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Au Bangladesh, des mains artificielles pour les mutilés de la "révolution"

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Hafeez Mohammad Hossain a 19 ans. Le 5 août dernier, cet étudiant était dans les rues de Dacca lorsque le palais de l'ex-Première ministre a été envahi par la foule, la contraignant à fuir en hélicoptère pour l'Inde voisine.

En plein chaos, un policier l'a visé avec son fusil à pompe et lui a criblé la main droite de plombs, raconte le jeune homme. Les chirurgiens n'ont pas réussi à la sauver.

"Je ne peux plus écrire", se désespère Hafeez, "et maintenant j'ai du mal à apprendre à le faire avec ma main gauche".

Ce jeudi, il s'est fait poser une prothèse, comme quatre autres étudiants blessés lors des manifestations sévèrement réprimées par le régime autocratique déchu.

Selon un bilan provisoire dressé par l'ONU juste après les troubles, au moins 700 personnes ont été tuées et des milliers d'autres blessées.

Sheikh Hasina, 77 ans, a régné d'une main de fer sur le Bangladesh (1996-2001 puis 2009-2024). Elle est accusée d'avoir fait exécuter, enlever ou emprisonner des centaines de ses adversaires politiques.

"Peut-être qu'un jour je pourrai à nouveau accomplir certaines tâches quotidiennes avec ma main artificielle", veut aujourd'hui croire Hafeez.
"La tenir dans mes bras"
L'entreprise qui les fabrique, Robolife Technologies, explique que des capteurs reliés aux nerfs du patient lui permettent d'effectuer des mouvements simples, attraper des objets ou téléphoner.

"Si vous me demandez si elles fonctionnent comme des mains humaines, je vous répondrais non", concède Antu Karim, un des responsables de l'entreprise.

"Mais ces mains permettent à ces garçons de tenir un verre quand ils ont soif ou une cuillère pour manger", ajoute-t-il. "Au moins on ne les regardera pas comme s'ils étaient démembrés."

Livrés à eux-mêmes, les mutilés de la "révolution" ont manifesté plus tôt ce mois-ci pour exiger une aide.

Le gouvernement provisoire dirigé par le prix Nobel de la paix Muhammad Yunus a apporté son soutien à Robolife et un groupe privé, Babylon, et accepté de payer le coût de la prothèse, de 100.000 à 150.000 takas (de 8.000 à 12.000 euros).

Le programme a redonné un peu d'espoir aux cinq premiers bénéficiaires, qui devraient être suivis par d'autres, ont promis les autorités.

Mohammad Mamun Mia, 32 ans, a perdu sa main lors d'une attaque, affirme-t-il, de militants du parti de l'ex-cheffe du gouvernement.

Son nouveau bras est loin d'être parfait mais il s'en satisfait. "Je vais pouvoir refaire des choses", dit-il. Il ne va pas pouvoir reprendre le volant de son tracteur mais qu'importe, il compte désormais ouvrir un commerce.

Quant à Nayeem Hasan, il a hâte de pouvoir refaire au plus vite ce geste dont il pensait être privé le reste de sa vie. "J'ai une petite fille d'un an et elle veut que je la prenne dans mes bras."