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Ноябрь
2024

Deux ans de péage sans barrière sur l'A79 dans l'Allier : deux ans après, quel bilan ?

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Le 4 novembre 2022, l’A79, première autoroute à péage en flux libre de France, accueillait ses premiers clients. Grâce aux capteurs de ses six portiques de 6 mètres de hauteur installés le long du parcours, qui détectent et lisent les plaques d’immatriculation, l’A79, sur 88 km entre Digoin (Saône-et-Loire) et Sazeret (Allier), est une autoroute nouvelle génération, payante, mais sans barrière de péage.

Aliaé, la société concessionnaire qui regroupe APRR et Eiffage, a essuyé les plâtres de cette nouvelle technologie rendue obligatoire par l’État pour tout nouveau projet autoroutier, dans le cadre de la loi d’orientation des mobilités (LOM) de 2019. Un système voué à se généraliser, et qui a déjà commencé à s’étendre.

Une fréquentation en constante hausse

La fréquentation des VL n'a cessé d'augmenter depuis l'ouverture, début novembre 2022. Photo Corentin Garault 

Deux ans après, quel bilan dresser de la mise en place du flux libre?? Au départ, de nombreux usagers déroutés. En octobre 2023, 180.000 automobilistes n’avaient pas payé leur trajet dans les temps et 80.000 dossiers encouraient une amende de 375 euros. Mais depuis, Aliaé a fait de gros efforts de communication et de pédagogie.

La société voit dans l’augmentation constante du trafic de l’A79, depuis son lancement, un signe positif. De janvier à septembre 2024, la fréquentation de l’A79 était en hausse de +5 % par rapport à la même période en 2023, sur cette autoroute empruntée par plus de 13.500 véhicules par jour, et même 20.000 véhicules par jour en août, à 70 % par des véhicules légers et à 30 % par des poids lourds. La barre des 15 millions de trajets a été franchie, « avec une montée en puissance des véhicules légers, notamment sur les trajets depuis le quart nord ouest jusqu’à la Savoie et la Haute-Savoie, qui jusqu’à présent, passaient par Clermont-Ferrand », note Alexandre Claude, directeur de la société Aliaé.

Sécurité

Le tout, « pour zéro embouteillage enregistré à ce jour ». Fluidifier les trajets, c’est un des objectifs du péage sans barrière. L’autre enjeu était l’amélioration de la sécurité. Trois morts, dans deux accidents différents, ont été comptabilisés depuis début novembre 2022, « mais nous n’avons plus de choc frontal, ce qui était le point noir de la RCEA ».

Les efforts de pédagogie continuent

Certains panneaux, expérimentaux, ont désormais été validés par l'Etat et s'appliqueront sur les autres autoroutes à flux libre. Photo Corentin Garault  Pierre Méau, directeur péage chez APRR, rappelle que « la digitalisation du quotidien concerne aujourd’hui aussi les mobilités, y compris les déplacements sur l’autoroute. Qui dit nouvel usage, dit nouvelles habitudes à prendre. L’introduction en France du péage en flux libre nécessite un temps d’apprentissage. Nous constatons, après deux années d’expérience, une bonne adaptation et compréhension du fonctionnement du flux libre. Nous sommes en dessous des 1 % de péages en attente de paiement ».

De plus, « le nombre de transactions payées dans les 72 heures – le délai dont disposent les automobilistes pour payer leur trajet, avant une indemnité forfaitaire minimum de 90 €–, a progressé de + 23,6 %, entre 2023 et 2024 ».

Plus de 200 « gros fraudeurs »

Aliaé est néanmoins confrontée à de « gros fraudeurs » qui n’ont pas payé au-delà des 60 jours : « Ils sont plus de 200, à n’avoir pas réglé au moins trente passages », calcule Alexandre Claude.

Ils doivent s’acquitter d’une amende de 375 €, autant de fois qu’ils ont fait de trajets… On n’avait jusqu’à présent pas envoyé ces dossiers à l’État, mais ça y est, on a commencé. On a notamment des étrangers qui ne paient pas. La création d’une plateforme européenne pour rechercher ces conducteurs est en cours de création, en lien avec l’État.

