Joséphine Goube : de l'association Européenne Sistech à la Fondation Obama, une voix pour les femmes réfugiées

" Je voulais agir car ma colère était immense. On parle de personnes compétentes condamnées à la précarité sociale et professionnelle parce que jugées "réfugiées". " À travers ces mots, Joséphine Goube résume l'engagement qui l'anime depuis sa vingtaine : offrir à ces femmes réfugiées la chance de se reconstruire professionnellement, socialement et humainement. Fondatrice de Sistech, organisation qui oeuvre à l'intégration de réfugiées dans le secteur technologique, Joséphine Goube n'avait à l'origine qu'une idée en tête : prendre le contre pied des préjugés. Sept ans après la création de l'organisation, l'entrepreneure voit son travail récompensé. Elle intègre dès cette année la Fondation Obama, un programme scolaire en collaboration avec l'Université de Columbia destiné à des leaders du monde entier qui font bouger les lignes. 

L'évolution de Sistech : un combat pour l'inclusion sociale 

Depuis 2017, Sistech soutient l'émancipation professionnelle des réfugiées dans les métiers de la tech et du numérique en Europe, d'abord en France et, depuis 2021, en Italie et en Grèce. A travers son organisation, Joséphine Goube ne se contente pas de former ces femmes à des métiers qualifiés et met en place un soutien complet : gardes d'enfants, frais de transport, ordinateurs, connexion internet, et même un accompagnement psychologique. " Ces femmes ne sont pas des héroines, elles n'ont pas choisi leur sort. Elles veulent juste retrouver une vie ordinaire ", affirme-t-elle. Cette organisation européenne à but non lucratif, aide à surmonter non seulement un passé traumatique, mais aussi les stéréotypes de genre qui pèsent sur elles. Avec des partenaires dans toute l'Europe, Sistech ouvre à ces femmes des portes dans la tech, un secteur qui leur était jusqu'alors très peu accessible.   

Une reconnaissance internationale qui marque un tournant 

La sélection de Joséphine Goube par la Fondation Obama représente une reconnaissance internationale de son travail. " C'est très prestigieux, on est douze à être retenus parmi 3 000 candidats ", raconte-t-elle. Pour l'originaire du Nord de la France, cette opportunité à l'Université de Columbia est une façon de donner encore plus de visibilité à sa cause. Mais surtout, elle souhaite y rencontrer des entreprises de la tech et des philanthropes pour renforcer Sistech sans dépendre des financements publics européens, qu'elle juge contraignants par rapport aux réalités de terrain. " Ici, aux États-Unis, les personnes aux postes de responsabilités sont accessibles et ouvertes à partager leurs savoirs pour bénéficier aux autres. Par exemple, j'ai eu l'opportunité d'assister au cours de l'ancien maire de Philadelphie qui nous explique comment il a réussi à deux reprises à se faire élire alors que rien n'était joué d'avance, tout au contraire ", souligne-t-elle. Ce programme lui permet de bénéficier d'une bourse d'études d'un an et constitue également une étape pour affiner sa vision d'une inclusion des personnes réfugiées à grande échelle, où l'impact est au coeur de l'action.   

Sistech, un modèle d'impact social concret   

 

Aujourd'hui, le succès de Sistech se mesure à travers les parcours des femmes qu'elle accompagne. Joséphine Goube explique que 71 % d'entre elles du programme trouvent une voie professionnelle dans un métier du numérique à la fin du programme. Souvent surqualifiées mais reléguées à des postes subalternes, elles retrouvent dans la tech une chance de s'épanouir. " Les employeurs recrutent ces femmes non pas parce qu'elles sont réfugiées, mais pour leurs compétences. La reconnaissance des diplômes est un grand problème. Je rencontre des femmes qui étaient docteur, procureur dans leur pays et ici en Europe, elles sont contraintes d'être femmes de ménage ou caissière. ", précise-t-elle. Dans un secteur où l'adaptation, la connaissance d'autres marchés et la diversité sont des atouts majeurs, Sistech montre que l'inclusion sociale et professionnelle n'est pas un simple concept, mais bien un générateur de richesses et d'atouts stratégiques pour les entreprises. 

 

Cet article a été publié initialement sur Big Média Joséphine Goube : de l'association Européenne Sistech à la Fondation Obama, une voix pour les femmes réfugiées