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Céréales : la France a-t-elle «perdu» le marché algérien ?

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La crise diplomatique entre la France et l’Algérie, provoquée fin juillet dernier par la reconnaissance par Emmanuel Macron de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental aurait largement impacté le commerce des céréales entre Paris et Alger, à en croire la presse algérienne.

«La France a perdu le marché algérien du blé tendre», écrit dans ce sens le quotidien Al Watan le 21 novembre, citant des responsables de l’Établissement public français des produits de l’agriculture et de la mer, FranceAgriMer.

Il y a quelques semaines, «un appel d’offres n’a pas été envoyé aux opérateurs français», a noté Benoît Piètrement, président du conseil spécialisé «grandes cultures» de FranceAgriMer, cité par le journal. Selon lui, «des raisons diplomatiques font que les relations avec l’Algérie sont plus que compliquées».

 «Pour des raisons indépendantes de tout ce qui concerne les céréales, les relations diplomatiques avec la France sont compliquées (…). Voilà, on a perdu ce marché…», regrette le représentant de FranceAgriMer, pour qui, il y a nécessité de se positionner sur d’autres marchés de la région, tout en restant optimiste sur la reprise des ventes de céréales à l’Algérie.

«Il faut voir dans le temps : il y a quelques années, c’était compliqué pour d’autres raisons avec le Maroc, et les relations sont redevenues très bonnes… Il ne faut certainement pas lâcher », a-t-il notamment déclaré.

Potentielle escalade ?

Début octobre, l’Algérie avait en effet exclu le blé français d’un important appel d’offres qu’elle venait de lancer pour l’acquisition de 500 000 tonnes de céréales, alimentant les spéculations autour d’une potentielle escalade de mesures restrictives au commerce avec la France.

Le 7 novembre, le gouvernement algérien avait démenti «catégoriquement» les informations «erronées» et «totalement infondées» selon lesquelles Alger aurait suspendu toute relation commerciale avec Paris dans un contexte de crise diplomatique entre les deux pays.

La veille, l’ancien ambassadeur de France à Alger, Xavier Driencourt, avait allégué que les banques algériennes avaient suspendu le traitement des domiciliations d’importation en provenance de France ainsi que les opérations d’export vers ce pays.

L’incident intervient alors que la reconnaissance par Emmanuel Macron de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental le 30 juillet dernier avait provoqué une crise diplomatique d’ampleur entre Paris et Alger, dont les relations sont déjà tendues.

L’Algérie avait retiré dans la foulée son ambassadeur en France «avec effet immédiat» et le chef d’État Abdelmadjid Tebboune avait rejeté l’idée d’une visite en France, pourtant «attendue cet automne» selon l'Élysée.

Chute «spectaculaire»

Avant même le début de cette dernière crise, les exportations de blé français vers l’Algérie ont baissé de manière significative ces dernières années, sur fond de refroidissements réguliers dans les relations entre les deux pays.

En mars dernier, les médias algériens et français avaient largement relayé un rapport des Douanes françaises faisant état d’une chute «spectaculaire» des exportations françaises de céréales vers l’Algérie en 2023.

«Principale composante du poste agricole depuis 2003, les céréales ont notamment vu leurs ventes reculer de 80%, passant de 834 millions d’euros en 2022 à 166 millions d’euros en 2023», notait le rapport, soulignant que ce marché était un «secteur traditionnellement important des ventes françaises».

La même source soulignait que cette trajectoire s’expliquait par «l’entrée sur le marché des blés de la mer Noire, russes en particulier, à la suite d’une modification fin 2021 du cadre normatif et technique régissant les importations de l’acheteur public (OAIC, ndlr) disposant du monopole des achats de blé».

Entre juillet 2023 et janvier 2024, l’Algérie a importé 1,6 million de tonnes de blé de Russie, selon le site Algérie Éco. «La Russie s’est hissée au rang de premier fournisseur de blé pour l’Algérie», s’est félicité Rusagrotrans, le principal transitaire agricole russe, le 12 février dernier.