Liban : ce plan américain de cessez-le-feu qui est à l’étude
Qui appuiera sur le bouton d’arrêt ? Le Liban étudie une proposition américaine de trêve dans le conflit entre le Hezbollah et Israël, ont indiqué, vendredi 15 novembre, des responsables libanais, au moment où le Hamas palestinien s’est dit prêt à un cessez-le-feu dans la bande de Gaza avec l’armée israélienne. Depuis le début de la guerre à Gaza, déclenchée le 7 octobre 2023 par une attaque d’une ampleur inédite du Hamas sur le sol israélien, les multiples initiatives diplomatiques n’ont pas abouti à un cessez-le-feu. A chaque fois, le même schéma : le mouvement islamiste palestinien et l’État hébreu s’accusent mutuellement de bloquer tout accord.
Pendant ce temps, le conflit a fait tache d’huile dans la région. Le Hezbollah a ouvert un front en octobre 2023 contre Israël en soutien à son allié palestinien, et après un an d’échanges de tirs transfrontaliers dans le sud du Liban, le puissant mouvement islamiste et l’armée israélienne sont entrés en guerre le 23 septembre.
Depuis mardi 12 novembre, l’armée israélienne a enchaîné, de jour, plusieurs séries de bombardements contre les quartiers de la banlieue sud de Beyrouth, vidée en grande partie de ses habitants. Ce samedi 16 novembre, de nouvelles frappes aériennes ont atteint le bastion du Hezbollah. Au total, plus de 3 440 personnes ont péri au Liban depuis le 23 septembre, en majorité des civils selon le ministère de la Santé. Israël n’a qu’un seul objectif : neutraliser le mouvement pro-iranien dans les régions frontalières du sud du Liban pour permettre le retour chez eux des quelque 60 000 habitants du nord du pays déplacés par les tirs du Hezbollah. "L’aggravation du conflit survient malgré ce qui semble être des efforts croissants pour parvenir à un règlement diplomatique", note le New York Times.
"Des progrès"
En effet, un haut responsable libanais a indiqué à l’AFP que l’ambassadrice américaine à Beyrouth, Lisa Johnson, avait présenté au Premier ministre, Najib Mikati, et au chef du Parlement, Nabih Berri, un plan en treize points qui prévoit notamment une trêve de 60 jours et le déploiement de l’armée dans le sud du Liban, à la frontière avec Israël. Une deuxième source gouvernementale libanaise a confirmé qu’une proposition était à l’étude. "Nabih Berri a demandé un délai de trois jours", a précisé le premier responsable, ajoutant qu’Israël n’avait pas encore apporté de réponse. Lundi 11 novembre, l’espoir était permis avec les propos du nouveau ministre israélien des Affaires étrangères, Gideon Saar, affirmant qu’il y avait "des progrès".
Sauf que cette position a été rapidement contredite par son prédécesseur, Israel Katz, nommé ministre de la Défense la semaine dernière. Le lendemain, dans un article en ligne, il a écrit : "Au Liban, il n’y aura pas de cessez-le-feu et il n’y aura pas de répit." Cependant, le quotidien américain The Washington Post estime qu’Israël pourrait vouloir offrir la paix au Moyen-Orient au nouveau président américain Donald Trump, qui en a fait un argument de campagne. "Il est entendu qu’Israël offrirait quelque chose à Trump… Et qu’en janvier, il y aura un accord sur le Liban", a déclaré un responsable israélien au Washington Post, sous couvert d’anonymat.
"Un accord sérieux pour un échange de prisonniers"
De son côté, le Hamas est prêt à parvenir à un cessez-le-feu dans la bande de Gaza "au cas où une proposition est présentée et à condition que (Israël) le respecte", a assuré à l’AFP un membre de son bureau politique, Bassem Naïm, en appelant "l’administration américaine et Trump à faire pression sur le gouvernement israélien pour arrêter l’agression" à Gaza. Bassem Naïm a réaffirmé que le Hamas souhaitait un "accord sérieux pour un échange de prisonniers" palestiniens détenus par Israël contre des otages emmenés le 7 octobre 2023 à Gaza.
Lors de l’attaque du Hamas, qui a entraîné la mort de 1 206 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l’AFP basé sur les données officielles israéliennes incluant les otages tués ou morts en captivité, 251 personnes ont été enlevées sur le sol israélien. Au total, 97 restent otages à Gaza, dont 34 ont été déclarées mortes par l’armée.