Nous avons testé le parcours mémoriel Marx Dormoy à Montluçon, une leçon d'histoire en mode 2.0
Pour un nouvel arrivant dans la cité des bords du Cher, le nom de Marx Dormoy n’évoque assurément pas grand-chose. Au mieux le vague souvenir d’un ancien ministre de l’Intérieur du Front populaire luttant vigoureusement contre la Cagoule.
Dans l’ombre de Léon Blum, celui qui fut maire de Montluçon de 1926 à 1940 a pourtant fait partie des 80 parlementaires qui ont refusé les pleins pouvoirs au maréchal Pétain en juin 1940. À la tête de la ville, il a également œuvré pour améliorer les conditions d’éducation, d’hygiène et de santé de ses administrés. C’est cette histoire que l’association Montluçon patrimoine a choisi de retracer d’une façon originale à travers un parcours découverte.
Le jardin WilsonMuni d’un smartphone et après avoir téléchargé une appli de type scanner, direction le jardin Wilson, au pied du MuPop. Il est 8 h 30. Un joggeur s’échauffe autour de l’îlot central proche de l’aire de jeux réservée aux enfants. La plaque portant le QR code se trouve à l’entrée. Un coup de scan. Un lien s’affiche et renvoie sur le site de l’association. On y apprend, entre autres, que, le 14 juillet 1939, Marx Dormoy inaugure ce que l’on appelait alors les jardins étagés des remparts. Lui qui considérait qu’il ne pouvait y avoir « de belle ville sans jardin ».
Muni de votre smartphone, il suffit de scanner le QR code pour obtenir des informations sur les réalisations de Marx Dormoy dans la ville
La deuxième étape nous emmène sur la rive gauche. Bientôt 9 heures. Il n’y a pas foule sur les trottoirs de l’avenue de la République. Encore quelques centaines de mètres avant de se poser square Henri-Dunant face à l’entrée du bâtiment de la direction de l’eau et de l’assainissement de Montluçon communauté. Il y a près de cent ans, c’est ici que Marx Dormoy fit construire deux ensembles de bains-douches. Car, à l’époque, nous explique Montluçon patrimoine, « la plupart des logements n’avaient pas de salles de bains ou de cabinets de toilette ».
Après un passage sous le pont supérieur, le parcours propose un troisième arrêt rue Mazagran. La plaque portant le QR code est apposée près de la grille en fer de l’école primaire Émile-Zola. Comme une illustration de la politique menée en matière d’éducation par l’ancien maire de Montluçon dans les années 30 pour répondre à « la croissance démographique extrêmement rapide que connaissait alors la ville ».
Un orphelinat et une crècheRetour sur nos pas. Direction rue Jean-Billaud via l’avenue Jean-Nègre où, ce matin-là, des engins de chantier refont le macadam. 72, 54, 36… Les numéros défilent. C’est dans la partie basse de la rue que se trouve l’unité médico-psychologique du centre hospitalier de Montluçon-Néris. Des locaux inaugurés en janvier 1928 qui accueillaient alors un orphelinat, une crèche et une maternité. « Après une année de fonctionnement, elle avait déjà accueilli 137 femmes dont 23 mères célibataires », indique l’association Montluçon patrimoine.
Bientôt 10 heures. La leçon d’Histoire est loin d’être terminée. L’avenue Jules-Guesde et son flot incessant de véhicules nous guident vers le groupe scolaire Paul-Lafargue, une des nombreuses réalisations de l’architecte Pierre Diot. Une fois scannée, la plaque fixée à gauche de l’immense porche nous apprend qu’à l’époque de sa construction, en 1934, l’établissement possédait une piscine intérieure de douze mètres par six alimentée par de l’eau chaude !
Une baguette de pain sous le bras, un retraité vient s’asseoir sur un banc, à l’ombre d’un orme. Bienvenue à la cité des Guineberts, notre sixième arrêt du parcours mémoriel. Construits en 1934 à proximité de l’avenue du président Auriol, ces logements, baptisés HBM, ont permis à des centaines d’ouvriers venus travailler dans les usines montluçonnaises de bénéficier de l’eau courante, du gaz, de l’électricité et de WC intérieur.
Hygiène et santéNos pas se font plus lents. Il est pratiquement 11 heures. À proximité du pont du Châtelet, inauguré par Marx Dormoy le 14 juillet 1939, un homme aux cheveux grisonnants lance sa canne à pêche dans les eaux du Cher. Pas le temps de taper la discute, il nous faut rejoindre le numéro 67 du quai Rouget-de-l’Isle. À cette adresse, l’ancien maire de Montluçon a fait construire un dispensaire d’hygiène sociale afin de « lutter contre les maladies et favoriser l’abaissement du taux de mortalité ».
La promenade touche à sa fin. Reste à dénicher les deux dernières plaques. Fixée à l’entrée de l’esplanade du château des ducs de Bourbon, la première est facilement repérable. La deuxième, en revanche, est introuvable. Installée l’été dernier sur les grilles de l’ancienne école Anatole-France, elle n’a pas survécu aux engins de terrassement qui œuvrent actuellement sur le chantier de la future Maison des aînés. « Mais rassurez-vous, nous avons récupéré la plaque. Nous la conservons au chaud et nous la réinstallerons lorsque les travaux seront terminés », assure Andrée Rouffet-Pinon, membre de l’association Montluçon patrimoine.
Martial Delecluse