Quand presse trépasse
Bien au chaud dans nos bulles. Il paraît même que les migrants mangent des chiens et qu’il est conseillé de s’injecter du désinfectant contre le Covid… On peut leur reconnaître cette ostensible qualité, les algorithmes savent nous dorloter, nous conforter, nous murmurer à l’oreille nos opinions pour qu’elles deviennent ainsi des vérités, mais tout cela n’a que l’apparence de la douceur. Car ici s’ébauche la spirale de la radicalisation. Nous commençons tout juste à mesurer comment nos modes de production et de consommation de l’information ravagent la démocratie, qui ne peut vivre sans une exigence de qualité. Or, aujourd’hui, opinion, information, et désinformation se mélangent sans hiérarchisation, avec une prime à l’émotion et à l’outrance. Pourquoi ? Parce que les messages d’information, surabondants, sont en compétition non plus éditoriale, mais économique. Ce que certains journaux appellent la neutralité relève bien davantage d’une forme de lâcheté. Car, non, tout ne se vaut pas. Aujourd’hui, c’est un défi d’informer, cela demande beaucoup de courage, mais c’est le prix à payer pour regagner la confiance.
l’éditorial
Florence Chédotal