« Un grand pays ami »

Les vrais amis, ce sont ceux avec lesquels on peut être fâchés un jour et se rabibocher le lendemain. Ou quelques années après. Surtout quand il y va de pesants intérêts. La France n’est-elle pas toujours le premier investisseur étranger au Maroc ? N’a-t-elle pas une position à défendre quand son influence se réduit comme peau de chagrin sur un continent africain qui lui a fait comprendre, çà et là, qu’elle était persona non grata ? Ne doit-elle pas mettre les bouchées doubles, mordue aux talons par le géant chinois si gourmand de l’empire chérifien ? Avec dans son sillage, Teddy Riner et Djamel Debbouze, pour la galerie, et la grosse artillerie du monde de l’entreprise, pour l’offensive business, Emmanuel Macron n’est pas là en touriste. Plus que discret sur une scène nationale un brin brouillonne et qui plus est fauchée, le chef de l’État a l’occasion d’afficher sa carrure internationale. Oubliés les contentieux, sous le tapis la question de l’autodétermination et des droits de l’Homme, le Maroc, pointé d’un doigt accusateur, par Bruno Retailleau, il y a peu, est officiellement, « un grand pays ami », selon le même ministre. L’amitié fait tout pardonner. Tout dépend des circonstances.

l’éditorial

Sophie Leclanché