"J’accumule les témoignages de gens qui n’en peuvent plus", alerte Cédric, l'éleveur du Cantal aux 36.300 abonnés
Cédric Viallemonteil pose son portable, ouvre la clôture de l’un de ses prés et s’approche vers ses vaches de race aubrac. « Les éleveurs ovins sont complètement oubliés », confirme l’agriculteur de Sourniac, plus connu sous le nom d’@agric15 sur le réseau social X, anciennement Twitter, où il compte 36.200 abonnés. Influent, il n’a pas hésité à faire une vidéo pour appeler à « sauver les moutonniers français ».
La solidarité entre éleveurs, c’est tout ce qui lui importe. « Eux, avec la FCO-8, ils ont des pertes terribles à 20 ou 30 % de leur cheptel, déplore-t-il. La ministre a annoncé que l’État indemnisait, mais sur la FCO-3. Donc les éleveurs comme Fabien Serre, ils ont encore que dalle. Et ça, c’est un scandale ! »
L'hiver passé, le compte n'y est pasConnu pour son franc-parler, il dit les choses… quitte à se « faire taper sur les doigts » ensuite. « Il n’y a pas que l’État à sermonner, il y a notre profession aussi. Dans le Cantal, on a un GDS avec une caisse de secours. On a un FMSE avec une caisse de secours. Tout ça, c’est géré par des agriculteurs. Alors si nous, on n’est pas foutus de les aider… »
Lors de la mobilisation de l’hiver, Cédric Viallemonteil était allé à deux reprises sur le barrage de l’autoroute A75, à Saint-Flour. Avec le recul, il garde un souvenir amer de cette période.
« Une fois les tracteurs arrivés à Paris, on ne parlait plus que des céréaliers et de leurs problèmes de produits. Nous, les éleveurs, sommes passés à la trappe. Les céréaliers ont monopolisé l’attention. »
Pour lui, le compte n’y est pas. « Des promesses, des promesses », mais « rien du tout » sur le terrain. « Les actions de l’hiver ont fait beaucoup de mal. Comme les gars ont vu qu’on se couchait et qu’on n’avait rien, maintenant, il va falloir trouver une solution pour les ressortir, pour les motiver, car beaucoup d’agriculteurs n’y croient plus. »
Le Mercosur « nous pend au nez »Cependant, la menace d’un accord de libre-échange entre l’Europe et le Mercosur plane. « Ça nous pend au nez, redoute Cédric Viallemonteil. Ça fait vingt-cinq ans qu’on en parle mais on sent que cela se précise vraiment, que la France est isolée sur sa position, que les autres États poussent pour faire davantage de commerce. D’ailleurs, ils savent que ça va nous faire encore plus de mal, donc ils proposent de mettre à nouveau des aides en place. On n’en veut pas de ces aides ! »
Photo Jérémie Fulleringer.
Au milieu des 120 vaches allaitantes et des 175 hectares du Gaec familial, l’éleveur bovin de Sourniac flaire cette rogne. « La colère ? Je la sens et on me la partage tous les jours. J’ai des agriculteurs de toute la France et de toutes les filières qui m’appellent pour dénoncer leur problème, pousser un coup de gueule. J’accumule beaucoup de témoignages de gens qui n’en peuvent plus. »
Romain Blanc
Follow @rmnblanc