cotisations de retraites, le système en question place ce montant en prêts à intérêt pendant toute la durée de la cotisation (disons 20 ans+ en moyenne) ce qui lui permet d’atteindre des valeurs intéressantes. Protégé par la mutualisation et par la diversification des placements, le rendement est en effet de l’ordre de 5 %, déduction faite de l’inflation et des frais annexes. Ce rendement permet de tripler le montant initial en 23 ans, ce qui fait que le montant total distribué est en moyenne trois fois le montant distribué dans le cas du système par répartition. Nul doute que dans le nouveau système, on peut envisager soit de réduire les cotisations, soit d’augmenter les retraites, et pourquoi pas de faire les deux ?

Troisième raison

J’ai été frappé, au moment de la discussion bruyante de la réforme des retraites voulue et mise en place par M. Macron, par quelques affirmations sans cesse répétées en boucle : le système par répartition était « plébiscité par les Français », « l’enfant du Conseil de la Résistance », « l’expression de la solidarité intergénérationnelle ». Toutes les qualités étaient attribuées au système par répartition, et par effet de vases communicants, tous les défauts étaient mis sur le compte du système par capitalisation.

Je voudrais attirer l’attention du lecteur sur le fait que la mutualisation, c’est-à-dire la mise en commun des pertes et des gains, porte sur des sommes considérables qui possèdent un caractère indubitablement durable, puisque alimentant le pot commun régulièrement et indéfiniment. Cette durabilité attire inévitablement les organisations perpétuellement à la recherche d’argent frais, comme les États.  Ce simple fait explique à lui tout seul pourquoi notre État tient tant à conserver ce système : le pouvoir qu’il en tire est énorme, ne serait-ce que par les sommes gigantesques qu’il permet de manipuler.

Ne cherchons pas ailleurs les raisons de l’aura dont bénéficie le système par répartition : ce sont les hommes de l’État qui l’ont établie et qui l’entretiennent. En réalité, le système par répartition est un très mauvais système qu’il n’est tout simplement pas possible de continuer à utiliser dans l’état actuel de l’évolution de la démographie sans aboutir à un déficit tout simplement insoutenable, alors que le système par capitalisation est complètement insensible à cette évolution.

Conclusion

En définitive, le seul problème à résoudre (mais il est de taille) c’est celui de passer du système actuel à un système fondé sur la capitalisation. Il faut en effet emprunter beaucoup d’argent et placer le changement sur un temps long (une génération ?) pour réussir cette transition en douceur. Malheureusement, tous les Gouvernements depuis quelque 50 ans ont réussi la performance effrayante de placer tous les budgets successifs en déficit important (de l’ordre du tiers des dépenses sont financées par ce déficit), ce qui a provoqué un trou à rembourser de l’ordre de 3 000 milliards d’euros, soit environ 45 000 euros par Français.

Par ailleurs, le temps le plus long, pour un politique, c’est une durée de mandat. Peut-être deux si on est optimiste…

Enfin, le problème des retraites a été tellement mal expliqué aux Français que certains s’imaginent encore qu’il est possible avec le système de répartition actuel de tous partir comme les agents de l’EDF ou les conducteurs de métro à moins de soixante ans et avec conservation du dernier salaire. Il y aura beaucoup de travail pour rétablir une perception plus exacte de la réalité…