Chez les Giraudon, on cultive la terre depuis des générations du côté de Vertaizon
Christophe Giraudon a grandi à la ferme, à Vertaizon. Celle que tenait son père, Pierre, après son grand-père, Joseph. Son arrière-grand-père, un autre Pierre, était déjà dans le métier. Et sans doute d’autres, encore avant. « J’étais destiné à faire ça », lance Christophe.Le grand-père, le père et les deux frères.?Photo collection personnelle
Il prépare un BEP agricole à Marmilhat et, en 1987, il s’installe. « Je travaillais avec mon père, chacun dans sa partie ». L’arrière-grand-père avait commencé à Gerzat, « vers le Patural ». C’est son grand-père, Joseph, qui est venu dans la petite Toscane auvergnate, à Chignat.
« Nous ne faisions que des céréales, du maïs, du blé », se souvient-il. « Et un peu de petites graines, de la salade, du pavot, des radis ». L’exploitation compte aussi quelques vaches et cochons.
Les échalotes grises de Catherine DeneuveDe génération en génération, l’activité se diversifie. Pierre, aujourd’hui âgé de 82 ans, est venu à Vertaizon au début des années 60. Il élevait des moutons et continuait les céréales. Quand il s’installe à ses côtés, en 1987, Christophe se met à produire de l’ail, des échalotes, des oignons. Des commis de ferme, principalement espagnols, viennent leur prêter main-forte. Ils vendent leur production à des grossistes et dans de petites foires. Ou de plus grosses, comme celle de Saint-Jean-Beauregard, en région parisienne. « Pendant vingt ans, j’ai vendu des échalotes grises à Catherine Deneuve », rigole Christophe. Il y croisait Marie-Anne Chazel, Dany Boon...
Au milieu des années 90, Christophe se lance dans la production d’asperges, sur cette terre de Limagne si fertile. La saison est courte, d’avril à juin. Les asperges se ramassent à la main, « tous les jours, quel que soit le temps, qu’il pleuve, qu’il vente, il faut y aller », commente son fils aîné, Alexis.
« Elles sont fragiles et il faut les vendre fraîches », ajoute Christophe. Entre autres marchés et foires, il est une figure bien connue des Clermontois, tant autour du marché Saint-Joseph, le vendredi matin, que de Saint-Pierre, le samedi.Christophe Giraudon au marché Saint-Joseph il y a une dizaine d'années. Photo d'archives Jean-Louis Gorce.
Les Vertaizonais se souviennent, aussi, du petit stand de deux mètres à peine qu’il tenait dans l’allée du château de Chignat (aujourd’hui, il mesure plus de 15 mètres…). « Nous ne faisons que des ventes directes », précise Christophe.En 2011, et parce que chez les Giraudon, ça ne saute pas de génération, Alexis s’installe comme exploitant, après avoir passé un bac agricole à Marmilhat et travaillé deux ou trois ans avec son père. « J’adorais le contact avec les clients », lâche-t-il.
Des fraises « à l’ancienne, pleine terre, au goût d’exception »Alexis Giraudon a développé les fraises.Christophe s’est lancé dans les asperges ; lui, ce sont les fraises qu’il introduit dans l’entreprise familiale. Il fait un tour de France, sélectionne les plus belles variétés, des fraises « à l’ancienne, pleine terre, au goût d’exception ». On les trouve à la belle saison sur les foires et marchés de la région. Et, depuis quelque temps, au Cercle des producteurs.
Trois magasinsCar rien n’arrête la famille Giraudon. Charly, le benjamin de 23 ans, que rien ne destinait au monde agricole, est entré en scène, lui aussi. Un diplôme de gestion et administration des entreprises en poche, il se met à travailler dans le premier magasin que son frère a créé rue Gonot à Clermont-Ferrand (en face du Grand Pavois). Un deuxième ne tarde pas à voir le jour à Cournon, puis un troisième, rue Saint-Genès à Clermont-Ferrand.Trois magasins dans l’agglomération clermontoise.
Les produits viennent toujours de Vertaizon, mais pas seulement. L’hiver, Alexis prend son bâton de pèlerin pour aller quérir les meilleurs produits, en Ardèche, dans le Vaucluse, les Bouches-du-Rhône… « La culture de pleine terre et le respect des saisons sont la clé du goût. De même que mon arrière-grand-père Joseph et mon grand-père Pierre, nous sommes très attachés à la qualité », martèle-t-il sur le site du Cercle des producteurs.
Chez eux, pas de centrale d’achat ni de plateforme. Ce n’est pas le genre de la famille. Le terme « épicerie fine » n’est pas galvaudé. À Cournon, au-dessus de la caisse, trônent deux diplômes en noir et blanc : celui décerné à Marie Gaumy « pour services rendus à l’agriculture pendant la Grande Guerre 1914-1918 », et celui de la croix de chevalier du Mérite agricole à Pierre Giraudon en 1930. Ils étaient les ancêtres des Giraudon d’aujourd’hui. On ne se refait pas…
Véronique Lacoste-Metteyveronique.mettey@centrefrance.com