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Ноябрь
2024

"Produire, former et investir" : Fabien Roussel lance dans la Nièvre une campagne sur l’industrie et les services publics

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Le secrétaire national du Parti communiste français, Fabien Roussel, sera présent dans la Nièvre ce mardi 5 novembre. Entre la visite du Centre Municipal de Santé de Varennes-Vauzelles et celle du circuit de Magny-Cours et de l’entreprise Danielson Engineering, ce déplacement s’inscrit dans le lancement d’une campagne du PCF sur l’industrie et les services publics.

Vous venez dans la Nièvre visiter un centre de santé et le circuit de Magny-Cours. Pourquoi ces deux destinations ?

Parce que ce sont deux sujets qui nous sont chers. Premièrement, la santé et le service public de santé. Comment lutter contre les déserts médicaux ? Je vais à Varennes-Vauzelles, là où une municipalité a pris les choses en main. Dans les années 70, les communistes avaient mis en place de nombreux centres de santé. C’est tombé en désuétude et ça revient aujourd’hui. 

Deuxièmement, à Magny-Cours, ce n’est pas tant pour la vitesse automobile que pour le travail de recherche qui y est mené. La Formule 1 notamment pousse à la recherche, sur la motorisation, les véhicules hybrides ou à hydrogène… C’est l’avenir, sans fermer la porte aux moteurs thermiques.

Vous ne croyez pas à la fin des voitures thermiques en 2035 ?

Je pense que la meilleure chose pour le climat, c’est de relocaliser en France la production de véhicules. Investir dans l’électrique, l’hybride, et conserver le thermique. Ne pas perdre les savoir-faire.

En 15 ans, Renault et Peugeot sont passés de 60 % de production en France à 18 %. On a perdu plus de 100.000 emplois dans l’automobile. Tout cela est parti à l’étranger, pas forcément en Chine, mais aussi dans l’Union européenne, avec une concurrence déloyale à laquelle il faut mettre un terme.

Faut-il taxer davantage les importations ?

Il faut produire une électricité décarbonée en France, et baisser le coût de production des véhicules. Nous proposons un plan d’investissement massif pour relocaliser la production, par des prêts à taux zéro, voire négatifs. L’État français prendrait en charge le coût des intérêts.

Vous lancez une campagne sur l’industrie et également les services publics. Quel est le message ?

Il y a un besoin massif d’investissement sur 20 ans dans les services publics. Il va falloir former, recruter, signer des contrats d’engagement avec des étudiants. On a besoin de 50.000 enseignants, 100.000 soignants en Ehpad, 30.000 douaniers… Les besoins sont énormes. Ce n’est pas un coût, c’est un investissement.

Où trouver l’argent ?

Dans un fonds public destiné à financer ce plan d’investissement, qui pourrait s’appuyer sur la Caisse des Dépôts, qui prêterait à l’État. En créant des emplois, on réinjecte de l’argent dans l’économie. Des gens vont dépenser, investir, et le PIB va augmenter. Il faut créer de la richesse par le travail, et arrêter de vouloir serrer la ceinture. Il faut produire, former et investir

La Nièvre, c’est aussi l’agriculture qui gronde à nouveau en ce moment. Qu’est-ce que vous prônez face à ce malaise ?

D’abord réduire la bureaucratie et faciliter la tâche des agriculteurs. Ensuite, ne pas signer le traité avec le Mercosur, car ça va provoquer des dégâts.

On nous dit d’un côté qu’il faut protéger la planète et on signe des accords de libre-échange. On ne peut pas avoir deux discours, c’est ce qui tue la politique.

Enfin, l’État doit prendre l’initiative de fixer des prix plancher par filière. Pour que les producteurs de lait, de viande, de céréales puissent avoir un revenu garanti, avec une juste répartition de la marge, de la fourche à la fourchette. Aujourd’hui, la marge est essentiellement captée par ceux qui transforment et la grande distribution. Les gouvernements libéraux ont refusé d’intervenir ces dernières années. Nous, nous voulons qu’ils soient interventionnistes. 

Michel Barnier est-il un peu de gauche en annonçant taxer davantage les riches ?

Disons que ce qu’il va prendre aux riches représente une goutte d’eau par rapport aux immenses besoins de la France. Il va surtout prendre beaucoup dans la poche des Français : une taxe sur l’électricité, une baisse du remboursement des consultations médicales, le gel des retraites, ce sont des coups durs pour le pouvoir d’achat. Il faut empêcher ces mauvais coups, et le juge de paix sera le 49.3 et la motion de censure qui suivra. Ce sera l’occasion de voir si le Rassemblement national défend réellement le pouvoir d’achat. S’il ne vote pas la motion de censure, c’est qu’il est d’accord avec ces mesures.

À gauche, vous n’êtes plus tellement sur la ligne du Nouveau front populaire ?

Ce que je souhaite, c’est créer les conditions de l’emporter partout. Il manque une centaine de députés à la gauche. Comment on fait pour l’emporter ? Je suis pour qu’on visite toutes les solutions possibles.

J’ai fait le constat chez moi que l’alliance avec LFI a repoussé des électeurs aux législatives. Comment on fait la prochaine fois ?

J’ai toujours défendu des candidatures d’union et de rassemblement, mais qui correspondent aux problèmes locaux, qui viennent de la base ; c’est ce qui manque aujourd’hui, avec des candidatures parachutées...

Comment voyez-vous les choses pour la Présidentielle 2027, et serez-vous candidat  ? 

On a bien le temps ! Ce n’est pas le problème des Français aujourd’hui et ce n’est pas le mien. C’est pour ça que je reprends mon bâton de pèlerin. Je sens beaucoup de résignation et de colère, car les gens ont voté contre une politique et ils se retrouvent avec la même en pire.

Le bonheur pour tous : un horizon

Qu’est-ce qui singularise le PCF aujourd’hui à gauche ? Sa politique industrielle, la création de richesse par le travail. Le bonheur pour tous, ça reste un horizon. La France est fracturée. Il faut qu’on arrête d’opposer les territoires, les salariés… C’est ce à quoi nous travaillons.

Vous auriez créé une fédération de chasse communiste d'après certains médias. Est-ce pour vous différencier d’une certaine gauche ?

Je n’ai rien créé du tout. Des camarades chasseurs ont pris l’initiative de créer un mouvement, il y a 2 ans déjà. Mais on peut en effet réfléchir à être chasseur et progressiste. Les chasseurs participent à la régulation des espèces et ils payent les dégâts provoqués par les sangliers. Ils doivent réguler ces populations. Il faut préserver ce rôle-là, dans un cadre respectueux. Je ne cherche pas à me différencier, mais j’en entends beaucoup en parler sans connaître.

Le PCF serait en difficulté financière, vous confirmez ?

La perte de quatre députés aux dernières législatives et une limite de 50 circonscriptions dans l’accord du Nouveau Front Populaire, ont provoqué une perte de recettes. Le PCF vit grâce aux cotisations des adhérents et à ses élus qui lui reversent une partie de leurs émoluments. Nous avons besoin de dons et avons lancé un appel.

D’après un média, le parti disposerait néanmoins d’un magot avec de nombreuses œuvres d’art en réserve dans ses locaux ?

C’est honteux de faire croire ça, car ça peut inciter au cambriolage. Non, il n’y a rien place du Colonel-Fabien. Les quelques œuvres qui nous ont été léguées, de Picasso, de Marcel Duchamp, sont accrochées dans les musées. Et les vendre n’est pas à l’ordre du jour.

Alain Gavriloff