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Октябрь
2024

Comment Audrey Pouchol métamorphose des ingénieurs de la French Tech dans le Puy-de-Dôme

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« Ah, mais en fait, vous êtes coach en entreprise ! » Oups. Audrey Pouchol grimace poliment. Juste une seconde. Positive, pétillante et experte de la relation (client), elle reprend vite la main.

Toujours poliment : « Alors… Je préfère parler de mentoring. » Mais bon... « Je n’ai rien contre le coaching. J’ai mis du temps d’ailleurs, depuis 2017, à peaufiner le pitch de ma solo-entreprise, Business & You. Mais là, j’y suis ! Je fais du mentoring ! »

La différence avec le coaching ? (pardon, j’insiste). « Ce dernier vise à faire émerger les solutions là où le mentoring aide à trouver les raccourcis. » Re-pardon ? Elle sourit.

On est pile dans son cœur de métier : se mettre à la portée du client, comprendre son besoin, ses attentes. Et y répondre. Même si, cet après-midi-là, le client est une journaliste qui lui tire les vers du nez. Reprenons.

Le coaching se concentre sur des objectifs spécifiques à court terme, tandis que le mentoring offre un accompagnement global et à long terme.

Pour saisir concrètement les tenants et les aboutissants, je lui ai donné rendez-vous dans une entreprise qu’elle accompagne. Elle a choisi Braincube, à Issoire, spécialisée dans l’intelligence artificielle industrielle. Audrey Pouchol me présente Émilien Delqueux, directeur produit et ingénierie.

Le défi Braincube

Ingénieur chez Braincube, un profil technique donc, il est monté en compétences sur ce poste de direction de l’expérience client qui n’existait pas. C’est l’une des conséquences du travail d’Audrey Pouchol.

En 2020, Laurent Laporte, le PDG de Braincube, fait appel à ses services pour former ses ingénieurs à la relation client. « Notre PDG, raconte Émilien Delqueux, voulait opérer un changement culturel dans l’entreprise pour améliorer notre performance. »

L’entreprise avait déjà une croissance à deux chiffres « mais il s’était aperçu que nous perdions des clients ou que nous n’arrivions pas à les fidéliser faute d’une relation efficiente entre nos ingénieurs, des professionnels des sciences dures, mais pas des grands communicants, et les clients, qui peinaient à faire comprendre leurs besoins une fois que les commerciaux avaient fini leur travail ».

Deux cents salariés à former

Deux cents salariés à former, des filiales de l’autre côté de l’Atlantique (donc des formations en anglais) et c’est pourtant une solo-entrepreneuse de Clermont-Ferrand, même pas habituée au monde de la tech, qui emporte le morceau !

Audrey Pouchol se souvient : 

 

« Comme souvent, c’est une question de rencontre. Quand je me suis lancée dans l’entrepreneuriat en 2017, je n’avais pas les codes. J’étais salariée, j’évoluais dans un monde de fonctionnaires… Alors, je n’ai cessé de me former, de monter en compétences, de rencontrer du monde. »

Dont Nicole Barbin, des Femmes leaders mondiales. Et c’est à une soirée du réseau qu’elle rencontre le PDG de Braincube. « Ce qui l’a séduit, c’est que je sois justement issue d’un autre milieu, que je prenne, dès le début, en compte que je n’allais pas m'adresser à des commerciaux… Bref, que je ne sois pas la consultante typique. »

Monter en compétences

« J’avoue qu’il m’a fallu monter en compétences côté tech » rigole-t-elle. Mais « c’était irrefusable ». Ses yeux pétillent. Elle recadre : « L’objectif, c’est bien l’amélioration de la performance de l’entreprise. »

Et, « chez nous, les résultats se sont vus dans les six mois », témoigne Émilien Delqueux. Comment ? « Nous n’avons perdu aucun client et il n’y avait aucun commentaire négatif sur le relationnel de nos clients avec nos ingénieurs. »

Mieux. Au bout de deux ans, « les ingénieurs se mettent, eux aussi, à ramener des clients, convaincus et satisfaits ».

Une culture d'entreprise

De quoi poursuivre et former dans tous les métiers de la boîte. « Ce n’est plus un changement de culture, c’est devenu une culture d’entreprise, on a aujourd’hui la capacité de mixer les équipes. » Une métamorphose !

Résultat de l’exigeante et perfectionniste Audrey Pouchol. Portée, dit-elle, par « des valeurs d’honnêteté, de sincérité où le client n’est pas une proie à plumer, comme j’ai pu l’entendre ».

Elle avoue, « c’était difficile de créer Business & You, mais je ne reviendrai pas en arrière. Même si je doute, même si je passe mon temps à me former pour être certaine d’être à la hauteur, pour me rassurer. Je suis libre ! » Parole de mentor.

1999-2017

Salariée dans trois postes différents : institutionnel, petite entreprise et grand groupe.

2017

À la suite d’un épuisement professionnel, elle quitte son poste de salariée depuis douze ans dans une entreprise d’événementiel.

2017

Pour prendre le temps de se reconstruire, elle fait des « missions » dans des entreprises pour transmettre son savoir en relation client, son cœur de métier, sa passion. Et aider à la prospection et la fidélisation de clients. Elle crée son entreprise Business & You. Elle accompagne Vulcania ou Le Journal de l’éco…

2019

En plein doute sur la suite, elle rencontre Guy Roche, le président d’Abry Immobilier. Il lui demande de faire monter en compétences ses équipes de jeunes vendeurs. C’est le début du mentoring.

Septembre 2020

Rencontre avec Laurent Laporte, PDG de Braincube (lire ci-dessus).

2023

Elle accompagne d’autres entreprises de la tech comme Greenfish ou Pubstack mais aussi une clinique ou Picture. Elle donne des conférences et des cours. Son chiffre d’affaires avoisine les 125.000 euros.

2024

Elle veut développer son programme de formation et de mentorat « Pep’s ton Business », adapté aux solo-preneurs et aux petites entreprises qui cherchent à améliorer leur démarche commerciale.

Cécile BergougnouxPhotos Franck Boileau