Une chimio sur-mesure, c’est possible avec Oncomédics, basé à Limoges
Comment épargner à un patient atteint d’un cancer colorectal 4 à 6 mois de chimiothérapies tous azimuts, douloureuses et pas complétement efficaces ? Tel était en 2006 l’objet des recherches de la startup Oncomedics pour produire un test dénommé Oncogramme®.
C’est aujourd’hui chose faite puisqu’il bénéficie depuis décembre 2019 de la prise en charge forfaitaire par l’assurance maladie dans le cadre du Forfait Innovation. De quoi tisser de solides collaborations avec des centres cliniques (AP-HP, HCL, CHU Limoges, Institut Bergonié), des laboratoires académiques (Paris, Lyon, Marseille), des industries pharmaceutiques (Ipsen, Sanofi etc.) et des sociétés de biotechnologies (Oncodesign). Changement de braquet aujourd’hui avec un site dédié, des laboratoires, salles blanches, pour produire plus de tests, et inauguré ce vendredi dernier, rue de Gémini sur le parc d’Ester à Limoges.
Concrètement, comment ça marche ?« Notre solution est simple et pragmatique, explique Christophe Lautrette, cofondateur avec Stéphanie Giraud, président et directeur des opérations. On teste des combinaisons de traitement sur la tumeur, mais en dehors du corps du patient. » Pour ce faire, son équipe de treize salariés aujourd’hui – alors qu’ils ont démarré l’aventure à 6 –, a d’abord développé un milieu pour le transport de la tumeur qui doit être gardée vivante pendant 48 heures. Ce n’est pas tout. Ils ont établi un process pour la cultiver, lui donner un traitement et compter la mortalité des cellules grâce à des algorythmes et à l’intelligence artificielle.
« On a imaginé un dispositif in vitro, que l’on a validé en termes réglementaires et de prise en charge. Ici, on produit les milieux et les réactifs. On est concepteur et développeur », précise Christophe Lautrette. Pour le reste, des kits d’analyses sont acheminés vers Lyon et Eurofins Biomnis, leader européen dans le secteur de la biologie médicale spécialisée.
Un pragmatisme et des perspectives qui ont séduit CliniSciences Group qui a racheté en mars 2022 Oncomedics. Ledit groupe, basé en région parisienne, compte aujourd’hui 130 salariés et est présent dans une quinzaine de pays européens. « La spécificité de Limoges ? C’est le plus gros site sur la recherche et développement et la production interne », flèche Tushendan Rasiah, CEO de CliniSciences.
Une montée en puissanceL’installation dans quelque 600 m2 de locaux, dont deux tiers de laboratoires, permet une montée en puissance, avec des résultats attendus aussi sur les cancers du sein et des ovaires. Mais Oncomedics travaille aussi sur des tumeurs au niveau des poumons et de la prostate. Des recherches que le nouveau site va permettre de manière plus sécurisée, avec un contrôle qualité à chaque étape.
« L’Oncogramme ® est issu de recherches cliniques avec le centre hospitalier de Limoges, rappelle Chritophe Lautrette. Et les résultats cliniques sont attendus début 2025. Ils permettront de le déployer ailleurs. Ces locaux préparent le futur pour avoir une capacité et une recherche plus importante. »
(*) Avrul : Agence pour la valorisation de la recherche universitaire du Limousin.
Maryline Rogerie