Avec "Première", le centre d'art contemporain de Meymac ouvre ses portes aux jeunes diplômés d'écoles d'art
Deux expositions en une, comme le veut la tradition automnale au centre d’art contemporain de Meymac : au rez-de-chaussée de l’abbaye Saint-André, comme un appel au voyage, les peintures de Romain Bernini - certaines ont été réalisées au Cambodge. De grandes toiles aux couleurs franches, des jeux de regards entre des personnages (presque) grandeur nature et des animaux exotiques.
Une série qui interroge sur la communication entre l’humain et l’animal, et notre rapport au lointain. Des plans très serrés sur des yeux semblent nous suivre et interpellent.Portrait d'aras par Romain Bernini.
Dans les étages, l’exposition « Première », 30e du nom, poursuit son œuvre de découverte des talents émergents. Dix-sept artistes, fraîchement diplômés d’écoles d’art en France et au Portugal (*) croisent leurs créations, questionnent leurs pratiques et interrogent le public sur des thématiques intimes ou d’actualité : notre rapport au monde, aux autres, au temps, et notre imaginaire.
Ambiguïtés humainesAvec ses élévations en céramique, Hyein cherche à réconcilier notre impuissance et notre vitalité. Les compositions de bois, verre soufflé et poudre d’os d‘Helena explorent les interconnections qui nous pénètrent et nous relient. Les sculptures en poils de chien de Cristina évoquent notre quête de bien-être et de consolation.
Des souvenirs et de nos imaginaires, il est question dans les beaux dessins en noir et blanc, constellés de couleurs vives, de Cygny ; une sorte de journal intime saisi au pied de son lit ou sous la douche. Dans les dessins pointillistes au marqueur Posca de Joao, dans la galerie de portraits et les mondes animés préfigurant les personnages du roman de Chris.Imaginaire carnavalesque de Thibaud Gouez.
Ou encore les toiles grand format de Fredrik et Thibaud, qui voisinent au dernier étage du centre d’art. Des toiles aux traits faussement enfantins, carnavalesques ou horrifiques, qui convoquent la richesse de nos imaginaires et des mélanges qui bricolent nos identités. Moins dérangeante, la relecture par Marius de la comptine Pirouette Cacahouète, ses mots et ses matières.
La nature en questionLa nature, admirée ou consommée, est omniprésente. De salle en salle, résonne la méga vague de Nazaré, au Portugal, à laquelle Ricardo rend sa puissance originelle. Lou Lolita recrée, en céramique et mousse expansée, des grottes et concrétions.Quand les personnages d'un roman prennent forme, par Chris Paquentin?
De politique et d’engagement, il est question dans les maquettes d’Alexandre. Que gardons-nous de l’actualité ? Il l’explore en modèle réduit. Amandine, sur une thématique maritime, expérimente la transformation des déchets, quand Francisco mêle pelleteuse et balançoire dans une étrange machine digne de De Vinci, pour critiquer le capitalisme et l’exploitation des éléments. L’intelligence artificielle est au cœur des installations vidéo de Maëlle.
Tout un bouillonnement créatif qui ne demande qu’à exploser…
(*) Les écoles d'art d'Angoulême-Poitiers, Bourges, Clermont-Ferrand et Limoges en France, Caldas da Rainha et Lisbonne au Portugal.
Expositions « Première » et Romain Bernini, jusqu’au 12 janvier 2025, du mardi au dimanche de 14 heures à 18 heures (sauf 24, 25, 31 décembre et 1er janvier).Récital de violoncelle de Marion Frères, samedi 7 décembre à 17 heures. Issue du conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris, la violoncelliste jouera Bach (3e suite en do majeur), Dutilleux (Trois strophes sur le nom de Sacher), Crumb (Sonate pour violoncelle seul) et Amoyel (Itinérance).
Blandine Hutin-Mercier