La tombe d'un soldat napoléonien redécouverte et rénovée à Thiers
Ils ont le verbe haut et la tchatche facile. Si facile qu’elle réussirait à transporter au XIXe siècle n’importe quel traumatisé de l’histoire à l’école. Jean-Jacques Berry et Pierre Reiff, tous deux originaires de la région thiernoise, sont membres de la délégation auvergnate de l’Association pour la conservation des monuments napoléoniens (ACMN) dont le nom résume l’activité.
Dernièrement, ils ont jeté leur dévolu sur la tombe d’un certain capitaine Marchand, enterré au cimetière Saint-Jean de Thiers, qu’ils s’attellent à rénover.
Soldat voyageur"Ça peut paraître con de s’y intéresser, démarre Pierre Reiff. Mais la période napoléonienne est assez géniale. Après la royauté, les cartes sont totalement rebattues : n’importe quel mec avec un peu de corones pouvait s’engager dans l’armée et y faire son trou. Certains sont partis de rien et sont devenus mondialement connus." Le décor est planté. Décor qui fut celui de la vie du capitaine Charles Marchand, né en 1791 à Thiers et inhumé au cimetière Saint-Jean en 1874.
La sépulture du capitaine Marchand.
Sa sépulture, discrète, se couvrait peu à peu de lichen au sein du paisible "Petit Père-Lachaise". Mais c’était sans compter la détermination des deux amis membres de l’ACMN, bien décidés à "faire passer ces monuments aux générations futures". "C’est la période de l’histoire qui a fait la France d’aujourd’hui !", s’enthousiasme Pierre Reiff.
Lundi 21 octobre, armés de brosses et de chiffons, les deux Thiernois ont commencé à évaluer les besoins du monument. Un coup de frottoir par ci, et la pierre retrouve son éclat. Un peu de cire par là, et les écritures réapparaissent, dévoilant la vie du soldat Thiernois. Passé par Leipzig, Naples ou encore Strasbourg, Charles Marchand a servi Napoléon 1er puis Napoléon III.
Il recevra la légion d’honneur en 1820, distinction gravée dans la pierre de sa sépulture :
On peut voir que la médaille est surmontée d’une couronne impériale, ce qui signifie qu’il a été décoré avant 1870. Aujourd’hui, c’est une couronne de lauriers qui la remplace.
La mention de la médaille de Sainte Hélène, également gravée dans le marbre, donne quant à elle quelques indices sur ses états de service, puisqu’elle était décernée par Napoléon III aux soldats des grandes armées de Napoléon 1er.
Le goût de l’histoireLes deux passionnés d’histoire sont intarissables sur le sujet (saviez-vous que la Bérézina est en fait une victoire française ?). D’un humble monument, ils recréent tout un monde. "Même une petite tombe comme ça mérite d’être conservée. Ce sont des gens qui ont fait la France, défend Jean-Jacques Berry. Aujourd’hui, ça n’intéresse personne mais peut-être que dans quelques années il y aura des thèses !"
Peut-être aussi qu’à la lecture de ces lignes, quelques anciens enfants nuls en histoire auront le goût de rouvrir leurs livres de classe.
Louise Llavori
Pratique. Si vous avez connaissance d’un monument napoléonien en Auvergne, contactez le 06.62.00.23.96 ou le 06.07.30.58.09.