Femmes afghanes: près de 160 sénateurs dénoncent un "apartheid de genre"
"Déjà privées de visage, les femmes afghanes se retrouvent sans voix au chapitre, sans voix tout court", s'indignent 158 sénateurs dans une tribune transpartisane transmise à l'AFP.
Les élus de la chambre haute fustigent notamment la décision attribuée au régime afghan par des articles de la presse afghane en exil et des médias internationaux, d'interdire aux femmes afghanes de "s'exprimer à voix haute en présence d'autres femmes". Une décision que démentent les autorités talibanes en Afghanistan.
"Les talibans instaurent, sous nos yeux, le premier apartheid de genre de l'histoire moderne de l'humanité", insistent les parlementaires, dans une initiative portée par la sénatrice centriste Dominique Vérien, présidente de la délégation aux droits des femmes.
Ces élus de tous les groupes politiques du Sénat appellent l'ONU à "ne légitimer en aucune façon un système d'oppression institutionnalisé" visant à "l'effacement des femmes". Ils demandent enfin aux partenaires européens de la France de "reconnaître que ces persécutions constituent un crime contre l'humanité fondé sur le genre".
L'ONU accuse également les talibans d'avoir instauré un "apartheid de genre" depuis leur retour au pouvoir en 2021, en chassant progressivement les femmes de l'espace public.
Actuellement, les Afghanes ne peuvent plus étudier au-delà du primaire, aller dans les parcs, les salles de sports, les salons de beauté, ni quasiment sortir de chez elles sans chaperon.
Une récente loi leur interdit de chanter ou de déclamer de la poésie, en vertu, comme les autres directives, d'une application ultra-rigoriste de la loi islamique. Elle les incite aussi à "voiler" leur voix et leurs corps hors de chez elles.