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Октябрь
2024

Radio Margeride menacée par le projet de loi Finances 2025

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Implantée en Lozère, dans la commune des Termes, depuis 40 ans, Radio Margeride émet, 24 heures sur 24, tous les jours de la semaine, sur tout le département, mais aussi le Cantal, l’Aveyron, une partie de l’Ardèche et de la Haute-Loire. À sa tête, Nadine Teissedre, présidente de l’association qui gère la structure, Nathalie Maury, son unique salariée, et depuis quatre mois Astrid, en service civique. Sans oublier les nombreux bénévoles qui gravitent autour de la structure et qui font vivre l’antenne. Son credo : le patrimoine culturel régional, à travers des émissions en direct, tous les matins, 4 heures par jour, et en automatique le reste de la journée et de la nuit.

On est avant tout un outil d’inclusion sociale et culturelle, un vecteur de cohésion, un pilier essentiel de notre démocratie, un lien social de proximité.

Baisse drastique et inédite

Soutenue depuis ses premiers jours par l’État au titre du Fonds de soutien à l’expression radiophonique qui lui alloue une subvention d’environ 45.000 € chaque année, sur son budget annuel de près de 50.000 €, Radio Margeride tient le coup. « On s’est toujours battus pour avoir un budget équilibré », déclare Nadine Teissedre qui rappelle toutefois que le confinement a fortement ébranlé la structure, entraînant le licenciement de deux salariés. Si elle avoue aujourd’hui « s’en être relevée », « et avoir les reins solides car ça fait 40 ans qu’on existe », le projet de loi de finances 2025 du gouvernement Barnier pourrait bien remettre en cause la pérennité du média associatif.

Notre FSER serait réduit de 15.000 € par an, c’est énorme. Ça va impacter l’emploi, car si le budget est à la baisse, tout va être à la baisse. Comment fonctionnerons-nous alors ? Sans salarié ? Qu’avec des bénévoles ? En ne faisant plus de direct ?

Et comment financer les frais inhérents aux reportages sur le terrain ? « Nous, on va tout le temps à la rencontre des acteurs du territoire, dans les écoles, les collèges, les lycées, les Ehpad… La radio, elle sort. On pourra plus faire tout ça… ». « En plus, ajoute-t-elle, on avait un projet de construction pour partir d’ici, car on n’est pas chez nous, on a acheté le terrain, mais c’est tout stoppé et remis en cause. »

À ces nombreuses interrogations, s’ajoute de l’incompréhension : « Pourquoi veulent-ils la mort des radios associatives ? ». Depuis l’annonce, tombée comme un couperet, « c’est un coup de couteau, on ne s’y attendait pas du tout, on est tombés des nues », confie-t-elle, insistant sur le caractère inédit de cette décision car jamais le FSER n’a été revu et corrigé depuis sa création en 1982, « c’est le branle-bas de combat au niveau de la Fédération des radios associatives d’Occitanie, dont nous faisons partie et des syndicats ».

Si Radio Margeride s’inscrit donc dans une démarche collective de protestation contre cette coupe budgétaire, à l’échelle régionale et nationale, elle a toutefois lancé un appel à tous ses auditeurs et défenseurs du territoire, via ses réseaux sociaux et adressé un courrier aux parlementaires des régions Occitanie et Auvergne-Rhône-Alpes. Et également reçu de nombreux courriers de soutien, « de la part d’auditeurs surtout et de quelques élus », dit-elle. Déterminées et mobilisées, Nadine Teissedre et son équipe affirment « ne rien vouloir lâcher. On ne va pas rendre l’antenne quand même ! » 

Les syndicats montent au créneau

Suite à l’annonce du gouvernement, l’association « Les locales », le syndicat national des radios libres et la confédération nationale des radios associatives réagissent. « Malgré un budget de la culture maintenu, le Fonds de soutien à l’expression radiophonique subit une coupe drastique de 35%. Sur les 12 millions d’euros d'économies demandées, 10,4 millions seront entièrement supportés par les radios locales associatives, qui ne représentent que 4% de l’enveloppe budgétaire globale dédiée à la mission Médias, livres et industries culturelles », expliquent-ils dans un communiqué. « Les radios associatives ne doivent pas porter le poids des économies imposées à la direction générale des médias et des industries culturelles (DGMIC) ». Ils demandent au gouvernement « de revoir sa position et rétablir un soutien digne de l’importance des radios associatives pour notre société ». Car, selon eux, cette coupe budgétaire, qui « touche de plein fouet un secteur vital pour l’expression démocratique et culturelle de notre pays », aura, « un impact direct sur l’emploi, alors même que nous sommes le deuxième employeur du secteur radiophonique ». 

Isabelle Barnérias