Stopper (ou complètement changer) la politique climatique reste un tabou au niveau de l’UE
Alors que les dirigeants européens mettent fin aux tabous sur la migration, la politique climatique reste inchangée
Lors du sommet européen du 17 octobre à Bruxelles, le Premier ministre polonais Donald Tusk a réussi à convaincre les autres dirigeants de l’UE de soutenir son idée selon laquelle un État membre peut invoquer des raisons de sécurité pour justifier la suspension des droits d’asile.
Un autre sujet à l’ordre du jour du sommet de l’UE, la compétitivité, n’a pratiquement pas été abordé. Pourtant, avant le sommet, la principale association professionnelle allemande, BDI, avait lancé un avertissement : la désindustrialisation n’était plus un risque, mais une réalité. L’association a déclaré : « Aujourd’hui, ce risque [de désindustrialisation] est devenu une réalité dans des secteurs importants de l’industrie. »
La raison principale est bien sûr la flambée des prix de l’énergie en Europe. Le système d’échange de quotas d’émission de l’UE, qui fonctionne comme une véritable taxe sur le climat, est au cœur de cette situation. Le prix du gaz naturel dans l’UE devrait être cinq fois plus élevé qu’aux États-Unis en 2025. Le coût de cette taxe climatique européenne est à lui seul plus élevé que le coût total du gaz naturel aux États-Unis.
En outre, l’annonce par Google et Amazon de la construction de petits réacteurs nucléaires afin de disposer d’une électricité suffisamment bon marché pour développer des produits liés à l’intelligence artificielle (IA) indique que le problème énergétique de l’Europe affectera également gravement l’innovation dans le domaine de l’IA.
La réduction des émissions de CO2 est au cœur des politiques climatiques punitives de l’UE. Alors qu’en Europe, un grand changement d’ opinion est heureusement visible en ce qui concerne l’énergie nucléaire – même si les deux nouveaux commissaires européens désignés responsables de la politique énergétique sont anti-nucléaires – le système d’échange de quotas d’émission de l’UE reste une vache sacrée.
Il faut que cela change. D’autres politiques sont envisageables pour réduire les émissions de CO2. Par exemple, dans une nouvelle étude, le Warsaw Enterprise Institute et des groupes de réflexion similaires suggèrent de remplacer l’« Accord de Paris » collectiviste par un « Accord sur le climat et la liberté ». Ce traité international verrait les signataires bénéficier d’avantages commerciaux s’ils mettent en œuvre des politiques de marché libre favorables au climat.
Selon les think tanks , cela permettrait de « débureaucratiser l’économie », ainsi que « des changements fiscaux (…) pour rendre l’investissement en PP&E (Property, Plant, and Equipment) plus rentable de manière à inciter les entreprises non seulement à maintenir leurs capacités actuelles, mais aussi à se moderniser et à développer de nouveaux projets ». Les subventions, quelles qu’elles soient, devraient être supprimées de manière ordonnée et progressive ».
L’importance de l’innovation
En résumé, cette approche mettrait l’accent sur l’innovation plutôt que sur une approche punitive. Malheureusement, l’UE n’a absolument pas l’intention de l’envisager et poursuit au contraire à toute vapeur son projet de tarif climatique protectionniste CBAM, ce qui a provoqué l’ ire de partenaires commerciaux tels que l’Inde. Au Royaume-Uni, un débat est en cours sur la question de savoir s’il faut copier la folie de l’UE. Une nouvelle étude de la UK Growth Commission avertit que si le Royaume-Uni devait le faire, cela « pourrait entraîner des pertes de PIB par habitant de l’ordre de 150 à 300 livres sterling », voire jusqu’à 650 livres sterling, dans le cas où les chaînes d’approvisionnement se réaligneraient sur les producteurs aux coûts les plus bas. Les chercheurs ont également calculé les avantages de l’approche consistant à remplacer l’accord de Paris par l’accord mentionné sur le climat et la liberté, les estimant à 1 000 livres sterling par habitant.
Plutôt que de refuser d’envisager des changements à sa taxe climatique ETS, l’UE a décidé au début de l’année d’étendre le système aux carburants routiers et aux combustibles de chauffage, frappant ainsi durement les consommateurs. C’était avant l’élection du Parlement européen, mais la Commission ne semble pas avoir beaucoup appris du résultat de ce vote. Il vient d’être révélé que le commissaire européen Hoekstra souhaite que l’UE s’en tienne à son projet controversé d’interdiction de facto des moteurs à combustion à partir de 2035. C’est l’une des raisons de la crise actuelle du secteur de la construction automobile en Europe. Cela ne s’invente pas.
Le sommet européen d’octobre a le mérite d’envisager enfin des politiques allant dans le sens de ce que fait l’Australie depuis 20 ans maintenant, évitant ainsi le terrible bilan résultant de l’approche chaotique de l’UE. En revanche, en matière de compétitivité, l’UE n’est absolument pas prête à explorer d’autres options politiques. Il est peu probable que cela reste le cas. Les dirigeants de l’UE doivent comprendre que les peuples européens attendent qu’ils agissent dans leurs intérêts.