Vendée Globe. Nicolas Lunven sur Holcim-PRB, un bon outsider !
Nicolas Lunven dispose d’un très bon bateau, l’Imoca Holcim-PRB et d’une solide expérience de la course au large. Il est l’un des outsider de ce Vendée Globe.
Né dans une famille de navigateurs, Nicolas Lunven a remporté La Solitaire du Figaro à 26 ans, à sa troisième participation, face à Michel Desjoyeaux, Beyou, Éliès et Le Cléac’h. Il renouvellera l’exploit en 2017. Il participe à la Volvo Ocean Race 2017-2018, puis The Ocean Race Europe 2021, avant de partager la Transat Jacques-Vabre avec Samantha Davies. En 2022, il remplace Clarisse Crémer pendant sa grossesse chez Banque Populaire. En 2023, il intègre le Team Malizia de Boris Herrmann qui termine 3e de The Ocean Race. Après le tour du monde en équipage, Nicolas est choisi pour reprendre la barre du plan Verdier Holcim-PRB à la suite de la destitution de son skipper Kevin Escoffier. Le bateau est neuf, fiabilisé après un tour du monde. Nicolas sera au départ de ce Vendée Globe, riche de toutes ses précédentes expériences en Imoca sur différents bateaux ; mais sa préparation sur le sien aura été très courte. Son bateau dispose de nouveaux foils. Il devrait être plus performant.
Ta préparation pour le Vendée Globe sur ton bateau a été relativement courte. Comment le trouves-tu ?
Je n’ai pas participé à sa conception, mais certains bateaux naissent bien, et je pense sincèrement que celui-ci en fait partie. Ma préparation n’a pas été sans heurts, notamment au printemps, où j’ai eu deux casses identiques sur le bout-dehors lors des Transats, ce qui est un peu frustrant. Cela dit, personne n’est parfait ! À part ça, depuis un an que je navigue avec ce bateau et mon équipe, nous avons rencontré très peu de problèmes. Le bateau marche bien, il est éprouvé, ayant déjà fait un tour du monde. Cela nous a permis d’apporter quelques améliorations, des adaptations en termes d’ergonomie et de vie à bord basées sur notre expérience. J’ai traversé l’Atlantique quatre fois avec le bateau, dont trois en solitaire et en course. Il y a des choses que l’on identifie rapidement, même si j’espère qu’on n’a pas laissé passer d’autres petits détails.
Le Défi Azimut s’est bien passé…
Oui, et c’était important pour moi, pour l’équipe et pour les partenaires. Cela fait du bien de constater que nous sommes dans une bonne dynamique. Dans les conditions de près que nous avons eues, mon bateau s’en sort plutôt bien. Sur un parcours avec des conditions variées, il s’avère assez polyvalent, même s’il n’est pas spécifiquement conçu pour un type de conditions.
Après le Vendée Globe, ton bateau doit participer à The Ocean Race avec un autre skipper. Vas-tu en tenir compte et modérer ta course ?
Ce que j’ai en tête, c’est de finir le Vendée Globe, avant même de penser au résultat sportif. Pour y parvenir, il faut parfois ralentir et trouver le bon équilibre. C’est probablement le secret du Vendée Globe : savoir quand pousser le bateau au maximum, quand prendre des risques et quand lever le pied pour préserver la machine, se reposer… C’est un dosage subtil.
Penses-tu que ton bateau peut gagner ?
Je crois que le bateau a les capacités pour gagner. Mais d’autres bateaux ont aussi ce potentiel, avec des skippers qui ont plus d’expérience que moi. Je n’ai jamais fait le Vendée Globe, ni une course de 70 ou 80 jours d’affilée en solitaire. Jusqu’à présent, je n’ai fait que de l’équipage, donc il y a beaucoup d’inconnues. Mais je ne pars pas pour finir dernier !
Tu t’es fixé un objectif ?
C’est difficile. Évidemment, je suis compétiteur, donc si je me retrouve en tête lors de la remontée en passant le Cap Finistère, je donnerai tout ce que j’ai. Mais je sais que la route est semée d’embûches. Avant de penser au résultat, il y a d’autres aspects qu’il ne faut pas négliger, comme la manière dont j’aborde ce Vendée Globe.
Le bateau dispose de nouveaux foils…
Oui, depuis la remise à l’eau il y a un mois, nous avons une nouvelle paire de foils conçus par Guillaume Verdier. Ils diffèrent légèrement de ceux d’Apivia. C’est une évolution de ce que nous avions et le fruit de discussions avec mon équipe et les architectes, en prenant en compte les données et les ajustements souhaités pour qu’ils soient mieux adaptés au Vendée Globe.
Comment se positionne Holcim-PRB par rapport aux autres bateaux ?
Il est assez polyvalent, alors que d’autres sont plus typés, comme Malizia ou les deux plans Koch, conçus pour le portant dans la brise et la mer. J’ai moi-même navigué sur Malizia lors de l’Ocean Race, et je peux confirmer ces caractéristiques. Malheureusement pour moi, ces bateaux peuvent aussi être performants dans d’autres allures, notamment au près, ce qui n’était pas le cas de Malizia au début. Il y a aussi d’autres très bons bateaux et skippers comme Charal et Macif. La course promet d’être serrée, avec des concurrents potentiels qui pourraient surprendre. Et il faut aussi un peu de chance. Yannick Bestaven, par exemple, n’était pas le grand favori du dernier Vendée Globe, mais il a su tirer le meilleur de son bateau.
Es-tu à l’aise avec les réparations en mer ?
Cela compte beaucoup pour un Vendée Globe. Ce n’est pas mon point fort, mais je me suis préparé avec mon équipe : composites, moteurs, électroniques, réparations de voiles… Je ne suis pas encore un expert en composites, mais en cas de besoin, je ferai ce qu’il faut. Monter en haut du mât pour changer un hook ou un aérien, ce n’est jamais facile, mais s’il faut le faire, je le ferai. Mon point fort reste probablement ma capacité à préserver la machine. Avec mon équipe et mon partenaire, nous sommes vraiment dans l’état d’esprit d’aller au bout de ce Vendée Globe. Aujourd’hui, je me sens prêt.