Le bonus réparation a-t-il vraiment décollé ces derniers mois dans le Puy-de-Dôme ?
"C’est positif, mais on pourrait faire mieux?!" Pour Christine Gimbert, la gérante de Pulsat à Billom, le bonus réparation est "une belle démarche" qui permet de conserver plus longtemps un grand nombre d’appareils électriques ou électroniques.
Convaincue par cette mesure lancée fin 2022 dans le cadre de la loi Agec (antigaspillage pour une économie circulaire), la cheffe d’entreprise a très vite fait les démarches pour être labellisée. Depuis, elle en constate chaque jour les bénéfices puisque environ 80 % des réparations effectuées dans son magasin bénéficient du bonus.
Un déclic pour beaucoupAujourd’hui, Christine Gimbert estime qu’une réparation sur trois a été acceptée grâce à ce coup de pouce financier.
"Il faut dire que ce n’est pas négligeable. Par exemple, quand on annonce 50 € de réduction sur un devis de 200 € pour un lave-linge, ça fait la différence, le client hésite moins."
Elle a aussi vu de nouveaux clients franchir la porte de son enseigne notamment "des jeunes qui sont dans une démarche écoresponsable". Au téléphone, elle renseigne beaucoup de "gens d’un peu loin comme Riom ou Thiers" mais ses équipes ne se déplacent pas jusque-là, alors elle oriente ses interlocuteurs vers des professionnels plus proches de chez eux (la liste est disponible sur le site ecosystem.eco).
+ 141 % de réparation au niveau nationalL’association de défense des consommateurs et usagers CLCV estime que le nombre de réparations mensuel a bondi de + 141 % entre le deuxième semestre 2023 et le premier semestre 2024. Un chiffre sans doute favorisé par les ajustements mis en place en début d’année.
D’une part, une labellisation plus facile qui a boosté le nombre de réparateurs (+ 27 % entre décembre 2023 et juin 2024) pour atteindre 5.745 labellisés QualiRépar, soit 25 % des 22.336 professionnels recensés en France en 2022 par les éco-organismes. D’autre part, des revalorisations du bonus avec un doublement des montants pour cinq appareils (soit désormais 60 € pour un téléviseur?; 50 € pour un lave-linge, un sèche-linge ou un lave-vaisselle?; 40 € pour un aspirateur) et un élargissement des aides à 24 nouveaux équipements (micro-ondes, sèche-cheveux, lisseurs, ventilateurs, robot de cuisine…).Top 3 : Le téléphone portable (137.784), le lave-linge (35.589) et le lave-vaisselle (34.634) sont les trois équipements pour lesquels un bonus réparation a été demandé (et validé) au cours du premier semestre 2024.
Parmi ces nouveautés, c’est le remplacement des écrans de portables qui a eu le plus d’impact sur l’activité de William Bayard, gérant de GSM Destok. "Il n’y a pas eu de ruée des clients mais une hausse régulière", note le jeune réparateur de smartphones, tablettes, ordinateurs et autres appareils connectés.
Le nombre de réparations de téléphones portables prises en charge par le bonus a augmenté de 158% entre deuxième semestre 2023 et le premier semestre 2024 selon CLCV. Photo Richard Brunel
Dans sa boutique installée non loin du centre-ville de Clermont-Ferrand, il effectue en moyenne une cinquantaine de réparations par semaine dont la moitié est éligible au bonus. Pourtant, selon lui, "très peu de clients sont au courant".
"Sur dix personnes, deux ou trois connaissent le système, confie le Clermontois. Pour les autres, il faut tout expliquer. En plus des papiers à faire, ça prend du temps. Parfois, j’annonce directement le prix réduit pour aller plus vite."
Christine Gimbert déplore aussi le manque d’information du public : "On le voit au magasin, 90 % des clients ne connaissent pas le bonus. Ils sont contents d’en bénéficier, ils acceptent les devis plus facilement mais le but d’inciter à réparer plutôt que de jeter n’est pas atteint car les gens étaient déjà dans cette démarche."
À l’unanimité, les deux réparateurs professionnels plaident pour une nouvelle campagne de communication. Le deuxième anniversaire du bonus réparation pourrait être une bonne occasion…
Maud Turcan