Condamné après un déchaînement de violences sur sa compagne dans le Puy-de-Dôme
Ce jeudi après-midi, la victime a trouvé le courage d’aller jusqu’au tribunal clermontois. Mais elle n’a pas eu la force de pénétrer dans la salle d’audience et de croiser le regard de son compagnon, derrière le box vitré.
Jugé en comparution immédiate pour des violences exercées sur elle, dans la nuit du 27 au 28 octobre, à Chastreix, cet homme de 40 ans ne découvrait pas cette enceinte judiciaire : il a en effet déjà été condamné, il y a quatre ans, exactement pour les mêmes faits, commis sur la même victime, qui souffre par ailleurs d'une maladie handicapante (2)…
Il la frappe, l'insulte... puis se rendort"Mon problème, c’est l’addiction à l’alcool", insiste rapidement David Richard, comme pour tenter de justifier l’injustifiable. Quelques heures avant les faits, il avait ainsi consommé 1,5 litre de bière forte.
Lorsque sa compagne rentre à son domicile, qu’elle partage avec le prévenu, vers 1 heure du matin, ce 28 octobre, après une soirée passée avec des amis, le quadragénaire, ivre, ne supporte visiblement pas d’être dérangé dans son sommeil. Il l’insulte, la roue littéralement de coups, lui jette une lampe, casse son téléphone portable… puis finit par se rendormir.
La victime, en sang, parvient à quitter sa maison une heure plus tard. Elle finira par pousser les portes de la brigade de gendarmerie de La Bourboule, en tout début de matinée. Couverte de plaies et d’hématomes, notamment au visage et à la tête, elle sera rapidement dirigée vers le CHU clermontois, où un médecin légiste estimera son ITT à cinq jours.
Plus intéressé par son travailque par l'état de santé de la victimePendant ce temps, après avoir en vain tenté de le joindre par téléphone, les gendarmes finissent, vers 11 heures, par interpeller le conjoint, qui leur donne d’abord une fausse identité. N’ayant apparemment gardé qu’un vague souvenir des violences nocturnes, il avait trouvé plus urgent, après son réveil, de se rendre à son travail que de s’enquérir de l’état de santé de sa conjointe…
Depuis le box, ce jeudi, sans vraiment donner l’impression de s’intéresser au sort de la victime, il s’engage "à ne plus la voir".
" J’ai rarement vu, dans un dossier de violences conjugales, une femme aussi amochée", a confié la procureure de la République, Dominique Puechmaille, tout en relevant "l’absence de remise en question sincère et sérieuse " du prévenu. Elle a requis deux ans de prison, dont six mois assortis d’un sursis probatoire pendant deux ans, avec maintien en détention.
Pour Me Laure Vaillant, en défense, "outre celle de son rapport pathologique à l’alcool se pose aussi la question de ses accès de violence". "Il faut bien sûr mettre un coup d’arrêt à ce comportement, mais surtout lui imposer des soins ".
Christian Lefèvre
(1) Deux ans, dont dix mois assortis d’un sursis probatoire pendant deux ans, avec obligation de soins. Il lui est également interdit de contacter la victime et de paraître à son domicile pendant trois ans. Incarcéré depuis le 30 octobre, il a été maintenu en détention. Enfin, il devra lui verser 409 euros au titre du préjudice matériel (le téléphone cassé) et 2.500 euros au titre du préjudice moral.
(2) Ce qui constitue une circonstance aggravante dans les violences commises, tout comme son état d'ivresse au moment des faits.