L’envoi de courriers d’information, expliquant le fonctionnement du péage en flux libre, et adressés aux usagers lorsqu’ils empruntent pour la première fois cette autoroute et ne paient pas dans les 72 heures, continue. Mais Aliaé constate « une baisse significative de 33 % des envois de ces courriers pédagogiques, entre 2023 et 2024 sur la période janvier-septembre ». Un numéro d’aide et d’assistance gratuit reste disponible, pour répondre aux questions des clients 6 jours sur 7, du lundi au samedi.

Depuis l’ouverture de l’A79, plus de 162.000 appels ont été passés, durant lesquels de la pédagogie a été faite sur le flux libre. « Nous avions dimensionné un peu à l’aveugle un service client de 25 salariés. Ça s’est avéré la bonne jauge », précise Alexandre Claude.

L’application de paiement a par ailleurs prouvé « sa robustesse et sa fiabilité, avec une seule panne, en mai 2023 ». Aliaé rappelle qu’une alerte mail Info passage est activable sur le site www.aliae.com afin de ne pas oublier d’effectuer un paiement du péage et éviter des indemnités de retard. Près de 1,2 millions de véhicules y sont inscrits.

Signalétique renforcée

Une vingtaine de panneaux d information ont été ajoutés à l'été 2024. Photo Corentin Garault  Par ailleurs, pour améliorer la compréhension du caractère payant de cette autoroute, la société concessionnaire a ajouté, l’été dernier, une vingtaine de nouveaux panneaux de signalisation le long de l’A79, complétant les 72 panneaux déjà visibles. Des panneaux qui précisent les tarifs et « dernière sortie avant péage ».

Ces panneaux, expérimentés dans l’Allier, ont été validés par l’État. Devenus réglementaires, ils ont été installés dans l’A14. La signalétique sur les bornes de paiement à pied a par ailleurs été renforcée. L’État a aussi pris le relais en pilotant une campagne de sensibilisation insistant sur « des trajets plus fluides, plus sereins, plus écologiques », pilotée par le ministère des Transports, cet automne. Cette campagne d’information se décline sur le web, sur peage-flux-libre.gouv.fr, où une foire aux questions vise à informer les automobilistes sur cette nouvelle technologie et renvoie sur les sites web des sociétés autoroutières.

Paiement chez les buralistes : premier bilan

Quels sont les premiers retours du paiement Nirio ? Photo Corentin Garault

Une nouvelle modalité de paiement a par ailleurs été lancée en juin 2024, avec le lancement du partenariat avec Nirio, la marque de paiement de proximité du groupe FDJ. L’objectif est de compléter les bornes de paiement à pied, d’apporter une solution à ceux qui ne sont pas l’aise avec Internet, ou ne veulent pas payer par ce moyen. 70 % des paiements s’y font en espèces et 30 % en CB. Quel premier bilan??

Plus de 7.500 clients se sont rendus dans les 6.300 buralistes-commerçants partenaires de l’Hexagone pour régler leur montant du péage à ce jour.

Aliaé constate aussi que de plus en plus de clients se dotent d’un télépéage pour bénéficier pleinement des avantages du péage en flux libre. Plus de 9.100 badges télépéages Fulli A79 ont été vendus à ce jour. « Ils répondent à une demande locale ». Sur l’ensemble des clients de l’A79, le taux d’usage du télépéage est de 65 %, un taux qui atteint carrément 96 % chez les poids lourds. Les 35 % d’usagers sans badge de télépéage paient soit sur internet (87 %), soit auprès d’une des 16 bornes installées sur les aires de l’A79 (12,5 %), soit enfin dans le réseau bar-tabac-presse agréé Nirio (0,5 %), mais ce chiffre progresse de mois en mois.

Numéro d’aide gratuit. Pour toute question sur le péage sans barrière, 0 806 005 005 (08?h?30/18?h?30 la semaine et et 9 heures/17 heures le samedi).

Ariane Bouhours