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Октябрь
2024

La méthode insolite de cet apiculteur amateur de Haute-Loire pour traquer les nids de frelons asiatiques

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« Cette année, c’est l’explosion ! Il y en a partout », livre Xavier, tenant l’objet de son inquiétude entre les mains. Détruit de fraîche date, ce nid de frelons asiatiques, dont le poids est estimé à 4 kilos par l’apiculteur amateur, se trouvait au-dessus de son rucher, au village de Chanceaux, sur la commune de Polignac.Un autre, similaire à celui-ci, a été localisé « à une vingtaine de mètres du terrain de football de Blavozy », un autre encore « a été trouvé hier (mercredi dernier, ndlr) à Cussac-sur-Loire, dans les gorges de la Gagne ». « Il y en a aussi un à Taulhac », un autre « derrière la clinique de Bon Secours » ou encore « un dans une bétonnière à Brives-Charensac », énumère Maxime Laurent, dans l’espoir que l’opinion prenne - enfin - la mesure de l’invasion.Des nids perchés dans les arbres, qui apparaissent au grand jour lorsque tombent les feuilles, il y en a « chaque année de plus en plus, notamment en ville, et personne ne s’en inquiète », soupire Xavier. Personne, mis à part les apiculteurs, professionnels ou amateurs, aux premières loges. Et parmi eux, Maxime Laurent, 28 ans.Un nid de frelons asiatiques a récemment été détruit à Chanceaux, sur la commune de Polignac, où Xavier, ici aux côtés de Maxime (à droite), a son rucher. Photo Ophélie CrémillieuxSurnommé « le traqueur-pisteur de frelons » par son ami Xavier, le jeune Solignacois qui se passionne pour l’apiculture depuis 2020, a fait de la lutte contre cet insecte mangeur d’abeilles son cheval de bataille. « J’ai eu, rapporte ce curieux de nature, une prise de conscience après avoir trouvé un nid - son premier - à Solignac-sur-Loire ». Une découverte qui l’a mené, au fil de ses lectures sur Internet, à un constat effrayant : « un nid qui n’est pas détruit, résume-t-il, c’est potentiellement cinquante autres l’année suivante » et ainsi de suite… « Je me suis dit que si personne ne faisait rien, ça ne s’arrêterait jamais ! ».Depuis lors, ce fin connaisseur du frelon asiatique a mis au point une méthode - qui a fait ses preuves - pour traquer l’envahisseur (*) et localiser son QG. En cette période où l’insecte butine le lierre en vue de constituer des réserves pour les futures reines, Maxime Laurent lui soumet un plat auquel il ne résiste pas : « un mélange de sirop de cassis et de sirop pour abeilles ». Le responsable du magasin Label ruche, spécialisé dans la vente de matériel apicole, profite alors que le frelon soit focalisé sur son festin et comme hypnotisé, pour lui dessiner un point blanc sur l’abdomen à l’aide d’un vernis spécial.

« Freiner l’expansion du frelon asiatique »

Une fois repu, le prédateur effectue « un vol direct en direction de son nid ». C’est son mode de fonctionnement. « Il faut bien observer où il se dirige ». Ensuite, chronomètre en main, « on attend qu’il revienne au point de nourrissement » et lorsque l’insecte au point blanc pointe le bout de ses antennes, le chrono s’arrête. « On sait, reprend Maxime Laurent, qu’il parcourt 200 mètres par minute et qu’il met en moyenne 1 minute et 30 secondes à nourrir les larves. À partir de ces données, on peut donc estimer la distance approximative à laquelle se trouve le nid » et dans quelle direction. « C’est à la portée de tout le monde ».L’objectif du passionné, qui se propose d’aider qui en a besoin, est simple : repérer les nids avant que les futures reines ne prennent leur envol pour fonder de nouvelles colonies, à quelques kilomètres de leur première demeure.

J’essaie, à la hauteur de mes moyens, de freiner l’expansion du frelon asiatique.

Mais le traqueur ne peut pas y parvenir seul.Lorsqu’il débusque un nid, Maxime Laurent le signale à Michel Clément, président du Groupement de défense sanitaire apicole (Gdsa), qui, lui, se charge d’aviser la municipalité (si le nid se trouve sur la voie publique, ndlr) ou le propriétaire du terrain sur lequel les frelons ont élu domicile. Car c’est à ce dernier, bien souvent, qu’il incombe de financer l’intervention d’un désinsectiseur pour déloger les intrus… Mais la facture dissuade parfois d’accomplir son devoir citoyen, au risque de piquer au vif Maxime Laurent. « Le financement, consent celui qui a sollicité le soutien du député Laurent Wauquiez via TikTok, c’est le nerf de la guerre ! ». Sans moyens alloués à la destruction de ses nids, l’insecte, catalogué comme « espèce exotique envahissante et danger sanitaire », pourrait bien gagner encore du terrain… 

 

Ophélie Crémillieux

(*) Il est entré sur le territoire par la vallée de l’Allier en 2016.

Contact. Pour solliciter l’aide de Maxime Laurent ou signaler un nid de frelons, contacter Michel Clément, président du Gdsa de la Haute-Loire, par mail à l’adresse : gdsgdsa43@gmail.com. Le Gdsa prend d’ailleurs pour partie en charge la destruction des nids de frelons situés sur les terrains de ses adhérents.