La bière, pourquoi cet alcool bouscule les codes et les saveurs
Des bières, vous connaissiez certainement la brune, l’ambrée et la blonde. Certainement aussi la blanche, l’IPA ou encore la triple. Depuis l’essor en France des brasseries artisanales, le fameux breuvage ne peut plus seulement se résumer à ces quelques saveurs.
Il faut se démarquer« Rien qu’en Corrèze, nous sommes une trentaine de brasseurs. Il faut se démarquer. On voit aussi que les gens deviennent de vrais amateurs. Comme pour le cépage dans le vin, on cherche la bière houblonnée », explique Stéphane Habran, de la brasserie HV, à Saint-Germain-les-Vergnes. Au festival Bière à Brive, il a présenté, hier, une stout au rhum de Martinique, ainsi qu’une bière saveur framboise, pêche et hibiscus. « Il faut aussi s’amuser et sortir de son train-train quotidien », insiste le brasseur corrézien."Les consommateurs aiment les nouveautés", assure Alex de Brunack.
Sarrasin, fruits rouges, agrumes, whisky, gingembre, café, la boisson houblonnée est maintenant associée à de nombreux arômes. « Les consommateurs aiment les nouveautés. Ils veulent découvrir de nouvelles saveurs, pas seulement la bière pure et dure. Faire de la bière, c’est aussi le même plaisir que la cuisine. Une ne fait pas toujours des patates et du riz », explique Alex, de la brasserie Brunack, de Confolens, qui a présenté la Mariposa, une bière à la liqueur de vodka, mangue, papaye et citron vert.Sur le stand d’à côté, Naomi, de la brasserie Luma, pensait déjà à sa future bière de Noël, à la cannelle et au clou de girofle. Cette multitude de saveurs marque-t-elle pour autant la fin de la bière classique ?
La bière au goût de la pizzaPour David Lorho, de la brasserie Lorc’h, rien n’est moins sûr. « Les bières pimpées, on en revient aussi. Il y a le brasseur classique et le brasseur “geek” qui va faire des choses un peu folles. La bière goût pizza, c’est marrant, mais est-ce qu’on va avoir envie d’en boire une pinte ? », s’interroge ce brasseur de la région nantaise. Pour lui, la blonde, la blanche et l’ambrée restent des valeurs sûres. Mais il ne s’interdit pas un peu de folie sur des bières éphémères. La dernière en date s’appelle « Terre Brûlée ».Pour David Lorho "Il y a le brasseur classique et le brasseur “geek” « J’ai travaillé avec l’association Alternatiba, qui voulait une bière au goût du réchauffement climatique. Alors, on a pensé à une bière avec un goût fumé végétal, à l’instar de la bière allemande », explique-t-il. Un joli coup marketing pour que le breuvage, à consommer avec modération, serve aussi à élever les consciences.
Pierre Vignaud