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Октябрь
2024

Assemblée : bloqué sur les retraites, le RN veut imprimer sur le régalien

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Le couperet était attendu : comme en 2023 lors d'une journée de textes réservée au groupe Liot, la présidente de l'Assemblée Yaël Braun-Pivet s'est opposée mercredi à des amendements visant à rétablir l'article-clé de la proposition RN d'abrogation de la réforme des retraites, repoussé en commission.

Pour ce faire, l'entourage de Yaël Braun-Pivet a invoqué sa "constance" et son "strict respect" de l'article 40 de la Constitution, qui empêche théoriquement les députés de gréver les finances publiques. "Elle n'est finalement que la clé de voûte du parti unique qui va de Jean-Luc Mélenchon à Laurent Wauquiez", a rétorqué Thomas Ménagé, auteur du texte.

Il montera tout de même à la tribune peu après 9H00 pour ouvrir les débats sur le texte réduit à peau de chagrin, et lancer la journée réservée de son groupe qui se terminera à minuit pile.

"Il y aura un temps de parole pour débusquer l'hypocrisie des gauches qui (...) ont volontairement saboté cette loi pour faire la leur", a lancé mercredi Jean-Philippe Tanguy, président délégué du groupe.

Car le Nouveau Front populaire et le groupe d'extrême droite sont engagés depuis des semaines dans une bataille politico-médiatique pour être la première force à faire passer un texte pour abroger le passage de l'âge légal à 64 ans, les Insoumis ayant inscrit le leur dans leur "niche" du 28 novembre.

Le NFP accuse le RN de mentir sur ses intentions de revenir sur la réforme, et assure que seule la gauche pourrait faire vivre la navette parlementaire, avec ses journées réservées au Sénat. "Derrière la façade, il n’y a aucune volonté d'abroger la réforme", a encore affirmé le premier secrétaire du PS Olivier Faure.

A l'inverse le RN accuse ses adversaires de sectarisme en choisissant pour la plupart de ne pas soutenir son texte. "Nous, on votera l'abrogation proposée, d'où qu'elle vienne", a insisté M. Tanguy.
Un oeil à droite
Passées les explications de texte avec la gauche, le RN ouvrira un autre chapitre sur le régalien, le regard cette fois tourné vers la droite et les réactions des ministres de Michel Barnier, issu de LR. "La question sera : quelles sont les positions des ministres ?", a insisté Jean-Philippe Tanguy.

Le RN proposera notamment d'assouplir les conditions d'expulsion de certains délinquants étrangers, et d'instaurer des peines planchers pour certains crimes et délits.

Toujours soucieux d'obtenir des victoires idéologiques, le parti lepéniste entend obtenir des voix du groupe Droite républicaine (ex-LR) de Laurent Wauquiez... qui ne compte pas rechigner à soutenir ces deux textes.

"Contrairement à d'autres on ne se ridiculise pas à voter contre un texte qu'on aurait pu écrire, voire qu'on a déjà écrit dans le passé", assume une source au groupe. "Ces propositions politiques sont bien les nôtres et le RN n'en a pas la paternité", abonde le député Philippe Gosselin, contacté par l'AFP.

Et la position de la droite pourrait encore fragiliser la coalition gouvernementale avec les macronistes. "On aurait un problème de cohérence si les députés DR votent des textes du RN. J'espère qu'ils ne le feront pas", a déclaré à l'AFP la porte-parole du groupe macroniste EPR Marie Lebec.

D'autant que sur le papier, certains alliés chez Horizons (parti d'Edouard Philippe) pourraient aussi voter le texte sur les peines plancher, mais seulement si leurs amendements de révision du périmètre du texte sont adoptés.

En plus de ces textes régaliens, le RN proposera de supprimer le critère de diagnostic de performance énergétique (DPE) pour la location d'un logement, un texte plus technique sur le régime de gestion des barrages hydroélectriques ou encore d'instaurer l'exonération d'impôt sur le revenu des médecins et infirmiers en cumul emploi-retraite.

Avec un oeil sur l'affluence, pour éventuellement profiter d'un manque de présence de ses adversaires et faire enfin passer une loi dans l'hémicycle, qui pourrait être clairsemé en fin de journée et à la veille d'un jour férié.