L'information qui paralyse les greffes d'organes !
Tous les médecins l’avaient déclaré mort. Et pourtant, le patient était bien vivant. L’Américain de 36 ans (qui a finalement survécu) s’est réveillé en plein milieu de l’opération qui visait à prélever une partie de ses organes, en octobre 2021. Trois ans après les faits, une enquête a été ouverte afin de comprendre comment une telle erreur a pu être commise.
Cette information rapportée par plusieurs médias américains a eu des répercussions jusqu’en France : les refus de dons d’organes y ont bondi ces derniers jours, selon l’Agence de la biomédecine. « Pour nous, cela est catastrophique. Le nombre de personnes refusant de donner leurs organes a explosé ! Quand on sait que deux à trois personnes meurent déjà chaque jour en France par manque d’organes, c’est terrible », explique Arthur Flipo, médecin anesthésiste au CHU et membre de la fédération pour le don d’organes et la greffe. Tous les Français sont pourtant donneurs présumés depuis une loi promulguée en 1976. Et depuis 2017, il faut le déclarer de son vivant sur un registre pour s’y opposer en cas de décès.
Le nombre de personnes refusantde donner leurs organes a exploséMais dans la pratique, les soignants demandent presque systématiquement l’avis des proches. D’autant que même si le défunt n’est pas inscrit sur le registre des refus, un proche peut s’opposer au prélèvement de ses organes, s’il estime que la personne décédée ne l’aurait pas souhaité Néanmoins, 20.000 personnes sont en attente de greffe. Pour tenter d’inverser la tendance actuelle, le docteur Flipo a tenu à rappeler un élément fondamental : « Nous ne savons pas exactement ce qu’il s’est passé dans cette affaire. Mais il est absolument impossible qu’elle se produise en France. Un protocole long et très strict encadre le diagnostic de la mort d’un patient. Un scanner cérébral est, par exemple, fait systématiquement pour prouver l’arrêt de la circulation cérébrale, qui est irréversible. »« D’autre part, deux médecins sont consultés pour établir le constat. Une affaire pareille ne s’est jamais produite chez nous et ne se produira jamais. C’est impossible ! »
Arnaud Vernet(*) Un peu moins de 200 prélèvements d’organes sont réalisés chaque année en Auvergne-Rhône-Alpes. Au CHU de Clermont-Ferrand, 85 patients ont reçu une greffe d’organe en 2023 mais près de 400 sont toujours en attente d’un cœur, d’un foie ou d’un rein. Les principaux organes prélevés étant les reins, le foie, le cœur et les poumons.