Dans le Limousin, cette association aide les agriculteurs en grande difficulté

Reconnue d’utilité publique, l’association Solidarité Paysans Limousin aide depuis de nombreuses années les exploitants agricoles arrivés au bord de la faillite pour diverses raisons. « Soit ce sont directement les agriculteurs qui nous contactent soit un membre de leur famille, présente Michel Fourches, administrateur et trésorier de l’association. Mais parfois les situations sont compliquées à déceler, convient-il. L’agriculture est un monde de taiseux. Ce n’est pas marqué sur la porte de la grange que ça ne va pas. Mais quand on voit qu’il y a beaucoup de courriers qui s’entassent sur une table, c’est qu’on sait que ça va mal. »

Les cinq salariés de l’association interviennent sur les trois départements du Limousin pour régler des situations économiques problématiques de personnes ayant accumulé les dettes jusqu’à un point de non-retour. « Ca peut aller très vite dans certains cas, explique Michel Fourches. Alors, on peut devenir créancier de l’exploitant par exemple. On négocie avec les banques. On essaye de concilier à l'amiable quand on le peut. »

220 exploitations aidées en 2023

Durant l’année 2023, l’association a aidé 220 exploitations en Limousin ce qui représente environ 300 familles. Près de 85 % ont pu être maintenues tandis que 15 % d’entre elles ont dû être placées en liquidation judiciaire. « La liquidation n’est pas forcément un désaveu. Ca permet souvent à certains de rebondir », argue le salarié de Solidarité Paysans Limousin. A la fin de l’année en 2024, l’association devrait avoir aidé autant d’exploitants en grandes difficultés. Cela, car les difficultés, aussi diverses soient-elles, ne cessent d’exister selon elle. « Depuis 2005, on est plus connu donc on a forcément plus de dossiers mais les difficultés sont toujours bien présentes dans l’agriculture », expose Michel Fourches. 

Dans un contexte économique et climatique qui ne cesse de contraindre les agriculteurs à puiser dans leurs ressources, les facteurs pouvant amener à une faillite sont nombreux. « On a beaucoup de Gaec dans lesquels ça se passe mal, détaille le salarié. Quand il y a un divorce ou une rupture, ça devient très compliqué. » Les difficultés de transmission d’une exploitation entre des parents et leurs enfants sont également à l’origine de conflits. « Il y a de plus en plus de jeunes qui n’y arrivent pas à cause d’installations qui ont mal été préparées », constate Michel Fourches. Le manque de main-d’œuvre est aussi l’une des causes récurrentes. « Aujourd’hui, dans une ferme, il vaut mieux ne pas être malade », déplore-t-il. Autant de facteurs pour autant de situations variées qui poussent l’association Solidarité Paysans Limousin à poursuivre son action malgré ses grosses craintes quant à  son avenir à cause des baisses de subventions. « Ca va être très compliqué. » 

 

Vincent Faure