Bashing en boomerang

Capitalisme, communisme… Il y a bien longtemps que les grandes idéologies, usées, ne mobilisent plus. Place donc aux cibles plus précises, qui plus est dans une société de l’individu. En vrac : les riches, les immigrés, les musulmans, les technocrates… et les fonctionnaires bien sûr, trop nombreux, trop paresseux, trop absents. Mais attention, comme on n’est pas à un cliché près, il y a les bons, sur le terrain, et les mauvais, en leur qualité de gratte-papier tire-au-flanc – la « mauvaise graisse » comme disait Juppé. La droite a toujours eu à cœur de dégraisser mais n’a jamais pu faire fléchir la courbe. La faute à une exception culturelle très française : l’envie de plus de services publics (mais pas de plus d’impôts). Ici commencent l’impossible équation et le naufrage des slogans politiques. Mais pendant ce temps, la logique du bouc émissaire continue méthodiquement d’envahir l’espace public. La victime expiatoire a l’immense avantage de détourner l’attention des vraies causalités. Et le non moins immense désavantage de ruiner un peu plus le vivre ensemble. Ce qui ne sera pas sans coût social et politique.

l’éditorial

Florence Chédotal