Nouvelle-Calédonie: les loyalistes défendent une "fédération territoriale"
La Nouvelle-Calédonie a été meurtrie par six mois de tensions insurrectionnelles qui ont coûté la vie à 13 personnes et fait des milliards d'euros de dégâts.
Cet épisode a coïncidé avec l'adoption par l'Assemblée nationale d'un projet de réforme constitutionnelle, aujourd'hui abandonnée, à laquelle les indépendantistes étaient farouchement opposés.
Dans la foulée de la visite des présidents des deux chambres du Parlement sur l'archipel en novembre, les loyalistes, regroupant plusieurs partis non indépendantistes radicaux, ont tenu à "clarifier leur position" avant la reprise des discussions, a précisé Sonia Backès, la cheffe de file de cette coalition qui prévoit de fusionner en début d'année 2025, "avec un nom et un projet dessiné clairement".
Le parti portera cette idée de "fédération territoriale" qu'avait formulé Dick Ukeiwé en janvier 1985 dans un discours prononcé devant le Sénat où siégeait ce proche du leader loyaliste Jacques Lafleur, qui signera en 1988 avec l'indépendantiste kanak Jean-Marie Tjibaou les accords de Matignon.
"Ses principes sont au nombre de trois: le maintien de la Nouvelle-Calédonie dans l'ensemble français, l'unité du territoire et la reconnaissance de la diversité et la personnalité de toutes les parties du territoire", a détaillé Marie-Laure Ukeiwé, fille de Dick Ukeiwé et militante loyaliste.
Pour Nicolas Metzdorf, député de la première circonscription, cette vision correspond aux accords de Matignon-Oudinot qui s'inscrivaient dans la "volonté de prendre en compte la diversité de la Nouvelle-Calédonie et sa population".
"Il y a deux légitimités, il faut que chacune puisse exercer le pouvoir et donc appliquer ses règles à travers des politiques publiques dans son espace géographique", a ajouté M. Metzdorf.
Le parti non-indépendantiste modéré "Calédonie ensemble" a réagi dans un communiqué en disant ne soutenir "aucun projet de +fédération territoriale+". D'après lui, le "consensus à construire" doit "concilier les aspirations à la souveraineté externe (...) sans remettre en cause le lien avec la France, et l'ambition d'une souveraineté interne plus affirmée (...) sans porter atteinte à l'unité du pays".
Aucun calendrier ni modalité n'ont encore été définis pour la reprise des négociations.
L'Union calédonienne, principal parti indépendantiste, a toutefois précisé qu'il ne pourrait s'engager à reprendre le dialogue qu'après la tenue de son congrès, de vendredi à dimanche, et celui du FLNKS, dont la date n'est pas encore fixée.