Après 69 ans de présence sur le Breuil, cette boutique emblématique du Puy va fermer définitivement
Nul ne peut l’ignorer depuis que ses vitrines arborent des stickers annonçant sa liquidation totale avant cessation d’activité : les boutiques de Max vont fermer définitivement dans les semaines à venir, mettant fin à 69 ans de présence sur le Breuil. Qu’est-ce qui a précipité la fin du magasin ?
« L’élément déclencheur a été la liquidation judiciaire de la marque Esprit »
Rappelons que la marque de prêt-à-porter Esprit a été placée le 12 septembre dernier en liquidation judiciaire en France, deux mois après que le groupe a annoncé avoir déposé le bilan pour ses activités en Europe. Il comptait 145 salariés et un chiffre d’affaires annuel qui s’élevait à près de 32 millions d’euros. Une hécatombe de plus dans la filière du prêt-à-porter qui comptait notamment La Halle, place du Breuil ou encore Camaïeu, dont la boutique de la rue Saint-Gilles a fermé au Puy et qui cette fois, touche un nouveau commerce local. Sans compter Royal Tiss, qui liquide également avant cessation d’activité depuis le 2 novembre…
« En avril déjà, on a compris qu’on ne serait plus livré par Esprit alors que j’avais déjà acheté toute la collection automne-hiver. À ce moment-là, je ne savais pas que j’allais liquider, il fallait que je trouve un plan B, autrement dit trouver des marques pour remplacer Esprit en capacité de me livrer rapidement ».
Ce seront Les petites bombes et Pako Litto. Puis elle se met en quête d’un repreneur.Le partenariat entre les Boutiques de Max et la marque Esprit datait de plus de 25 ans - un temps en commerce indépendant, puis en concession d’enseigne et enfin en franchise pour les douze dernières années. Le bâtiment abrite un second commerce, indépendant celui-là : Max propose de la lingerie pour les hommes et femmes.Depuis cette semaine, tout est liquidé et les trois employés seront licenciés. Un coup dur pour Nelly Issartel qui évoque également une certaine « lassitude ». Alors quand elle a trouvé un repreneur, elle n’a pas hésité. « Sans repreneur, j’aurais continué sur un autre modèle de commerce indépendant, mais sur toute la surface du magasin », explique-t-elle. Discrète sur l’identité du successeur, on saura seulement qu’« il y a un nouveau projet, enthousiasmant pour tout le monde ! » Selon nos informations, il ne s’agirait pas de prêt-à-porter.Les Boutiques de Max sont bien plus qu’un simple commerce comme un autre, de par leur taille imposante bien sûr, mais surtout par leur histoire. Et ce n’est pas sans un pincement que Nelly Issartel ferme, car les Boutiques de Max, c’est d’abord pour elle, une affaire de famille.
Le premier escalator de Haute-Loire !Le magasin a ouvert en avril 1955. Il devait fêter ses 75 ans l’an prochain ! Ce sont ses grands-parents, M. et Mme Blanc, qui en sont à l’origine. Ces derniers possédaient déjà un magasin à l’angle de la rue Courrerie - aujourd’hui le bâtiment abrite le Crédit mutuel.Dans le sillage des grands magasins, Max aura marqué durablement le commerce ponot. Photo collection privée« Mon arrière-grand-mère avait fondé la société Blanc Baubet », se souvient Nelly Issartel qui a pris les commandes des Boutiques de Max il y a 25 ans, à la suite de son père, Dominique Rouchon. « J’ai eu une équipe géniale. Aujourd’hui, je suis à la fois soulagée car on part proprement et nostalgique quand je pense à mes grands-parents ». Les plus anciens gardent en mémoire les agrandissements successifs du magasin : initialement, le commerce occupait la surface réservée à Esprit, puis il s’est étendu sur le côté, au fond et s’est doté d’un étage en 1963, puis d’un escalator. Il s’agissait d’ailleurs du premier escalator installé dans le département !À la fin des années 1980, l’étage a été abandonné. Le magasin a toujours proposé du prêt-à-porter et de la lingerie, mais pas seulement : au plus haut de sa forme, on y trouvait des chaussures, un rayon enfant, de la parfumerie. Il y a même eu un rayon disques avec le Top 50 affiché !« Le magasin a tenu 70 ans » Nelly Issartel. Gérante des Boutiques de MaxProposer un commerce basé sur le modèle des grands magasins, telle était l’intuition du grand-père de Nelly Issartel en ouvrant Max, dans un endroit où il a pignon sur rue ; d’ailleurs ne s’est-il pas appelé Les grands magasins Max un temps ?« On a vécu ce qu’a vécu le commerce depuis les années 1950. On a eu de très belles périodes, puis d’autres au creux de la vague, comme tout le monde. Mais on a tenu soixante-dix ans ! », résume Nelly Issartel.
Nathalie Courtial