Présidentielle américaine : le plan de Harris pour faire face à toute contestation de Trump
Près d’une semaine avant le scrutin fatidique, les candidats sont dans les starting-blocks. Au départ, la démocrate Kamala Harris et le républicain Donald Trump. Pour les soutenir, des millions d’électeurs… et des milliers d’avocats. Selon un sondage du Pew Research Center du 10 octobre dernier, les électeurs interrogés estiment à 72 % que Kamala Harris reconnaîtra son échec en cas de défaite le 5 novembre prochain.
Mais à l’inverse, 74 % des Américains pensent que le milliardaire contestera la victoire de sa rivale. Une situation dont cherchent à se prémunir les démocrates en étoffant leur équipe juridique. Avec plus de 10 000 avocats mobilisés sur l’ensemble du pays, les partisans de la vice-présidente se préparent à répondre à toute tentative d’intimidation des électeurs ainsi qu’à une avalanche de procès post-électoraux en cas de défaite de Donald Trump. Une bataille judiciaire sans précédent pour le camp démocrate, "prêt à tout" pour l’emporter.
22 millions de dollars de frais d’avocats
"Dès qu’ils [les républicains, NDLR] déposeront un dossier, dès qu’ils commenceront à dire que les résultats des élections ne sont pas fiables, nous seront prêts à réagir", a affirmé auprès du Wall Street Journal (WSJ) Dana Remus, ancienne conseillère de Joe Biden à la Maison-Blanche à la tête de l’opération juridique de Kamala Harris. Si l’avocate est aussi sereine, c’est que les démocrates élaborent depuis de nombreux mois une stratégie bien précise. Leur ligne de conduite : une coordination implacable entre des avocats locaux qui connaissent les moindres détails des lois électorales de leur Etat et des grands cabinets d’avocats nationaux, comme Covington & Burling et WilmerHale, qui orientent la stratégie.
Dans une note consultée par NBC News, l’équipe de campagne de Kamala Harris et le Comité national démocrate écrivent que "les avocats chevronnés qui se sont battus et ont gagné en 2020, se sont préparés à des dizaines de scénarios et ont rédigé des milliers de pages de défense". Et cette défense est loin d’être préparée par des inconnus. Deux avocats ayant occupé le poste d’avocat général des Etats-Unis, Seth Waxman et Donald Verrilli, sont de la partie. Marc Elias, devenu célèbre chez les démocrates pour avoir publiquement lutté contre Donald Trump devant les tribunaux, a également été recruté pour se concentrer sur les potentiels recomptages et autres problématiques post-électorales. Si son ton agressif n’a pas toujours fait bon ménage avec le 46e président des Etats-Unis, la vice-présidente a, elle, souhaité le voir renforcer son groupe. Au total, le Comité national démocrate a dépensé plus de 22 millions de dollars en frais d’avocats depuis l’été, selon le WSJ.
"L’élection la plus litigieuse de l’histoire"
Face à cette armée d’avocats démocrates, une armada d’avocats républicains. D’après Claire Zunk, porte-parole du Comité national républicain, le parti serait déjà impliqué dans plus de 130 actions en justice. Et ce, dans 26 Etats différents "afin de protéger l’intégrité des élections en s’assurant que les listes électorales sont exactes et que les personnes inéligibles, y compris les non-citoyens, ne votent pas". Des procédures vues d’un mauvais œil par le camp adverse qui considère cette élection présidentielle comme "la plus litigieuse de l’histoire américaine". "En intentant toutes ces actions en justice semaine après semaine, [les républicains cherchent à] planter des graines de revendications qu’ils pourront ensuite porter si Trump perd", explique Bob Bauer, ancien conseiller juridique de la Maison-Blanche sous Barack Obama.
Mais malgré les efforts déployés, la défense républicaine n’a pour l’instant pas porté ses fruits. La semaine dernière, des juges de Caroline du Nord et du Michigan ont rejeté la demande des républicains d’empêcher certains citoyens américains vivants à l’étranger de s’inscrire sur les listes électorales et de voter. Plusieurs tribunaux n’ont également pas donné suite à plusieurs contestations soutenues par le Parti républicain concernant la façon dont sont tenues les listes électorales.
Même si les vétérans du droit électoral estiment qu’il est peu probable que les litiges déterminent l’issue de la course à la Maison-Blanche, ces derniers affirment toutefois que le travail des avocats peut jouer un rôle important dans le résultat. Alors qui de Kamala Harris ou Donald Trump gagnera cette bataille judiciaire ?