Rodrigue Petitot, leader de l’opposition, arrêté en Martinique
Un accrochage verbal devant la résidence du préfet, une arrestation et des barrages qui se reforment. Les 11 et 12 novembre auront peut-être marqué le retour de l’agitation en Martinique. La figure de proue du Rassemblement pour la protection des peuples et des ressources afro-caribéens (RPPRAC), Rodrigue Petitot, s’est en effet rendu dans la résidence préfectorale le 11 novembre et a eu un accrochage verbal filmé avec le préfet, relayé sur les réseaux sociaux, notamment par l’avocat Juan Branco.
L'autorité de l'Etat vacille en Martinique où le Préfet, incapable de se faire respecter, est sur le point d'en arriver aux mains avec la principale figure du mouvement social.
— Juan Branco ✊ (@anatolium) November 12, 2024
L'incident est intervenu à la résidence du préfet, où les manifestants étaient entrés, après que le… pic.twitter.com/X57hjktVnI
Evacué de la résidence, le meneur du RPPRAC a finalement été arrêté le lendemain 12 novembre et placé en garde à vue au commissariat central du chef-lieu de l’île à Fort-de-France, à la suite d’une plainte pour violation de domicile et actes d’intimidation à l’encontre de personnes exerçant une fonction publique.
La gauche soutient Rodrigue Petitot
La présidente du groupe des Insoumis (LFI) à l’Assemblée Mathilde Panot a apporté son soutien à Rodrigue Petitot, estimant que le ministre des Outre-Mer François-Noël Buffet doit «recevoir le RPRACC». «La solution pour le peuple martiniquais n’est ni dans la répression ni dans le mépris, elle est politique !», a-t-elle affirmé. Le ministre avait en effet déclaré que «la situation et les comportements» de Rodrigue Petitot mettait fin «provisoirement» à la possibilité d'une rencontre avec le RPPRAC.
Le ministre des Outre-Mer @fnb_officiel fait une grave erreur en refusant de recevoir le RPRACC.
— Mathilde Panot (@MathildePanot) November 12, 2024
Il est du DEVOIR du ministre de recevoir une délégation du mouvement qui manifeste depuis plus de deux mois contre la vie chère et pour la vie digne.
La solution pour le peuple… https://t.co/jyZLsr4i2O
La porte-parole de Lutte ouvrière, Nathalie Artaud, a également diffusé les images de l’arrestation et dénoncé «le capitalisme en milieu colonial encore plus d'exploitation, de mépris et de répression».
Un regain de tension sur l’île
L’arrestation de Rodrigue Petitot a été suivie mardi 12 novembre en soirée de la mobilisation d’une centaine de personnes devant le commissariat de Fort-de-France pour réclamer sa libération.
Selon Radio Caraïbe Internationale (RCI) des heurts ont alors éclaté à Sainte-Thérèse (Fort-de-France), un quartier de Fort-de-France. Dans la nuit de mardi à mercredi de nouveaux barrages ont été érigés, des arbres et des véhicules ont également été incendiés par les contestataires.
???? #Martinique : Des barrages continuent à être érigés à Fort-de-France. https://t.co/9UdgWGBaawpic.twitter.com/rBrqFibnjr
— Resca MQ/GP (@resca_mqgp) November 13, 2024
Le 4 novembre, la préfecture avait annoncé la fin du couvre-feu et des mesures restrictives de vente de produits inflammables ou explosifs, une décision qui semblait marquer la fin des tensions sur l’île alors que le mouvement de contestation contre la vie chère avait débuté au début du mois de septembre.
Le 16 octobre, un accord avait permis de «réduire de 20% en moyenne les prix de vente […] pratiqués sur une liste de 54 familles de produits», mais le RPPRAC n’avait pas signé ce document arguant notamment d’une diminution insuffisante des prix, ceux-ci étant en Martinique en moyenne 40% supérieurs de ceux de la métropole. En un peu plus de deux mois, les manifestations ont fait 4 morts et 140 personnes ont été interpellées lors d’émeutes sur l’île.