Comme le reste de la Pro D2, le Stade Aurillacois doit réapprendre à gagner à la maison
Le cri de joie du vestiaire aurillacois, libérateur, a fait vibrer les couloirs du stade Guy-et-André-Boniface de Mont-de-Marsan, vendredi, après la victoire du Stade, enfin, à l’extérieur.
Mais étonnamment, quelques minutes plus tard, en conférence de presse ou au moment de remonter dans le bus, staff et joueurs avaient déjà dans la tête et dans leurs mots, la suite de ce championnat rude, long et homogène. « On était confiant, on était fier mais on n’était pas dans l’euphorie, analyse l’entraîneur Roméo Gontinéac. On aurait pu exploser de joie et faire n’importe quoi mais j’ai trouvé les joueurs assez humbles. Conscients qu’on avait juste récupérés les points qu’on avait perdus à la maison. »
Car rester maître chez soi n’est plus une mince affaire. Ni pour Aurillac ni pour personne. Depuis le début de la saison, 20 des 64 rencontres de Pro D2 se sont soldées par une victoire de l’équipe en déplacement. L’an passé, au même moment, il n’y en avait que 9. Surtout, 13 équipes ont déjà gagné loin de leur base contre 6 l’an passé. Et, pour être complet sur les chiffres, seules 5 équipes restent invaincues à la maison après 8 journées.
Qualité, profondeur, ambition…Un changement difficile à expliquer, même si Masterson et Gontinéac s’y sont essayés en conférence de presse. « La qualité de la Pro D2 monte année après année, explique le deuxième ligne. C’est le très très haut niveau. Il y a beaucoup de joueurs internationaux, avec de l’expérience. En Irlande, beaucoup de joueurs veulent venir en France, en Top 14 ou en Pro D2. Il y a beaucoup de profondeur. »
Plus de profondeur donc plus de qualité lorsque les équipes font tourner à l’extérieur. « Il y a aussi des équipes qui font moins tourner, qui essayent d’être compétitives tous les week-ends et c’est payant », analyse pour sa part Gontinéac qui souligne aussi que les équipes « s’étudient plus ».
L’entraîneur pointe également un autre aspect : l’arbitrage « qui est plus rigoureux, pointu, pro » et qui influerait donc moins sur les rencontres selon lui.
"Ne pas se mettre la pression mais se révolter"Toujours est-il, et peu importe les raisons de ces difficultés générales à domicile, Aurillac a déjà chuté deux fois, dont une fois face au promu niçois, preuve que n’importe quelle équipe peut venir jouer les invités trouble-fêtes.
Paradoxalement, Oyonnax, relégué de Top 14 et cité parmi les favoris avant le début de saison, fait partie des trois équipes qui n’ont toujours pas gagné loin de chez elles. « Certainement que d’ici la mi-saison on verra Oyonnax avec un autre visage, tempérait Gontinéac. Les joueurs savent qui on va jouer vendredi. »
Ils savent aussi que, malgré la victoire dans les Landes, ils sont encore scotchés à la quinzième place et que ce résultat doit être confirmé à Jean-Alric pour ne pas rester qu’un joli coup d’éclat dérisoire. « On s’est loupé deux fois à domicile, résume Gontinéac. Il faut qu’on se mette dans la tête que lorsque tu joues à la maison, c’est comme si quelqu’un rentrait dans ta maison personnelle et essayait de te braquer, de te voler quelque chose. C’est dans cet état d’esprit qu’on doit réagir. Ne pas se mettre la pression, mais, au contraire, se révolter. » Et empêcher les invités de repartir avec les points mis en jeu dans le Cantal.
Mathieu Brosseau