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Ноябрь
2024

Des salariés de l'association Viltaïs, en difficulté financière, dénoncent un "mal-être" au travail

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Ils ne sont pas nombreux, les grévistes devant le siège de Viltaïs, rue de la Fraternité à Moulins, ce mercredi 30 octobre automnal et frisquet. Ils sont cinq (six déclarés grévistes). Dans la journée, « d’autres personnes ont pu passer pour manifester leur soutien », compte Anne-Marie Reboux, déléguée syndicale CFDT santé sociaux 03 et secrétaire au CSE, l’instance de représentation du personnel dans l’entreprise.

« Contrats non conformes »

« Mais surtout, j’ai reçu de nombreux mails de salariés, de soutien, ou qui expriment leur mal-être au travail ». Et dans la nuit de mercredi à jeudi, l’un d’entre eux avait prévu de rester devant le siège de l’association, rue de la Fraternité à Moulins et « d’arrêter de s’alimenter ». Frédéric Martin, chef de la sécurité et des surveillants de nuit des trois sites de l’agglomération (Zenaïs à Trévol, le CHRS et la Tour Anima à Moulins), lui aussi représentant syndical CFDT au CSE, se plaint d’avoir été « rétrogradé du jour au lendemain » : « J’ai été nommément visé dans un mail, accusé d’avoir été l’instigateur d’insultes et propos diffamants. Je paie sans doute le fait que je défends mes camarades surveillants de nuit ».Qui se demandent « pourquoi ils n’ont pas eu de repos compensatoires » et « pourquoi ils arrivent à un fixe plus faible que le Smic s’ils enlèvent les primes », soulignent trois d’entre eux. Ce qui fait dire à la CFDT que « de nombreux contrats et fiches de paie ne sont pas conformes ».

Donc peu de grévistes (une « faible mobilisation » soulignée par le groupe SOS Solidarités et Viltaïs), mais « des boules au ventre ». Anne-Marie Reboux, qui dit alerter sur « ce qui ne va pas depuis des années » fait la liste des griefs actuels : des salariés (dont elle-même) se disent victimes de « pressions » et de « harcèlement moral », « de la part de la direction et de cadres de Viltaïs », voire de « mises à pied conservatoires sans cause réelle et sérieuse », de « ruptures conventionnelles non souhaitées » : « Au moins quatre dossiers sont chez notre avocat, entre autres pour délit d’entrave à une instance représentative du personnel ».Mobilisés. Devant le siège de Viltaïs rue de la Fraternité à Moulins. Photo Séverine TREMODEUX

« A bout de souffle »

Au vu « des difficultés financières de Viltaïs », la CFDT craint qu’un « plan social et économique déguisé » soit en cours : « En France, nous étions plus de 320 avant l’été et nous sommes aujourd’hui 289 à être référencés dans notre logiciel ». Des salariés, « à bout de souffle », « épuisés », « surchargés », « maltraités », « isolés des infos », témoignent aussi (dans des mails que nous avons pu lire) du désarroi dans lequel ils sont, « dans le flou », quant à l’avenir de la boîte et leur emploi. Ils soulignent le « manque de transparence », de « moyens humains » et « financiers » au quotidien, devant se « débrouiller », « sans avance permanente », sans oublier des « fiches de poste qui ne correspondent pas au réel ». Et une question : « comment accompagner au mieux nos résidents dans ces conditions ? »

« Nous n’envisageons pas de plan de sauvegarde de l’emploi »

En réponse par mail, Viltaïs et le Groupe SOS Solidarités ne font ne font pas le même décompte : « Aujourd’hui, 314 salariés travaillent au sein de l’association Viltaïs. La baisse des effectifs des derniers mois est principalement liée à des fins de CDD et quelques départs ». Les deux structures soulignent le « professionnalisme et la « qualité de travail des équipes de terrain face aux difficultés rencontrées par l’association ces derniers mois ». Et « réaffirment leur engagement commun en faveur de la transparence et pour un dialogue social de qualité avec les instances représentatives du personnel et les salariés ».Pour preuve, ces deux dernières réunions : avec le CSE jeudi 17 octobre et « le lendemain, avec l’ensemble des salariés de l’association », comme il s’y étaient « engagés en juillet », face aux éventuelles inquiétudes, parfaitement légitimes, liées à la santé financière de l’association et au départ de son directeur général ». Au menu, « les impératifs de rigueur budgétaire, les audits réalisés et la réorganisation de l’association ».

Et cette annonce : « Nous avons été très clairs sur le fait que nous n’envisageons ni plan de sauvegarde de l’emploi, ni fermeture (*), en dehors du centre social Nelson-Mandela [Isère], dont les subventions ont été arrêtées, et de l’activité moto. Nous accompagnons actuellement les deux salariés de l’écurie, porteurs de la reprise, dans la construction de leur projet ».

Sur le harcèlement : « À ce jour, nous n’avons pas connaissance de faits de harcèlement avérés au sein de l’association. Toute plainte potentielle, y compris pour des sujets relevant de difficultés entre salariés, fait l’objet d’une alerte au CSE et d’une mobilisation de la référente. Toute situation serait traitée dans le cadre d’une enquête rigoureuse, car de tels comportements ne sont ni acceptés ni acceptables ».(*) Une solution provisoire a été trouvée, cet été, pour continuer la restauration, au campus universitaire de Moulins, après que Viltaïs ait annoncé résilier le contrat. Viltaïs continue finalement pour un an.

Mathilde Duchatelle