Présidentielle américaine : poids des grands électeurs, people en renfort, calendrier... Tout ce qu'il faut savoir
Outre-Atlantique, le président est élu au suffrage indirect. Demain, les Américains qui n’ont pas encore voté par anticipation ou par correspondance se rendront aux urnes pour finir de désigner les 538 grands électeurs. Et ce sont eux qui éliront le 47e locataire de la Maison-Blanche. Républicain ou démocrate, il en faudra 270 à Kamala Harris ou Donald Trump pour l’emporter. Le résultat pourrait être connu dans la foulée. Ou pas.
Pourquoi le mardi ?Le principe d’un jour unique de vote dans tout le pays est adopté en 1845.Le début du mois de novembre est choisi pour deux raisons : les moissons sont terminées et la neige n’a pas encore rendu les routes impraticables. Reste à déterminer le jour. À cette époque, les déplacements se font à cheval, en charrette. Il faut compter un jour de voyage à l’aller, un jour pour voter et un jour pour rentrer. Dimanche, jour de culte, est exclu. Samedi ne permettrait pas d’être de retour à temps pour l’église. Lundi suppose de partir dimanche, impossible aussi. Mercredi est jour de marché. Mardi apparaît donc comme un bon compromis. Le mardi suivant le premier lundi de novembre est retenu, ce qui permet d’enjamber la Toussaint et le premier du mois réservé à la comptabilité chez les commerçants. Le scrutin se déroule donc toujours entre le 2 et le 8 novembre. En cette année 2024, il aura lieu mardi 5 novembre.
Voter avant : le pli est prisMardi étant un jour de travail ordinaire pour les Américains d’aujourd’hui, il est régulièrement dénoncé comme favorisant l’abstention.Plusieurs projets de loi ont été déposés au Congrès pour organiser la présidentielle américaine le week-end mais aucun n’a abouti. Les Américains sont donc de plus en plus nombreux à choisir de voter avant le jour de l’élection : 64 % en 2020, contre 42 % en 2016. Par correspondance, ils étaient plus de 66 millions en 2020, année marquée par le Covid. Donald Trump a alimenté durant des années de nombreuses théories du complot autour de cette modalité de vote, responsable selon lui de sa défaite. Mais compte tenu d’un scrutin où chaque voix va compter, le candidat républicain a fait machine arrière. Deuxième option : le vote anticipé, en personne. À part l’Alabama, le Mississippi et le New Hampshire, tous les États s’y sont mis. Le pli est pris.
Le poids des grands électeursUn candidat peut arriver en tête au niveau des suffrages à l’échelle du pays et perdre l’élection. En 2016, Hillary Clinton avait recueilli 2,89 millions de voix de plus que Donald Trump. Mais c’est le républicain qui fut déclaré vainqueur car il avait obtenu une majorité de grands électeurs. En réalité, les électeurs américains ne vont désigner ni Trump ni Harris mais 538 grands électeurs. La Californie est l’État qui en compte le plus (54) l’Alaska le moins (3). Pour être élu, il faut en obtenir au moins 270 qui, rassemblés dans un Collège électoral, auront la charge de nommer le futur locataire de la Maison-Blanche le 17 décembre. Les membres de la Chambre des représentants et du Sénat seront appelés à certifier les résultats des élections le 6 janvier 2025. En 2021, c’est cette session qui avait été interrompue lors de l’assaut historique du Capitole par les partisans de Donald Trump. Le ou la présidente des États-Unis sera investi(e) et prêtera serment le 20 janvier.
La Pennsylvanie faiseuse de roiLe candidat arrivé en tête dans un État remporte tous ses grands électeurs. Ce système de « winner-take-all » place les « swing states » au cœur des stratégies électorales, la Pennsylvanie en tête. Il y a les États que l’on sait acquis : la Californie New York et Washington pour les démocrates, presque tout le centre du pays pour les républicains. Et il y a les « swing states », sept États qui peuvent faire basculer l’élection. Parmi eux, la Pennsylvanie est le plus scruté. Avec 19 grands électeurs, cet État-clé réputé centriste, assez modéré, est une porte d’entrée à la Maison Blanche comme ce fut le cas lors des dernières élections. Le résultat pourrait se jouer dans un mouchoir de poche et les deux candidats mettent les bouchées doubles. Vingt déplacements au compteur pour Kamala Harris. Graissage de patte côté Trump avec un million de dollars à gagner chaque jour, depuis le 19 octobre, via la loterie organisée par Elon Musk, l’homme le plus riche du monde.
Les résultats ? À partir du 5 novembre...Quand on sait que Donald Trump a déjà prévu toute une batterie de recours en cas de défaite, voire en cas de faible écart, on peut s’attendre… à attendre les résultats définitifs. Les 244 millions d’électeurs américains seront-ils fixés le 5 novembre ? Rien n’est moins sûr. En 2020, l’issue du scrutin n’a été connue que quatre jours après le vote alors qu’en 2016 le résultat était tombé dans la soirée. En cause dans le premier cas, le long comptage des bulletins de vote par correspondance, deux fois plus nombreux qu’en 2016, pour cause de Covid.
Donald Trump s’était emparé du sujet pour accuser le camp démocrate de tricherie avec pour conséquence l’assaut du Capitole le 6 janvier 2021. En 2000, lors du duel George W. Bush/Al Gore, à la requête du candidat démocrate, il avait fallu un mois à la Cour suprême pour trancher sur le comptage des votes en Floride. Pour mémoire, les États-Unis couvrant trois fuseaux horaires, chaque État ayant son propre système électoral et les derniers bureaux de vote fermant à 20 heures, si tout se passe bien, les Américains pourraient connaître le nom du 47e locataire de la Maison-Blanche vers 23 heures et les Français à 5 heures, heure de Paris.
Les people en renfortIls ne feront pas l’élection mais en se prononçant en faveur d’un candidat, les « people » pourraient bien entraîner le vote de milliers d’indécis que les candidats traquent depuis le début de la campagne.
Le conditionnel est de mise : en 2016, malgré son score en nombre de bulletins, Hillary Clinton, largement soutenue par le monde artistique, ne l’a pas emporté face à Donald Trump. Néanmoins, derrière Kamala Harris, on compte George Clooney, Taylor Swift, Jamie Lee Curtis, Billie Eilish, Robert De Niro, Jennifer Lopez, Bruce Springsteen, Salma Hayek, Beyoncé, Jon Bon Jovi, Lizzo, l’ex-champion de la NBA Stephen Curry…
Donald Trump compte, lui, sur l’indéfectible présence à ses côtés du milliardaire Elon Musk, désormais poursuivi pour avoir organisé une loterie quotidienne dotée d’un million de dollars au profit des républicains. Il est soutenu aussi par Kanye West et son ex-femme Amber Rose ; l’acteur Jon Voigt, père d’Angelina Jolie ; le très populaire ex-champion de catch Hulk Hogan ; Dana White, patron de ligue de MMA… Contre toute attente, Robert Kennedy Jr, ex-candidat indépendant et neveu de feu JFK, a rejoint le camp républicain tandis que la fille de George W. Bush, Barbara, soutient Kamala Harris.