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Октябрь
2024

"Papy Claude", 91 ans, premier supporter du CAB, a trouvé une famille sur les bords de terrain du Stadium de Brive

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"Vous faites les Vieux du stade ?" Le long de la main courante, au bord du terrain annexe du Stadium de Brive (Corrèze), ce jeudi matin, tout le monde rit aux éclats.

Le "vieux" en question, c’est Claude Navarro, 91 ans, affectueusement appelé "Papy Claude", "Decaz’ ", pour Decazeville (Aveyron) d’où il est originaire ou encore "beau gosse". Sweat Billabong, veste gris chiné, jean, chaussures bateau, casquette du CAB bien sûr… "T’es chic aujourd’hui", lui lance-t-on à l’envi quand il fait le tour des copains, venus voir "la mise en place", avant la réception de Dax.

"Moi, je gueule"

"Si vous voulez des souvenirs vraiment anciens, il faut parler à Antoine… Moi, ça ne fait que treize ans que je suis là." Treize ans qu’il assiste à tous les matchs à domicile depuis "sa place", en bord de terrain, à quelques mètres du banc avec les copains. "Je trouve que ça ne crie pas assez. Moi, je gueule." À tel point, que "l’arbitre du Racing se souvient encore de toi", rapporte un autre supporter en riant.

Accolades, poignées de mains aux copains, mais aussi au staff, aux joueurs… Notamment au Britannique Courtney Lawes, en nage, après l’entraînement. "C’est vraiment nul, je ne parle pas un mot d’anglais, contrairement à mes enfants, mes petits-enfants qui vivent au Canada, en Hollande ou encore à Paris et à Vichy… Je suis arrière-grand-père, vous savez." 

"Avec Amédée Domenech, on est de la classe"

Mais sa famille, à Brive, c’est celle qu’il retrouve le long de la main courante, quasiment tous les jours depuis le décès de son épouse en 2015. "On a déménagé quinze fois, fait construire, vendu, fait reconstruire… J’étais un petit cadre dans les télécoms. J’ai débuté en bas de l’échelle", confie-t-il humblement. Il a aussi joué au rugby "avec Decazeville, jusqu’à mes 25 ans. J’ai même joué contre Amédée Domenech. On est de la classe !"Aujourd’hui, Claude est au stade comme chez lui. Il salue Marie, qui tient la boutique de produits dérivés, quasiment tous les jours. « Je ne viens pas le mardi, car le mardi, je fais mes courses… Mais les autres jours, je suis là. » D’ailleurs, quand Claude n’est pas là, le long de la main courante, « on le cherche. On s’inquiète », explique une supportrice au sweat rose vif.

"Bloc imprenable"

Ce jeudi, Claude ose passer les portes de la nouvelle tribune avec son ami Antoine. « Je n’ai pas encore été voir ma place, car j’ai une place là-haut. » Les deux papis tiennent fermement la rampe pour grimper à l’étage. « C’est beau, mais ici, ce n’est pas le même public. Ce sont les entreprises », estiment-ils. Ce siège, « j’y viendrai quand je serai fatigué. Si je veux m’asseoir, je me mets sur les marches là-bas », lance Claude, en montrant du doigt le bas de la tribune Europe.

Au CAB, Claude est comme un poisson dans l’eau, à une exception près : « Je préférerais qu’on soit en Top 14 ». Il ne vous parlera pas de jouer dans l’élite, de l’impact économique sur la ville, mais des horaires des matches. "En Top 14, tu joues dans l’après-midi, le week-end. Là, c’est tard, en semaine. Heureusement, des copains m’emmènent."

Alors, il ne souhaite qu’une chose que "dirigeants, entraîneurs et joueurs forment un bloc imprenable pour retrouver rapidement le Top 14".

Texte Émilie Auffret Photos Stéphanie Para