Le président de l'Abkhazie a rejeté la demande de démission de l'opposition
Le président de l'Abkhazie, pays reconnu par la Russie situé dans le Caucase, Aslan Bjania, a refusé de démissionner malgré les demandes de l'opposition et a quitté la capitale, Soukhoumi. Les forces d'opposition ont exigé des élections présidentielles anticipées et annoncé leur intention de renforcer leur présence dans le complexe gouvernemental occupé.
Précédemment, le président abkhaze avait retiré du Parlement un projet de loi sur la ratification d'un accord avec la Russie concernant la réalisation de projets d'investissement par des entités juridiques russes. Un projet contre lequel l'opposition s'était prononcée.
La position d'Aslan Bjania est claire : s'adressant à ses partisans, il a réaffirmé son refus de quitter son poste malgré les troubles au sein du complexe gouvernemental de Soukhoumi. «Je reste en Abkhazie et je travaillerai comme avant», a-t-il déclaré. Selon le service de presse présidentiel abkhaze, Aslan Bjania se trouve actuellement dans son village natal, Tamych, démentant ainsi les rumeurs propagées par l'opposition selon lesquelles il se trouverait sur une base militaire russe. Le président abkhaze a également demandé à ses partisans de ne pas céder aux provocations. La Chambre publique de l'Abkhazie a appelé toutes les parties au conflit à «rétablir le fonctionnement normal des institutions de l'État et à entamer un dialogue politique».
Les exigences de l'opposition
L'opposition abkhaze a posé un ultimatum à Aslan Bjania, lui demandant de démissionner dans un délai d'une heure, a affirmé Levan Mikaa, représentant de l'opposition. Adgour Ardzinba, président du mouvement public d'opposition «Mouvement national abkhaze», a précisé que l'opposition réclamait la tenue d'élections anticipées. Le député de l'opposition Kan Kvarchiia a déclaré que l'opposition avait interrompu les négociations avec les autorités abkhazes et cherchait à «renforcer ses positions».
L'opposition avait suggéré qu’Aslan Bjania nomme un Premier ministre chargé de remplir les fonctions présidentielles jusqu'aux élections. Un conseil de coordination regroupant des représentants de l'opposition et des organisations publiques a été formé pour organiser des pourparlers avec le gouvernement et sortir de la crise politique, selon un communiqué publié sur la chaîne Telegram Respublica.
Un représentant de la commission électorale centrale d'Abkhazie a indiqué à l'agence de presse russe TASS que si le président abkhaze démissionnait, des élections présidentielles anticipées devraient être organisées dans un délai de trois mois, «probablement d'ici fin février».
Treize personnes ont été blessées lors des troubles autour du complexe gouvernemental, trois d'entre elles ayant dû être hospitalisées, a rapporté le ministère abkhaze de la Santé à TASS.
Le mécontentement populaire a commencé plus tôt cette semaine, les manifestants ayant bloqué temporairement plusieurs points clés de la République tout en demandant la libération de cinq activistes de l'opposition détenus par les autorités abkhazes. Le groupe a été ensuite libéré.
La Russie suit de près la situation en Abkhazie, où la crise s'intensifie et les divergences internes se ravivent, comme l'a indiqué dans son commentaire officiel la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova. «Malheureusement, l’opposition n’a pas estimé possible de résoudre ses différends avec les autorités légitimes du pays par un dialogue non violent et mutuellement respectueux, et a dépassé le cadre légal, provoquant une escalade de la confrontation», a-t-elle souligné.