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Октябрь
2024

Quand les moulins étaient dans le vent... A Moulins

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Depuis l’Antiquité, les moulins hydrauliques permettent aux hommes d’utiliser la force motrice de l’eau pour broyer des denrées et créer farines et huiles.L’existence d’une multitude de cours d’eau affluents de l’Allier et de la Loire a permis une concentration de moulins importante sur le territoire du Pays d’art et d’histoire de Moulins Communauté (Allier) au fil des siècles. Si beaucoup ont disparu, certains témoignent encore de cette histoire de la meunerie et de l’huilerie, à l’image des moulins du Veurdre, Toulon-sur-Allier, Pouzy-Mésangy, Châtel-de-Neuvre et Bressolles.Maryse Durin-Tercelin, chercheur au service Inventaire et Patrimoine culturel de la Région Auvergne-Rhône-Alpes, service qui recense et fait connaître les éléments du patrimoine immobilier et mobilier de la France, concentre actuellement son travail d’inventaire topographique sur 14 communes du val d’Allier, de Château-sur-Allier à Contigny.Elle donnera une conférence sur les moulins du val d’Allier, dans le cadre des Jeudis de l’architecture, le 7 novembre, au Veurdre.

Travail sur des cadastres, archives...

 

Maryse Durin-Tercelin a retrouvé la trace d’une quarantaine de moulins sur le territoire de l’agglo de Moulins. « Oui, il y avait beaucoup de meuneries en raison des nombreux affluents de l’Allier », explique-t-elle.

« Un petit ruisseau pouvait porter à lui seul plusieurs moulins. J’ai travaillé sur des cartes anciennes, archives et d’anciens cadastres, comme la carte de Cassini. Ces documents montrent qu’on comptait une quarantaine de moulins, sur le secteur, au début du XIXe. Au milieu du siècle, les techniques de meulerie évoluent, on reconstruit donc beaucoup autour de 1850. Grâce à la meule permettant de broyer le grain, on sait alors trier les graines, ce qui permet de passer du pain noir au pain blanc. “Du pain de bourgeois”, comme disait Émile Guillaumin. Plus tard, on remplace les meules par des broyeurs et on passe à la minoterie. Aujourd’hui, une seule est encore en fonctionnement, la minoterie Bernatot, à Bressolles. Celles-ci sont d’une façon générale extrêmement rares, par rapport à la quantité de moulins qui existaient ».

Du pain noir au pain blanc

Lionel Villerot, directeur de la minoterie Bernatot, vente de farines aux professionnels et particuliers. Archives François Xavier Gutton

À Toulon-sur-Allier, un moulin devenu minoterie subsiste. « C’était une propriété familiale depuis 1926. Le propriétaire, aujourd’hui décédé, l’avait remis en état de fonctionnement », explique la spécialiste. « Beaucoup ont été transformés en habitations privées. Et les machines, à l’intérieur, ont été enlevées. Celles d’un moulin de Châtel-de-Neuvre ont ainsi été déplacées à Hérisson, au moulin Butoir, qui se visite. Au Veurdre, la propriété d’un ancien moulin a été transformée en gîte… »

Aménagements hydrauliques

La chercheuse s’est aussi intéressée à l’architecture et aux aménagements hydrauliques subsistants. « Un moulin, cela signifie toute une série de travaux, des étangs, des biefs qui rapportent de l’eau, avec un système de vannes. L’usage de l’eau était déjà très réglementé, à l’époque ». Côté bâti, « les sous bassements étaient en pierre de taille, comme à Pouzy, où on a reconstruit sur une première construction. Parfois, on a fait appel à un architecte pour réaliser un bel édifice ».Et Moulins ? La ville ne fait pas partie de l’étude en cours. Mais il ne subsiste ici aucun vestige de ce passé pas si lointain, bien que la cité tire son nom de ces techniques ancestrales.

Ariane Bouhours

Pratique. -Les moulins du val d’Allier (nord), conférence de Maryse Durin-Tercelin, chercheur au service Inventaire et Patrimoine culturel de la Région,  jeudi 7 novembre, 19 heures, salle polyvalente du Veurdre. - Le canal latéral à la Loire, conférence d’Antoine Estienne,  guide-conférencier du Pays d’art et d’histoire de Moulins Communauté,  jeudi 21 novembre à 19 heures, salle polyvalente de Gannay-sur-Loire.- Gratuit, réservation indispensable auprès du Pays d’art et d’histoire patrimoine@agglo-moulins.fr, 04.63.83.34.12 ou de l’Office de Tourisme sur le site moulins-tourisme.com, onglet boutique. L’Inventaire général du patrimoine culturel. Créé en 1964 par André Malraux, c'est un service de recherche et de documentation décentralisé en régions.  Il vise à recenser, étudier et faire connaître les éléments du patrimoine immobilier et mobilier de la France, de l’Antiquité à la période contemporaine, qui présentent un intérêt culturel, historique ou scientifique. L’inventaire développe une méthode scientifique nationale pour ses enquêtes de terrain, et constitue peu à peu la plus importante documentation historique et iconographique jamais rassemblée sur l’ensemble du patrimoine français, architectural et mobilier, « de la petite cuillère à la cathédrale ».En Auvergne-Rhône-Alpes, deux équipes, d’une dizaine de personnes à Clermont-Ferrand, et une autre à Lyon, étudient les usines comme les hôtels particuliers, les bergeries comme les lycées... Maryse Durin-Tercelin est ainsi actuellement chargée du nord du val d’Allier.  Le centre de documentation, à l’Hôtel de Région de Clermont-Ferrand, accueille les visiteurs sur rendez-vous.  Les dossiers de l’Inventaire sont consultables :  https://patrimoine.auvergnerhonealpes.fr/