Les Petites cités de caractère affirment leur marque dans le Puy-de-Dôme
Elles sont treize dans le Puy-de-Dôme, treize « petites cités de caractère » sur 467 communes. Des communes au patrimoine bâti remarquable, mais pas seulement. La marque Petites cités de Caractère (PCC) exige d’elles d’avoir la volonté de ne pas être qu’un beau décor pour les touristes, de cultiver leur singularité et de faire de leurs atouts, des outils de développement du territoire.
S'engager dans une dynamique de restauration et d'animationLa commune de Châteldon est l’une des premières, à avoir eu les honneurs de la marque. C’était en 2014. Tony Bernard était déjà maire et dix ans après, il n’y voit que du positif.
Châteldon
Petite cité, ça veut souvent dire peu de moyens?; de caractère, beaucoup de dépenses, sourit l’élu. Rejoindre ce réseau des Petites cités de caractère (PCC) nous a permis de valoriser ce qui est déjà beau chez nous.
« Et comme on est aussi dans le Parc Naturel Régional, on peut dire qu’on collectionne les cartes postales. Ça crédibilise ceux qui ont une démarche touristique et investissent dans leurs gîtes. Ça engage la commune dans une certaine dynamique de restauration et d’animation qui profite à tous et attire de nouveaux habitants. Sans les PCC, nous n’aurions peut-être pas fait certains investissements, même si rien ne nous est imposé et que nous ne négligeons pas les investissements structurants comme la rénovation de notre groupe scolaire. »
Mettre de l'ordre dans les prioritésTony Bernard apprécie tout particulièrement d’être « partie intégrante d’un réseau, une famille qui essaye d’avoir une vision homogène et donne des outils, un discours de la méthode pour savoir où mettre les priorités ».
La salle polyvalente de la Petite cité de caractère de Châteldon.
À Châteldon, la salle polyvalente construite en 1992 a depuis été recouverte d’un bardage en bois plus en accord avec son statut de bourg médiéval. Une tour, vestige des anciens remparts de la cité, a été réhabilitée à la faveur de la rénovation d’un immeuble de logements sociaux auquel elle est accolée. La commune a revitalisé les cellules commerciales vacantes et a planté 800 arbres. Prochainement, c’est la signalétique « défaillante », de ses lieux remarquables, qui sera refaite grâce aux “ateliers révélations” mis en place par la marque PCC.
On nous a accompagnés pour faire un pas de côté en se mettant à la place des visiteurs et en réfléchissant à ce qu’on avait envie de leur faire découvrir. On va améliorer les choses en restant frugal, signaler sans trop en faire.
La commune a aussi travaillé sur le stationnement avec l’élaboration de son plan guide. Enfin, être une PCC, n’implique pas de nouvelles contraintes pour les habitants « qui devaient déjà tenir compte des préconisations de l’Architecte des bâtiments de France » au regard de tous les bâtiments inscrits à l’inventaire des monuments historiques que compte la commune. Et qui vaut à la commune son titre de PCC.
S'inscrire dans le temps longAvec son château classé aux monuments historiques, son porche médiéval inscrit aux MH, ses restes de remparts et deux manoirs du XIVe siècle, Montaigut-le-Blanc est homologable PCC depuis 2021 et espère bien accrocher le panneau des Petites cités de caractère à ses entrées de bourg en 2025.
Montaigut-le-Blanc, photo Thierry Lindauer
Décrocher cette marque est un des objectifs de mon mandat. Je le vois comme une reconnaissance de la beauté de notre village et du plaisir d’y vivre et comme un moyen d’avancer.
« Cette candidature, c’est d’abord pour les habitants et leur qualité de vie et ça incitera les élus à être plus attentifs aux aménagements futurs. La valorisation d’un patrimoine, c’est un travail au long cours. On s’inscrit dans le temps long », explique son maire.
Si au départ, Julien Guillaume a « moyennement vécu » le fait que Montaigut-le-Blanc ne soit pas homologué d’entrée de jeu, il le voit « comme une chance » depuis.
On est pleinement intégrés au réseau, mais ça nous a poussés à nous bouger davantage et plus vite ce qu’on devait améliorer et comment le faire.
