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Ноябрь
2024

L'éleveur cantalien accusé de viols par son beau-frère : "C'était deux, trois fois par semaine, quand il en avait envie"

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C’est une petite ferme comme il en existe des dizaines, isolées, à chaque coin de forêt de la Châtaigneraie cantalienne. Vingt-cinq hectares, tout juste assez de vaches pour faire vivre chichement trois personnes : l’accusé, sa compagne et le frère de cette dernière, qui vit là et s’occupe des bêtes.

Le fermier, désormais âgé de 62 ans, comparaît devant la cour d’assises du Cantal depuis ce lundi 4 novembre. Il lui est reproché d’avoir violé cet aidant familial, 49 ans aujourd’hui, en exigeant régulièrement des fellations de 1992 à 2012 – il avait alors entre 17 et 37 ans. L’accusé reconnaît l’existence des relations sexuelles, mais estime qu’elles étaient consenties.

Colonie de vacances

L’exploitation agricole ne se résume pas à ces trois personnes. Pour apporter un peu de revenus, des enfants de région parisienne viennent l’été en colonie. Ce sont eux qui vont briser le huis clos : après l’été 2010, plusieurs enfants dénoncent le fermier.

Avec leurs mots, ils parlent de viols, d’agressions sexuelles, de corruptions de mineur… Plus aucun enfant ne viendra à la ferme. Les investigations, elles, patinent. L’éleveur bénéficie d’un non-lieu pour les viols et sera relaxé pour les agressions sexuelles. Il est condamné, en 2018, pour corruption de mineur. Mais pendant les investigations, les gendarmes s’intéressent à l’aidant familial. Il est arrivé adolescent dans la ferme de son beau-frère et la quitte en 2012 d’une étrange manière : il s’enfuit, en pleine nuit, par la fenêtre.

« Comme une secte »

Entendu, il dénonce rapidement vingt ans de viols répétés. Des fellations que le fermier exige « deux, trois, quatre fois par semaine, quand il en avait envie, explique-t-il à la cour d’assises du Cantal. C’était à n’importe quel moment ». Il n’a pas de voiture : « Si je voulais prendre la sienne, il lui fallait sa gâterie. » Il raconte s’exécuter, de guerre lasse. « C’était comme une secte. Il aimait avoir une emprise totale sur moi, décrit-il. Je lui disais que je ne voulais pas, mais il avait son regard méchant, je voyais que ça ne lui plaisait pas. J’y allais, c’était un mauvais moment à passer. »

L’accusé, physique épais et cheveux en bataille, tremble en écoutant les autres parler de lui – il n’a pas encore été invité à s’exprimer à la barre. Dans l’entourage, personne n’a rien vu des faits dénoncés.

Deux descriptions s’affrontent dans le dossier. Certains le décrivent effacé, peu intelligent, marqué par le départ de ce beau-frère qu’il imaginait reprendre la ferme : il vend d’ailleurs toutes ses bêtes dans la foulée.

Pour d’autres, il est un « tyran », qui « engueule sa femme » et règne sur ce petit bout de terre dans la Châtaigneraie cantalienne. Le plaignant est de ceux-là. Sans éclat de voix ni pleurs, comme soulagé d’être parti, il soupire : « Cela ne fait pas longtemps que je vis pour moi. J’ai beaucoup vécu pour lui. Pendant toutes ces années, je n’ai pas existé. »

Pierre Chambaud