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Ноябрь
2024

A l'affût avec le photographe animalier Bastien Prévost en haute Corrèze

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La preuve qu’il ne faut pas aller bien loin pour vivre de beaux moments. Depuis son Nord natal, Bastien Prévost a choisi de venir s’installer en haute Corrèze il y a 4 ans. « Je voulais rejoindre une région un peu plus verte », glisse-t-il dans un sourire.

C’est là, entre Neuvic et Mauriac, par les bois, les prairies et les ruisseaux qui bordent son jardin, qu’il a trouvé son bonheur. Passionné par la nature, curieux notamment d’ornithologie, pratiquant la photographie « pour m’aider à identifier les oiseaux », le jeune homme s’est peu à peu spécialisé dans la photo animalière. « Je voulais montrer ces animaux sauvages sous un autre jour », précise-t-il. Jusqu’à allier à la perfection nature et art.

Un bestiaire sauvageUn cerf saisi dans un rayon de soleil. (photo Bastien Prévost)

Dans son viseur, les blaireaux et les renards tiennent une place particulière. « Parce qu’il y a beaucoup d’interactions entre eux, notamment entre la mère et ses petits. Ils jouent, ils s’épouillent entre eux, ce sont des signes d’intelligence de l’espèce. »

C’est une sorte de quête, mais c’est ce qui me permet de connaître une espèce sur le bout des doigts.

L’an dernier, il s’est concentré sur la chouette hulotte, cette année, c’est la chouette effraie qui a ses faveurs. « Les rapaces nocturnes m’intéressent, parce qu’ils sont jolis, intéressants pour la micro-régulation des petits mammifères et qu’ils sont un peu mystérieux », sourit-il.

Mais c’est le pic noir, « mon espèce de cœur. Il illustre un habitat en raréfaction, les vieilles futaies de hêtres typiques de notre région et il a cette capacité de forer des cavités qui vont profiter à plein d’autres espèces. Il a cette intelligence de coopérer, pour se protéger et préserver la biodiversité forestière. »

Autant d’animaux qui ne se laissent pas si facilement photographier. « C’est une sorte de quête, résume-t-il, mais c’est ce qui me permet de connaître une espèce sur le bout des doigts. »

Documentation et affût

D’abord, Bastien Prévost marche, observe, repère, dans un rayon d’une vingtaine de kilomètres autour de chez lui ou au fond de son jardin. « Je passe énormément de temps l’hiver, avec mes jumelles, pour repérer les endroits où observer les animaux. Pour les blaireaux ou les renards, l’objectif, c’est de trouver les fameux terriers d’où ils sortiront au début du printemps. »

Ensuite, il lit, se documente, décrypte des études scientifiques « pour connaître vraiment les espèces et savoir où les chercher. Je me sens plus naturaliste que photographe », reconnaît-il.

La faune à nos portes, on la regarde différemment, j’ai envie de montrer cette richesse-là.

Enfin, il dégaine son appareil photo et se met à l’affût. « D’avril à juin, c’est la grosse période des naissances ou du nourrissage, il y a des super séquences à faire. » Des sessions de 3 à 4 heures, sans bouger, ni parler, le regard tendu vers les lieux qu’il a au préalable identifiés. « Physiquement, ça peut être éprouvant. C’est un exercice mental aussi, il ne faut pas lâcher. »

Jeux d'ombre et de lumière

Le résultat est incroyable, tout en jeux d’ombre et de lumière. « J’aime bien les échanges de regards et beaucoup les gros contrastes de lumière. Esthétiquement, ça me plaît et ça met le sujet en valeur ; ça met en lumière justement des animaux communs qu’on ne voit pas forcément. » 

« Souvent, les Corréziens ne se rendent pas compte de leur chance d’avoir uSéance de nourrissage saisie à contre-jour. (photo Bastien Prévost) ne biodiversité aussi remarquable autour de chez eux. La faune à nos portes, on la regarde différemment, j’ai envie de montrer cette richesse-là. »

« Certaines photos sont de l’opportunisme, comme un rayon de soleil qui sort juste sur le cerf que j’observe, reprend-il. Mais de plus en plus, j’ai une image en tête et quand elle se réalise, c’est du pur bonheur ! Et du soulagement, l’aboutissement de presque un an de travail. » 

Renards, blaireaux, rouges-gorges, pics noirs… Tout un monde sauvage et magnifique a rendez-vous à la galerie Aigua da Rocha, à Ussel. Des photos que Bastien Prévost et Camille Gaubert ont prises de 2020 à 2024 et imprimées sur du papier washi ; un papier réalisé selon une technique ancestrale japonaise et 100 % artisanale par une entreprise de l’Hérault, à base de kozo, une espèce de mûrier à papier, et d’eau de source. Le rendu est vibrant, les couleurs veloutées. « Ça colle avec notre éthique de faire de la photo près de chez nous et de montrer la biodiversité locale. On veut montrer nos images sur un support le plus écologique possible. »L’exposition « De l’ombre à la lumière » est visible jusqu’au 16 novembre, du lundi au samedi de 10 h à 12 h et de 14 h à 17 h 30.

Car, ce qu’il partage aussi, c’est une certaine approche de la photo animalière. A la recherche à la fois de la photo la plus artistique et soucieux d'une nature préservée, il ne déclenche une photographie que dans à peine un quart de ses affûts. « Je mets tout en œuvre pour déranger le moins possible les animaux, c’est une question d’éthique. Je ne mettrai jamais une espèce en danger pour répondre à la demande d’un client. J’aime bien, pour chaque cliché, avoir une histoire à raconter et que mon image soit pure. »

(*) À notre image, photographies de nature : contact@anotreimage.fr ; site internet, www.anotreimage.fr. Les photos sont en vente en ligne.

Blandine Hutin-Mercier