La commune est en effet composée d’un village ancien sur une butte, et d’un village plus récent dont il fallait embellir la traversée.
La traversée de Montaigut-le-Blanc sera requalifiée dans les prochains mois.
« On a pensé au stationnement à l’entrée du village ancien qui profite aux touristes en journée et aux habitants le soir et les travaux de la traversée de village qui vont commencer prochainement sont subventionnés à 37 % par la Région via son plan Villages remarquables (voir ci-dessous) soit la coquette somme de 280.000 € » résume le maire.
En trois ans, Julien Guillaume, désormais vice-président de l’association départementale des PCC et membre du conseil d’administration régional, a aussi pu apprécier « la montée en puissance et de la notoriété de la marque PCC ».
La force d'un réseauLa force du réseau, c’est aussi ce qui pousse la commune de Sauxillanges « éternelle redoublante » à l’homologation, à maintenir sa candidature. « C’est mon prédécesseur qui a introduit la candidature en 2014 et nous la maintenons depuis et j’ai bon espoir d’y parvenir un jour », explique Vincent Challet.
Si la commune a un potentiel reconnu par l’association des PCC, avec son riche passé clunisien et son patrimoine lié au bief, une vie associative et artisanale dynamique, elle souffre de capacités d’investissement limitées, ce qui freine les actions de valorisation qu’elle souhaiterait entreprendre.
« On essaye d’embellir en ravalant les façades et en purgeant les verrues, mais la conjoncture postCovid a freiné notre élan », précise l’élu. En tant que candidate à la marque PCC, Sauxillanges a néanmoins pu bénéficier du Plan Villages remarquables de la Région avec des subventions pour la rénovation d’une fontaine et d’un lavoir et la valorisation d’un parcours clunisien.
Être dans un réseau est toujours gratifiant, car on apprend toujours de l’expérience des autres communes
Et, bonne nouvelle, le club reste ouvert à de nouvelles candidatures?!
(*) Il existe aussi le label « Plus beaux villages de France » qui distingue deux villages dans le Puy-de-Dôme : Usson depuis 1982 et Montpeyroux depuis 1989.
Champeix est l'une des 13 Petites cités de caractère du Puy-de-Dôme.
La Région soutient les Villages remarquables
Dans le cadre de la valorisation de son patrimoine et de ses territoires, la Région Auvergne Rhône-Alpes a renouvelé son soutien aux Villages remarquables : 25 Plus beaux villages de France et 43 Petites cités de caractère en votant un plan doté de 15 millions d’euros pour 2023-2025.
Son plan « Villages remarquables » est ouvert aux communes labellisées. « Plus Beaux Villages de France » (parmi lesquels Usson et Montpeyroux dans le Puy-de-Dôme) ou « Petites Cités de Caractère » (11 communes homologuées dans le département), mais aussi aux communes de moins de 3 000 habitants ayant engagé une démarche pour obtenir l’une de ces deux marques (Montaigut-le-Blanc et Sauxillanges dans le Puy-de-Dôme).
Ce dispositif permet de financer des opérations de valorisation du patrimoine, de rénovation des équipements ou encore de développement des infrastructures touristiques de ses communes.
Le plan 2018-2022 avait permis de financer 113 opérations pour un montant total de 14,5 millions d’euros, (dont en 2022, 74.020 € pour la création d’un parking en entrée de ville à Vic-le-Comte?; 83.428 € pour l’aménagement d’espaces publics au Broc?; 34.083 € pour la restauration de murs et murets anciens à Usson (Plus beaux villages de France)). En 2023, la Petite cité de caractère de Besse a obtenu 146.250 € pour la réfection de la façade arrière de sa micro-crèche afin d’améliorer la perspective du centre historique à l’entrée de Bourg?; Chauriat, 84.405 € pour l’aménagement de l’espace Ralph Stackpole, et la création d’un circuit des fontaines et des puits?; Le Broc, 58.026 € pour la réhabilitation d’une maison rue des Forges?; Usson (Plus beaux villages de France), 37.676 € pour l’aménagement du jardin de l’église Saint-Maurice et du parking visiteurs.
Géraldine Messina