Passage en caisse
Signe extérieur de richesse pour une ville avide de développement, l’hypermarché, depuis son avènement au gré des Trente glorieuses, semble avoir vécu. Comme si ces mastodontes de périphérie, nés de cette injonction à grossir pour survivre, perdaient leur raison d’être, à l’heure où le rapport à la consommation évolue, par la contrainte financière et les prises de conscience. Revenir à des structures plus petites, réintégrer les cœurs de ville, valoriser la production locale. Ce créneau, choisi par les actuels leaders du secteur, pouvait paraître un peu hors-sol, risqué, inadapté il y a vingt ans, au sommet de la vague expansionniste. Face à l’explosion du hard discount et de la consommation en ligne, il a troqué son habit iconoclaste pour incarner l’évidence. Pendant ce temps-là, les mastodontes de ferraille en péril passent de main en main, ou se délabrent faute de repreneurs, au cœur de zones commerciales qu’ils ont, ironie du sort, contribué à créer. Laissant le souci du vide aux collectivités qui, au-delà du chômage généré, doivent aussi réinventer l’avenir des sites. Un passage en caisse des plus salés.
l’éditorial
Charles Vigier