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Октябрь
2024

La Dore dit enfin adieu aux vestiges des années soixante néfastes à l'environnement

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Les couleurs d’automne ne sont pas les seules à avoir modifié le paysage qui entoure le pont sur la Dore, entre Thiers et Peschadoires. Le grand chantier qui a démarré à la mi-juillet touche à sa fin.

D’abord, les blocs de béton qui sortaient de la rivière depuis la fin des années 1960 ont enfin disparu. Ils constituaient une partie du barrage qui, à l’aide de ballons gonflables, devait former un plan d’eau sur la Dore. Ce projet de base de loisirs, construit en 1968-69 par la commune de Thiers, n’avait finalement jamais fonctionné. Mais il avait laissé ces vestiges dans la rivière, obstacles à la circulation des poissons.

La démolition de ces 400 m3 de béton n’a pas été une mince affaire. "On ne savait pas du tout comment le seuil était fait, on a découvert de la ferraille", retrace Gaëtan Michallet, directeur de travaux à la Forézienne (Eiffage).

L’entreprise avait remporté l’appel d’offres lancé par le Parc naturel régional Livradois-Forez, qui pilote ce chantier. "On a mis des capteurs sur les habitations : on n’a pas relevé de vibrations sur les maisons", ajoute-t-il.Le chantier a aussi dû faire face aux aléas climatiques. "Nous avons subi deux ou trois crues, reprend Gaëtan Michallet. Nous avons pris dix jours de retard suite à ces intempéries."

Restauration des deux berges

Au cours des derniers mois, les deux berges ont aussi été remodelées. Elles aussi portaient les stigmates du projet de plan d’eau. "Côté Thiers, nous avons refait le pied de la berge pour qu’elle ne bouge pas, explique Sylvain Saxer, chargé de mission au Parc Livradois-Forez. Sous ces cailloux plus ou moins gros, se trouvent neuf éperons rocheux."

Les travaux de gros œuvre laisseront bientôt la place à la végétalisation. "La partie pentue de la berge va être confortée avec du génie végétal : on va faire en sorte que la berge soit stabilisée par des plantes hélophytes, comme des iris ou des joncs et surtout par des arbustes, comme des saules arbustifs, décrit Sylvain Saxer. Cela va former un tapis de branches qui aura un pouvoir de dissipation des forces de courant en crue aussi important que celles des rochers."

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Différents habitats créés

La rive gauche, côté Peschadoires, a aussi été transformée. Des bras morts ont été reconnectés à la rivière. Et une partie de la berge a été rendue submersible, ce qui favorise une biodiversité précieuse, typique de ces milieux-là. "Nous avons créé différents habitats, poursuit le chargé de mission. Le haut de la berge, le talus et la banquette submersible. Ce ne sont pas les mêmes végétaux ni les mêmes insectes" qui s’y développent.

Le chantier comprend aussi le déplacement des sédiments naturels : ceux qui ont été prélevés en amont du pont pour ces aménagements seront réinjectés en aval, à un endroit où il en manque. Le lit de la rivière s’était en effet enfoncé à cause des prélèvements de sédiments qui avaient été faits, plus loin dans la Dore, pour alimenter le secteur du bâtiment, entre autres. En 90 ans, le lit s’était creusé sur 2,5 mètres, ce qui pose là aussi des soucis d’ordre écologique. Mais avant de les déplacer, l’entreprise les a d’abord débarrassés de potentielles traces de renouée du Japon, une plante invasive.

Toutes ces manœuvres "ne modifient pas le débordement de la rivière en crue, souligne Sylvain Saxer. La suppression du seuil en béton fait que la Dore débordera moins souvent. Mais cela arrivera quand même. Là où elle pouvait s’étaler avant, elle s’étalera, et là où elle ne pouvait pas, elle ne le pourra toujours pas."

Coût. Les travaux TTC s’élèvent à 595.000 € (620.000 € avec les études). Comme l’opération s’inscrit dans le cadre du Contrat territorial du bassin versant de la Dore et du Contrat vert et bleu du Parc Livradois-Forez, elle bénéficie du maximum de subventions (80 %). Les financeurs : l’Agence de l’eau Loire-Bretagne, l’Europe, via le Feder, les communautés de communes Thiers Dore et Montagne et Entre Dore et Allier (à travers la taxe Gemapi), le Conseil départemental et la Région.

650 actions

À travers le "Grand cycle de l’eau", le Parc naturel régional Livradois-Forez cherche à améliorer la qualité des rivières et ruisseaux du bassin versant de la Dore. Ce, en réponse à une directive européenne qui demande à atteindre au moins un "bon état écologique" des cours d’eau. Entre 2020 et 2025, plus de 650 actions ont été ou seront menées. Dont celle-ci, à Pont-de-Dore, considérée comme "l’opération la plus ambitieuse et d’une ampleur jamais réalisée jusqu’à présent sur le bassin versant de la Dore".

Association

Une trentaine de personnes ont visité le chantier de Pont-de-Dore, jeudi 17 octobre. Il s’agissait de professionnels du milieu aquatique, notamment des animateurs de Contrats territoriaux d’Auvergne. Ils étaient réunis par l’Association Rivière Rhône-Alpes-Auvergne qui organise chaque année ce genre de rencontres sur le terrain accompagnées de conférences. "L’objectif est de partager les connaissances et les expériences", livre Evelyne Montagnon, chargée de mission à l’association. Pour s’inspirer des réussites et éviter les écueils sur leurs chantiers respectifs. 

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Alice Chevrier