Qui est ce reporter qui a suivi les policiers clermontois durant six semaines, caméra au poing ?
Ambiance plateau de tournage en ce début d’après-midi, dans la cour du commissariat de Clermont-Ferrand. On fixe des petites caméras sur le gilet pare-balles des policiers, visiblement habitués. Un autre objectif est installé sur le pare-brise de leur Peugeot 5008 siglée. Caméra plus importante à la main et casque audio sur la tête, Jean-Baptiste, tout de noir vêtu, se tient prêt à embarquer avec eux. Pas pour un film de fiction. Ce qui intéresse ce journaliste reporter d’investigation, c’est la vraie vie des policiers.
Voilà six semaines qu’il les suit, jour et nuit, lors de leurs interventions, partout dans l’agglomération. L’énergique quadragénaire travaille pour le magazine d’information 90’ Enquêtes, diffusé sur TMC. L’une de ces nombreuses émissions sur le quotidien des forces de l’ordre, du Samu ou des sapeurs-pompiers, en format immersion, qui prolifèrent sur la TNT. « Depuis quatre ans, je ne fais que ça et cela me plaît énormément », s’enthousiasme le reporter, un brassard « observateur » sur le bras gauche.
"Le but est de montrer ce qui se passe dans les villes, sans faire de sensationnalisme. On montre la délinquance, on montre comment les policiers opèrent."
Être pendu aux basques des fonctionnaires durant presque deux mois, être à leurs côtés quand ils interpellent un suspect agité ou débarquent sur un point chaud, ne s’improvise pas. « Quand j’arrive dans une nouvelle ville, le Service communication de la police a déjà vu avec le commissariat s’il y a des volontaires qui acceptent d’être filmés à visages non floutés, ce qui est mieux », détaille Jean-Baptiste.
Beaucoup de policiers volontaires« Certains policiers sont réfractaires. Mais globalement, il y a beaucoup de volontaires. Il faut les mettre en confiance, leur expliquer la nature du reportage. Ce qui nous aide c’est que 90’Enquêtes est très connue. » Après des milliers d’heures passées à filmer tous types d’unités, dans les plus grands commissariats de France (Paris, Grenoble, Roubaix… ), l’infiltré a acquis une solide expérience. Il a aussi pu très vite se forger sa propre vision des policiers. « Attention, je ne vais faire que des compliments », sourit-il.
Les policiers volontaires étaient équipés de petites caméras
« Ce qu’ils font est remarquable. J’ai vu des hommes et des femmes qui avaient beaucoup d’empathie. On ne se rend pas compte de la pression qu’ils ont sur les épaules. Ils se prennent outrage sur outrage et sont obligés de rester calme. » À ce titre, le journaliste juge le niveau de violence « effrayant » sur le terrain. « On ne peut pas l’imaginer tant qu’on n’est pas dedans. Je me demande comment les policiers font pour ne pas exploser. Ils n’explosent jamais ! »
Une nuit en immersion avec la brigade anticriminalité
Des risques, même s’il est bien entouré, lui aussi en prend. D’où ce gilet pare-balles qu’il enfile systématiquement en reportage. « En quatre ans, il m’est arrivé tellement de trucs ! Je me suis fait caillasser, j’ai connu des guets-apens… A Clermont j’ai reçu deux coups par un mec qui avait été arrêté. Cela peut partir en vrille à tout moment. »
De la drogue, des couteaux...Pour autant, Jean-Baptiste garde le sourire. L’action, c’est aussi le sel de son métier. A Clermont-Ferrand, visiblement, il n’en a pas manqué. « J’ai senti qu’il y avait beaucoup de drogue dans cette ville », résume-t-il. « Les couteaux sont très présents. Et énormément de faits sont liés à des problèmes psychiatriques. » Son immersion terminée, il a transmis ses images à sa production, qui s’occupe du montage et des commentaires. Les policiers clermontois sont sans doute très impatients de découvrir les images sur TMC. Nous aussi.
Olivier Choruszko