Pourquoi l'ASM Clermont est championne de l'indiscipline : explications d'un mal à travailler
Dans le rugby moderne, la barrière pour réussir un match en termes de discipline est traditionnellement fixée à 10 pénalités sifflées. Ce seuil symbolique, l’ASM Clermont ne l’a approché que deux fois cette saison : 10 pénalités concédées face au Racing (2e journée) et 9 lors de la réception de Bayonne (3e journée).
Depuis le déplacement à Perpignan (4e journée) où les hommes de Christophe Urios avaient été dominés dans les grandes largeurs (33-3), la tendance a pris des proportions bien plus grandes. Tant et si bien qu’à l’issue de ce bloc de neuf matchs, Clermont est l’équipe la plus indisciplinée du Top 14 avec 125 pénalités sifflées contre elle. Suivent, juste derrière, Toulon (123) et le Racing 92 (120). Un sommet ayant été atteint samedi face à Bordeaux avec 20 coups de sifflet pris contre l’ASM.
« On va un peu trop loin dans ce que l’on fait »Dès lors, comment expliquer cette fâcheuse tendance à commettre bien plus de fautes que l’adversaire ? D’un match à l’autre, les raisons ne sont pas les mêmes pour expliquer cette indiscipline. Lorsque l’on a annoncé après le match à Christophe Urios que son équipe avait été sanctionnée 20 fois face à l’UBB, l’entraîneur était très surpris par l’ampleur de la statistique. Ses joueurs ont mis énormément d’engagement pour remporter cette rencontre. Tellement qu’ils ont franchi certaines fois le Rubicon, ce que personne ne pourra d’ailleurs leur reprocher. Une impression par ailleurs confirmée par ceux qui étaient sur le terrain samedi.
« On a mis tellement d’envie que parfois, on va un peu trop loin dans ce que l’on fait. Si on prend 20 pénalités à tous les matchs et que l’on gagne comme cela, je signe tout de suite », explique Joris Jurand. Une thèse soutenue par Régis Montagne. « La plupart des pénalités ont été sifflées à la suite d'excès d’engagement. Mais je préfère nettement cela plutôt que l’on se fasse rouler dessus. »
Ce dont souligne le pilier droit, c’est exactement ce qu’il s’est produit à Perpignan (16 pénalités), à Toulouse (18) ou au Stade Français (15). Trois rencontres où les Clermontois avaient énormément subi en étant confisqués du ballon. Et à force de défendre, se mettre à la faute devient alors inévitable.« Quand tu ne fais que défendre contre Toulouse, ce n’est pas simple. Il aurait fallu une meilleure conquête, une meilleure conservation de ballon, une meilleure discipline. Avec 19 fautes (18), c’est compliqué d’imposer quoi que ce soit », avait alors expliqué Christophe Urios dans la salle de presse d’Ernest-Wallon.
Thomas Ceyte, le plus sanctionné. Avec 17 pénalités sifflées contre lui depuis le début de saison, Thomas Ceyte est le joueur le plus sanctionné du championnat. Il faut dire aussi que le 2e ligne a énormément été utilisé par le staff et qu’il n’est jamais avare d’efforts et d’engagement.
Toujours est-il que la discipline est un secteur que les Clermontois devront travailler pour le prochain bloc. Car à force de commettre des fautes, ils peuvent être rapidement dans le collimateur du corps arbitral. « On sait que c’est un secteur qu’il faut que l’on travaille, reconnaît Joris Jurand. Au Stade Français on a été beaucoup pénalisés, aujourd’hui encore (samedi). À force, les arbitres vont faire un focus là-dessus. Il va donc falloir que l’on fasse attention. »
Arnaud Clergue